Chapitre 9 (2/3) : Un maigre espoir
Au même moment, dans un champ de blé non loin de l’Académie privée Saint-George-du-Bouclier, Charlie cherche des réponses quant à la disparition de son ami d’enfance, cependant il ne trouve rien et se sent inutile. La culpabilité le ronge de l’intérieur.
« Si j’avais été plus présent pour lui. Si je lui avais parlé davantage. Si je m’étais plus soucié de lui… »
Toujours plus d’hypothèses le tourmentent. D’un regard vide, il observe un ciel pourpre sur le point de prendre ses teintes nocturnes violacées. Ses yeux dorés commencent à se gorger d’eaux, mais fidèle à lui-même, il refuse de pleurer. Charlie s’apprête à partir en vélo, mais une voix d’homme l’interpelle. Le garçon ne voit personne avant de lever la tête vers les cieux. Un cinquantenaire vole dans sa direction. Surpris, Charlie perd l'équilibre et tombe de son vélo. L’homme, enveloppé d’une légère énergie beige, s’empresse d’aller voir s'il va bien. En atterrissant, la lueur qui l’entoure disparaît.
- Tout va bien ? demande-t-il en tendant la main.
Le saint de pyrite s’apprête à acquiescer, mais perd ses mots en voyant les cristaux de sel de l’homme. De la déception se dessine sur le visage du semi-golem.
- Un… un semi-golem ?! lâche Charlie, ébahi.
Roger est déconcerté. Lui, qui a l’habitude d’apeurer les autres et d’être haï, est heureux de voir ce sourire d’émerveillement.
- Ça va ? répète-t-il en tendant plus amplement sa main.
- Ou-oui…
Charlie et Roger se présentent et se rendent compte qu’ils sont tous les deux dans ce champ de blé fraîchement coupé pour la même raison. Pour le garçon, c’est une occasion inespérée de se rendre utile. Du haut de ses douze ans, retrouver son ami par lui-même s’avère compliqué. Cependant, ce guerrier semi-golem, lui le pourrait. Charlie en est certain.
Roger inspecte les lieux de longues minutes en affichant un air dubitatif.
- Je crois pas que ça sert à grand-chose ce que vous faites. J’ai cherché pendant un bon trente minutes des indices et j’ai rien trouvé…
- Le guerrier fait signe de la main de se taire. Après un long moment à tergiverser, un air satisfait se dessine sur son visage.
- Je ressens des traces de l’affrontement qui s’est passé ici ce matin. Avec toutes ces magies qui brouillent l’air, ça m’a pris un peu de temps à retrouver sa trace. Les policiers ne plaisantaient pas, ce garçon a un don pour savoir dissimuler sa magie. Il est parti à l’est d’ici vers le centre-ville. Par contre, ça m’avance pas plus… Aussi haut dans le ciel, le peu de mana que ton ami a dû laisser derrière lui a dû être emporté par le vent.
- Le centre-ville… Je sais que Nicolas aime bien son côté vieux… Les fois où j’ai eu le malheur d’y aller avec lui, il n’a pas pu s’empêcher de me parler de l’histoire de la ville et de ses fortifications. C’est comme ce champ. Le nombre de fois qu’il m’a parlé du passé colonial de ce foutu champ, ricane Charlie, d’un air mélancolique.
- Tu crois qu’il se cache en ville ?
- Nicolas ?! Vivre en centre-ville ? Jamais de la vie. Il aime son architecture, mais il déteste les endroits avec trop de monde.
- Il n’est donc pas là, marmonne-t-il en se frottant la tête. Qu’est-ce qu’il y a plus à l’est ? Il y a bien la Citadelle-du-Roi-Soleil et la Cathédrale de la Chute, mais jamais un semi-élémentaire n’irait dans un endroit pareil. Alors, où va-t-il ? Rahhh, retrouver ton ami s’avère compliqué !
Roger lâche un léger ricanement.
« Ton ami me rappelle un peu… »
Il arrête soudainement de parler.
Une piste plausible se dessine dans sa tête. Les indices se mettent bout à bout et lui rappellent un évènement extrêmement similaire. Il aurait préféré ne pas s'en souvenir. Encore aujourd’hui, se remémorer ce garçon aux yeux bleu cristallin lui procure la même sensation qu’un couteau en plein coeur. De l’inquiétude et de l’empressement se dessinent sur son visage. Il craint que la tragédie qui s’est produite il y a douze ans se reproduise. Cela a beau être qu’une hypothèse, c’est la seule piste qu’il a.
- Je crois qu’il veut quitter la ville ! lâche-t-il avant de se propulser dans le ciel violacé en direction de l’est.
Charlie, déconcerté, reste planté là et ne comprend pas trop ce qui vient de se passer. Avec un léger sourire, il est désormais convaincu de revoir son ami.
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