Chapitre 5 (1/3) : Une journée mouvementée

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Au début de la première semaine de septembre, Nicolas et sa mère se trouvent dans une pièce entièrement blanche. Le jeune garçon, assis sur une table d’examen, a retiré son chandail et se fait ausculter par une vieille dame dans la cinquantaine. Elle appuie le stéthoscope sur son dos puis sa poitrine avant de se mettre à marmonner d’un air mécontent.

« Je vais devoir faire d’autres tests. »

Christine, apeurée, a les yeux rivés sur son garçon. La médecin généraliste enfile autour du bras de Nicolas un appareil semblable à un tensiomètre. Après quelques réglages, la machine infuse dans le bras du garçon une quantité de mana allant en augmentant. Au bout de quelques secondes, des étincelles magiques émergent de son membre qui devient engourdi.

« Hmmm, il fait facilement des surcharges… », marmonne-t-elle.

À ses mots, la mère de l’adolescent inspire soucieusement.

  • Est-ce que mon fils est correct, docteure ?
  • Tu vas pouvoir remettre ton chandail Nicolas, dit la médecin en retournant à son bureau.

La quinquagénaire commence à taper frénétiquement sur son clavier. L’adolescent en profite pour s’asseoir à côté de sa mère.

  • Docteure… Est-ce qu’il va bien ? redemande-t-elle, plus anxieuse qu’auparavant.

Les tapotements de clavier se taisent.

  • Malheureusement, les résultats des tests et la photo que vous a transmise sa professeure sont sans équivoque… J’ai le regret de vous dire que la première transformation en golem de votre fils est pour très bientôt.
  • Non… ça ne peut pas être vrai, répond-elle, ses yeux orangés se gorgeant d’eaux.

Complètement dépassé par la nouvelle, Nicolas, quant à lui, reste figé. Tout comme sa mère, il n’accepte pas ce qu’il vient d’entendre.

  • Malheureusement, l’apparition de ses veines élémentaires, son âge, sa respiration anormale et sa sensibilité à faire des surcharges ne mentent pas. Je sais qu’il s’agit d’une chose dure à entendre, mais il faut comprendre que c’est seulement les premières transformations qui sont dangereuses. Ça le sera beaucoup moins une fois qu’il sera capable de se contrôler, répond la docteure, compatissante.
  • Il… Il y parviendra vite. Nico est intelligent. Il y arrivera vite, dit Christine.

L’adolescent, recroquevillé sur lui-même, mord sa lèvre inférieure, dépité.

  • Maintenant… la chose qu’il faudrait faire… si vous êtes d’accord… serait de poser un sceau magique sur Nicolas, propose-t-elle, mal à l’aise.

À ses mots, l’intéressé relève la tête, complètement choqué.

  • Pour quoi faire ? demande sa mère.
  • Le sceau va retenir sa magie. C’est avant tout pour éviter que sa transformation se fasse de manière trop brusque. Il risque d’être à l’école quand cela va arriver. Ça va permettre à ses enseignants d’avoir le temps de réagir et ainsi éviter le pire.
  • On accepte ! Si cela permet d’éviter que quelqu’un soit blessé, on accepte !
  • Je refuse, s’oppose catégoriquement Nicolas, mécontent. Ce n’est pas vrai que l’on va me mettre un sceau. Vous agissez comme si j’étais un criminel. C’est à eux qu’on scelle la magie… Moi, je suis juste un ado…

Les deux femmes sont complètement abasourdies de voir le jeune garçon, normalement si calme, exprimer de la colère.

  • B-bien sûr que tu n’es pas un criminel Nicolas, mais il faut que tu penses à ton entourage. Refuser de mettre ce sceau revient à les mettre en danger, balbutie la docteure.
  • Vous le dites comme si ça allait forcément arriver, comme si j’étais dangereux…
  • Nico… ce n’est pas ce qu’on dit. On pense juste à te protéger, répond sa mère, compatissante, en lui agrippant doucement le bras.
  • Me protéger… me protéger de qui ? De moi ou de ce que je pourrais devenir ? C’est plutôt vous qui voulez vous protéger de moi ! Vous savez quoi ? C’est une perte de temps… Être ici me fais prendre du retard à l’école ! râle Nicolas en repoussant les mains de sa maternelle.

Il quitte la pièce en marmonnant dans sa barbe, de mauvaise humeur, en ignorant sa mère qui tente de le retenir. Une fois sorti de la clinique, l’adolescent s’enveloppe d’un nuage le rendant invisible et s’envole en direction de Saint-George-du-Bouclier.

« Je ne suis pas un monstre… pense-t-il en serrant les dents. »

***

Nicolas, atterris non loin de l’école et regarde sa montre qui, tout au long du trajet, n’a pas arrêté de vibrer. Ces vibrations l’irritent davantage, car cela signifie que sa mère l’a géolocalisé.

Une fois dans les corridors de l’académie, proche de la cafétéria, un attroupement d’élèves de première année et la voix visiblement mécontente d’Alice attirent son attention. Sa camarade s’oppose à Louis, car il n’arrête pas de se vanter de son exploit pendant la capture de drapeau.

  • Tu manques vraiment pas d’air de t’être attribué tout le mérite !
  • Hmmm ? De quoi tu parles, la papillon ? C’est bien moi seul qui a apporté le drapeau de la classe E à notre base, dit-il en se replaçant scrupuleusement ses cheveux blonds.
  • Menteur, c’est Nicolas et moi qui nous sommes battus pour l’obtenir ce drapeau.
  • Haaa oui ! Pauvre Nicolas… il était si proche d’arriver à notre base, mais l’épuisement l’a emporté. Avant d’être éjecté, il m’a dit : « Louis… heureusement que tu es là. S’il te plaît, tu es le seul qui soit capable de sauver notre classe. Emporte le drapeau à ma place. Merci, mon sauveur… »
  • Pfff… C’est n’importe quoi ce que tu dis, gros menteur. Je t’ai vu sur le grand écran pendant la rentrée attaquer en traite Nicolas !

À ses dires, plusieurs élèves commencent à chuchoter entre eux et à regarder, avec un air de dégoût, l’adolescent narcissique. Ce dernier essaie de se rattraper, mais s’enfonce de plus en plus. En entrevoyant Nicolas dans la masse d’élèves, Louis tente le tout pour le tout.

  • Nicooo, mon ami ! Dis-leur que je ne suis pas un menteur ! demande-t-il, le visage crispé.
  • Hein ? Ne m’inclus pas là-dedans, répond-il, gêné, en arborant un air de dégoût.

Le sourire hautain de Louis disparaît. Il aura beau vouloir se rattraper, son image de puissant mage valeureux est devenue celle d’un usurpateur narcissique. Complètement humilié, le blondinet s’enfuit la queue entre les jambes. Le calme retrouvé, Nicolas demande à sa camarade des explications.

« Il y a environ une demi-heure, les profs ont sorti les résultats de la capture de drapeau de la rentrée et le classement des élèves de premières années. Et là, y a l’autre qui a commencé à se vanter d’avoir tout fait. »

L’adolescent remercie sa camarade avant de partir aussitôt à la cafétéria. Les informations sur le tableau ne l’intéressent pas plus que ça.

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