Chapitre 6 (1/3) : Un nouvel ami

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La classe 1G est ensevelie sous les voix d’élèves, dès le matin. Nicolas, malgré le bruit, est affalé sur son bureau. Exténué d’avoir joué presque toute la nuit à Manaless, il essaie de récupérer ses heures de sommeil manquantes. La cloche sonne. La cacophonie se calme progressivement et les adolescents qui ne sont toujours pas assis se dirigent à leur place. Les derniers retardataires sont avertis par l’enseignante d’histoire et le cours peut enfin commencer. Nicolas, malgré sa fatigue, écoute attentivement, car les civilisations antiques l’intéressent spécialement. Malgré qu’il soit du genre à ne pas répondre aux questions de ses enseignants, le jeune garçon lève souvent la main dans ce cours.

« Le dernier cours, nous en avions terminé avec la Mésagrammie. Avant de commencer le module sur la civilisation gifienne, est-ce qu’il y en a parmi vous qui peuvent me dire ce que vous avez retenu de la civilisation mésagrammienne ? »

Nicolas lève énergiquement la main puis son enseignante lui donne la parole.

« La Mésagrammie se trouvait en Entre-Milieu au dixième siècle avant la guerre des dieux. C’est là que l’agriculture est apparue en première grâce aux terres fertiles et à la présence de blés. Les Cités-États avaient tendance à se faire la guerre et c’est à partir de là qu’on a eu des traces de magies militaires », répond-il fièrement.

D’autres élèves lèvent à leur tour la main, mais le jeune adolescent n’y prête pas trop attention, car il est certain de déjà tout savoir. L’enseignante enchaîne ensuite sur la civilisation gifienne. Nicolas reste collé sur sa chaise, complètement absorbé par toutes ces nouvelles connaissances. Plusieurs élèves se plaignent entre eux à la fin de la première période de la lourdeur du cours. Nicolas, au contraire, continue d’en parler avec son enseignante qui finit par mettre fin à la discussion pour éviter d’être en retard à son prochain cours. L’adolescent retourne s’asseoir à sa place en attendant que son cours d’éthique et de culture magique commence. La classe est relativement silencieuse avant d’entendre des ricanements moqueurs de jeunes filles.

  • Il est trop bizarre à toujours parler d’histoire avec la prof.
  • À croire que c’est sa seule amie. Ah ah !
  • C’est clair !

Nicolas fait mine de ne rien avoir entendu en regardant à travers la fenêtre. Il pleut à l’extérieur. Les nuages et le ciel sont gris. L’adolescent affiche un air maussade.

« Je ne vais pas pouvoir voler aujourd’hui… »

La première cloche de la deuxième période sonne. Plusieurs élèves, sortis pour aller flâner dans les couloirs ou à la cafétéria, rentrent en s’exclamant et en riant. L’adolescent, agacé par le bruit, met ses mains sur ses oreilles. La seconde cloche sonne et M. Laplante commence son cours.

« Aujourd’hui, on continue de parler des créatures fantastiques. Je vous rappelle, encore une fois, il existe cinq espèces de créatures fantastiques : les dragons, les licornes, les phénix, les djinns et les golems. Leur particularité c’est qu’ils peuvent se promener entre deux couches de la réalité, la couche matérielle, celle où nous vivons, et la couche spirituelle, celle des esprits. On a déjà parlé des dragons, des licornes et des phénix. Aujourd’hui, on termine avec les djinns et les golems. »

En entendant qu’il va parler des golems, Nicolas détourne son regard visiblement embêté. Il regarde anxieusement sa montre magique pour être sûr que ses nuages ont toujours l’air de cheveux normaux.

« Donc, tout d’abord, les djinns sont des créatures qui se nourrissent du mana et de l’énergie spirituelle de leur hôte pour accroître leur puissance. On a cette image de créature d’énergie humanoïde, mais, en réalité, leur forme change selon l’hôte qu’ils ont possédé. Dépendant de la résistance psychologique de l’hôte, cela peut prendre quelques jours à plusieurs semaines avant que le djinn prenne pleinement le contrôle. L’hôte devient alors ce que l’on appelle un possédé. »

L’enseignant aux habits semblable à ceux d’un explorateur montre à l’aide de photos plusieurs formes que peut avoir la créature fantastique. À chaque photo, les élèves deviennent de plus en plus agités. Pour certains, voir une poule possédée par un djinn de feu est horrible et terrifiant, tandis que pour d’autres, voir un loup recouvert d’une armure grossière de glace est exaltant et impressionnant.

Après avoir parlé une trentaine de minutes des djinns, M. Laplante continue avec les golems. Il pose des questions aux élèves, mais la classe reste silencieuse. Il prend un élève au hasard pour qu’il réponde à sa question. Le semi-golem par crainte d’être choisi évite de croiser les yeux vert clair de son enseignant.

