Chapitre 4 (1/5) : La capture de drapeau de la classe 1A
Caché sous les arbres d’une immense forêt, des explosions de lumière témoignent la fin d’un important affrontement entre des élèves de la classe A et la B. Dans la base en ruine du second groupe se trouvent cinq élèves. D’une balle de révolver, un grand adolescent à lunette achève son adversaire immobilisé par un fouet de métal en fusion.
- C’était le dernier, Dylan ? demande un garçon aux cheveux châtains.
Son interlocuteur se redresse visiblement surpris. Il range ses deux révolvers, redresse ses lunettes et arbore un sourire confiant.
- Oh ! Charlie, Mathieu ! Vous avez aussi terminé ?
Ébahis par la puissance du mage de fer en fusion, les deux garçons restent sans voix. Leur nouvel ami a vaincu à lui tout seul pas moins de cinq élèves tandis qu’eux ont éprouvé une certaine difficulté à n’en battre que deux. Ils se réjouissent de l’avoir pour allié.
Deux semi-humains viennent rejoindre le groupe, un semi-poisson rouge et une semi-tigresse des neiges. La queue agitée de cette dernière montre de l’agacement.
- Arg… Léon ! C’est ta faute ! Regarde ! On est les derniers ! C’est fou ! Tes sorts sont aussi efficaces qu’une piqûre de moustique !
- Pa-pardon… C’est parce que…
Soudain, une lumière accompagnée d’une puissante onde de choc déstabilise le groupe. Ils se mettent automatiquement sur leur garde, mais se relâchent très vite en constatant qu’il s’agit des résidus d’un affrontement lointain.
- Wouah… Je me demande qui peut relâcher une énergie pareille ! lâche Mathieu, subjugué.
Charlie remarque très vite que l’onde apporte des traces d’une magie qui lui est familière, celle de Nicolas. Cependant, l’adolescent remet en cause ce que lui dicte son intuition. Connaissant son ami d’enfance qui cherche avant tout à cacher sa nature de semi-élémentaire, il est peu probable que ce dernier libère une quantité aussi faramineuse d’énergie pour une simple activité scolaire.
Le drapeau de la classe B en main, Dylan, qui fait dorénavant office de chef, propose de retourner à leur base. Charlie entame le pas, songeur. Sur le chemin du retour, Rachel ne lâche pas l’affaire sur la médiocrité des offensives de Léon. Ses remarques désobligeantes et remplies de colère ont raison du garçon qui se met à pleurer à chaudes larmes. Le groupe s’arrête de marcher. Dylan se met à crier sur son amie d’enfance. Ses oreilles de tigre se recroquevillent et ses yeux bleus perçants se troublent. L’adolescente s’en veut énormément, mais ne sait pas comment réagir. Mathieu et Charlie essaient de consoler le semi-poisson rouge. Ce dernier tente de parler, mais ce qu’il dit est incompréhensible.
- Excuse-toi idiote ! crie le chef du groupe.
- Je… je suis désolée… marmonne-t-elle, pleine de culpabilité.
- Je… Je sais que je suis nul ! braille le jeune garçon.
- Ne dis pas ça… Tu n’es pas nul Léon, répond Mathieu.
- Non… c’est vrai… Je-j’ai un trouble du développement de l’attaque.
Le problème dont souffre son camarade fait que son mana ne peut pas augmenter la puissance de ses sorts, les rendant donc presque inoffensifs. La jeune fille, très franche, a tendance à ne pas mâcher ses mots. Cette vilaine habitude lui retourne en plein visage. C’est comme si elle venait de se moquer qu’une personne en fauteuil roulant ne peut pas marcher. Rachel se sent horrible et affiche une tête d’enterrement. Elle s’excuse encore et encore au point que ses yeux se gorgent d'eaux. Léon en voyant la sincérité de sa camarade se calme et sèche ses larmes.
- Ça va. Ce n’est rien. Après tout, tu ne pouvais pas le savoir…
- Tu me pardonnes ?
- Oui…
L’adolescente, rassurée, s’empresse d’enlacer son ami. Léon, mal à l’aise, se raidit avant, d’un air hésitant, étreindre, à son tour, sa camarade. Les trois autres garçons regardent la scène avec des sourires satisfaits. Cependant, le visage calme de Charlie affiche de la préoccupation.
- Les gars, une fois à la base, j’aurais quelque chose à vous dire moi aussi.
***
Dylan pose le drapeau sur le piédestal au centre de leur base. À ce moment précis, une musique semblable à celle d’une fin de niveau d’un jeu vidéo retentit dans les ruines. Les derniers survivants de la classe B se font automatiquement éjecter de la carte. Après quelques acclamations, les nouveaux amis de Charlie ont les oreilles grandes ouvertes. Le garçon hésite à parler, visiblement embarrassé.
- Euh… Je voulais vous dire quelque chose d’important à mon sujet, sur ma magie, commence-t-il en détournant le regard. J’ai oublié de vous dire que je suis un saint affilié à la déesse Pix.
- Quoi ?! T’es un saint ?! Trop cool !
- Pix ? Jamais entendu parlé. Elle est de quel panthéon ?
- C’est super, Charlo ! T’es un saint depuis quand ?
- Pourquoi tu nous l’as caché ?
Voyant que la nouvelle fait ni chaud ni froid à ses camarades, l’adolescent se sent tout de suite plus rassuré.
- Je… J’avais peur que parmi vous il y ait des croyants qui détestent le panthéon des fées…
- Ha, c’est une déesse fée ! C’est pour ça qu’elle ne nous disait rien ! dit Rachel enjouée.
Malgré que ses amis soient décomplexés à propos de la religion, le jeune saint se réserve de sourire pour autant.
- C’est aussi pour une autre raison que je ne vous en ai pas parlé… Mat, tu m’as demandé depuis quand je suis un saint… Je le suis depuis toujours…
- Oh…
Un silence pesant s’empare du groupe. Être un saint depuis sa naissance n’a rien d’une réjouissance. Tous les nouveaux amis de Charlie le savent. Quelqu’un peut devenir affilié à un dieu seulement de trois manières. En réussissant l’épreuve d’une divinité comme un donjon. Par l’héritage, cependant cela n’arrive jamais dès la naissance. Ou alors, une déité a parfois pitié du destin d’une âme agonisante et décide de la sauver en lui donnant une seconde chance. Les adolescents comprennent automatiquement qu’il est impossible pour un nouveau-né de réaliser la première et seconde option. .
- Tu es donc un miraculé, lâche, d’une voix cinglante, Dylan.
- Hm… Sans la déesse Pix, ma mère et moi serions morts le jour de ma naissance…
Avouer être un miraculé est loin d’être évident. Beaucoup de personnes ayant perdu des êtres chers nourrissent une haine envers eux. Ils se demandent : pourquoi eux et pas ma mère, ma soeur, mon père ou mon frère ? Pourquoi cette âme a-t-elle eu le droit à une seconde chance et pas mon bien-aimé ? Ce genre de question a rarement des explications rationnelles. Cela s’explique tout simplement par le simple bon vouloir des déités. C’est pourquoi ses quatre nouveaux amis le remercient de s’être confié.
Annotations
Versions