« Nicolas, toi qui es bon en histoire, dis-moi pourquoi on ne voit presque plus de golem de nos jours. »

L’adolescent se tourne en panique vers M. Laplante. La peur le submerge au point que ses iris turquoise commencent à scintiller comme une luciole dans la nuit. L’adulte remarque automatiquement sa bourde.

  • Ah. Euh… Alice répond à la question.

La jeune semi-papillon, prise au dépourvu, lâche, un râlement avant de répondre à la question.

  • À cause de leur carapace très dure et de leur noyau qui donne une puissante magie à celui qui le touche, lâche-t-elle avec assurance et agacement.

À la sonnerie qui annonce le début du dîner, M. Laplante vient s’excuser pour sa grossière erreur. Nicolas le pardonne avant de se diriger vers la sortie, mais le trentenaire inquiet l’arrête.

  • Nicolas, est-ce que tu as des amis ? Je te vois rarement interagir avec tes camarades.
  • Ça va Monsieur. Je vais bien.
  • Tu ne réponds pas à ma question. Je suis le conseiller de Charlie. De ce qu’il m’a dit, vous êtes amis d’enfances ? Tu devrais aller manger avec lui et ses amis.
  • Charlie vous a parlé de moi ? dit Nicolas, surpris.
  • Ou-oui, je l’entends souvent parler de toi à ses amis.

L’adolescent se met à sourire légèrement. Il remercie son enseignant avant de partir candidement en direction de la cafétéria. Le semi-golem a tendance à éviter cette immense salle où plusieurs centaines d’élèves dînent. Les jours de beau temps, il s’envole sur le toit de l’école pour manger, tandis que ceux de mauvais temps, il les passe dans un couloir un peu plus isolé.

« Y’a vraiment beaucoup de bruit », pense Nicolas, embêté.

À l’aide de son mana, l’adolescent tente de trouver son ami enfance parmi la masse d’élèves, mais n’y arrive pas. Il n’a d’autre choix que de s’enfouir dans la cafétéria et espérer le trouver. Malencontreusement, le semi-golem n’est pas du tout à l’aise. Il y a trop de bruits, trop de gens, trop de regards. Nicolas s’apprête à rebrousser chemin, mais une main se pose sur son épaule.

  • Char… Frank ?!
  • Ah ! Je me disais bien que je reconnaissais cette silhouette. Nicolas, viens manger avec moi ! dit-il fièrement.

Malgré lui, le semi-golem se retrouve à dîner en compagnie de l’élève le plus puissant de sa cohorte et d’Anthony, le semi-corbeau qu’il a combattu lors de la simulation. Cela fait déjà quelques minutes que l’adolescent a commencé à manger, mais il ne comprend toujours pas ce qu’il fait ici.

  • Euh… pourquoi tu m’as invité à ta table ?

Frank fait signe du doigt t’attendre. Il mange avec prestance et énergie. Chaque bouchée est énorme et dessine toujours plus sa mâchoire incroyablement carrée pour un enfant de douze ans. Chaque déglutition montre sa pomme d’Adam bien développée. Il s’approche plus de la nourriture qu’il ne l’amène à sa bouche avec ses mains comme s’il s’agit de la première fois qu’il se nourrit depuis des jours. Il se frappe le torse pour faire passer une bouchée qui passe moins bien que les autres et est enfin prêt à parler en s’accotant sur la table.

  • C’est simple. T’es le seul gars de mon âge depuis longtemps qui a réussi à me battre ! Moi, j’aime ça m’entourer de fort !
  • Hein ? Moi… je ne suis pas quelqu’un de fort, répond-il, étonné.

Anthony claque de la langue, agacé.

  • Tu rigoles ? T’as réussi à me battre puis Frank, t’es loin d’être faible ! dit-il stoïquement.
  • Et en plus, t’es dans le top 10 des élèves de notre cohorte.
  • Si vous le dites… lâche Nicolas avec un sourire nerveux.

Une fois que les trois garçons finissent de dîner, ils se dirigent vers l’un des grands gymnases de l’école. Anthony les quitte brièvement pour aller chercher son familier qui l’attend à l’extérieur.

  • Nico, j’aimerais bien t’affronter en duel.
  • Hein !? Maintenant ? répond-il en sursaut.
  • Non ! Pas forcément tout de suite, mais bientôt.
  • Euh… je t'en reparle plus tard.
  • Anthony revient avec un corbeau qui porte un foulard turquoise sur son bras.

Le mage de nuages, complètement ébahi par le volatile, affiche un sourire très expressif qui étonne ses deux camarades lorsqu’il le flatte.

  • Tu aimes vraiment beaucoup les oiseaux, lâche le grand gaillard.
  • Oui ! Comment il s’appelle ?
  • Suie, c’est une fille.

Les garçons passent le reste du dîner à jouer avec Suie. Ils lui lancent chacun leur tour une balle. Nicolas, à plusieurs reprises, se dit qu’il aurait aimé pouvoir voler avec elle et s’amuser dans les airs.

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