Chapitre 10 (3/9) : Un mentor et des amis
Le lendemain, Nicolas s’attend à trouver Roger dans la cuisine, mais un message sur l’îlot de la cuisine lui apprend qu’il est déjà parti travailler. Avec un pain grillé à la confiture de framboise en bouche, le garçon s’envole en direction de son école.
« Que c’est agréable de pouvoir aller à l’école en volant sans se faire chialer dessus par sa mère ! »
Une fois à son casier le semi-golem a à peine le temps d’enlever son manteau d’automne qu’un garçon costaud se jette amicalement sur lui.
- Nic, t’es enfin de retour ! T’es revenu quand ?
- Fr-Frank ?! Hum… je suis rentré hier.
- T’étais passé où ? Y’a un détective trop chiant qui est venu nous poser des questions à moi et ton ami le saint. Il s’est rien passé de trop grave ?
Nicolas, hésitant, décide de tout lui dire, mais dans un lieu un peu plus isolé. Dans l’auditorium, malgré qu’ils soient seuls, le semi-golem chuchote.
- Comment ça t’était rendu à presque à Trois-Courants ?! s’exclame Frank.
- Chutttt ! J’ai pas envie que du monde entende. Si j’allais là c’est juste parce que c’est la ville la plus proche que je connaissais, mais je me suis fait intercepter en route par un guerrier…
- Par quel guerrier ? Puisque mon père en est un, j’en connais beaucoup. C’est quoi son pseudonyme ?
- Golem.
En attendant ce nom, Frank cesse de bouger avant de réagir encore plus énergiquement qu’auparavant.
- Golem ?! Le premier guerrier semi-élémentaire ! T’as trop de la chance ! Il est trop fort ce gars. Il est de rang Sage, mais selon mon père, si ce n’était pas à cause des autres guerriers qui n’aiment pas trop les semi-élémentaires, il serait probablement de rang Devin !
- Frank... c’est pas tout le monde qui s’intéresse autant que toi au guerrier, lâche Nicolas avec le visage crispé.
- Devin, c’est le dernier rang chez les guerriers. Il ne peut n’en avoir que onze à la fois. Quand une place se libère, les Devins en choisissent un nouveau parmi les Sages. En gros, c’est vraiment le top du top du pays et mon père en fait partie, rajoute-t-il, fier.
Nicolas, sidéré, n’en revient pas que son mentor s’avérerait aussi puissant que l’un des Devins.
En le voyant arborer un visage étrange, Frank comprend que le semi-golem ne lui a pas encore tout dit et n’hésite pas une seconde à lui faire cracher le morceau. Ses yeux orange s’écarquillent d’un air stupéfait.
- Ton… ton… mentor. Golem est ton mentor ?!!!!! C’est trop COOL ! crie-t-il à la fin dans l’auditorium.
- Arrête de crier, répète Nicolas en tremblotant.
- Pardon… Il faudra trop que tu m’affrontes !
- Tu l’auras un jour ton duel, promis. Mais, attends que je me sois un peu entraîné avec lui… souffle le mage de nuages, exaspéré.
- D’accord !
Après cette conversation plus qu’énergique, les cours débutent dans peu de temps. Les deux amis de courte date se séparent. Nicolas, une fois assis à son bureau à côté de la fenêtre, aperçoit qu’à l’extérieur il commence à pleuvoir.
« J’espère qu’il va arrêter de pleuvoir en fin de journée… »
Une jeune adolescente le sort de ses pensées en s’appuyant violemment sur son bureau. La grande fille visiblement en colère replace sa longue queue de cheval bleu et rouge pastel.
- T’étais passé où toute la semaine ? demande Maxime d’un air hautain.
- Qu’est-ce que ça peut te faire ? rétorque-t-il, légèrement agressif.
La magicienne de vapeur, voyant cette humeur inhabituelle, devient soucieuse.
- Ça va ? Je te trouve bizarre aujourd’hui. Pas que t’es pas bizarre d’habitude, mais disons que t’es différent.
- Je vois pas de quoi tu parles. Si tu pouvais retourner à ta place et me laisser tranquille, j’apprécierais. Merci, lâche Nicolas, arrogant.
Pas habituée de se faire rembarrer de la sorte, elle affiche un air boudeur et lâche un râlement irrité.
« T’es qu’un imbécile ! » dit-elle avant de retourner à sa place.
Nicolas, heureux d’obtenir enfin la paix, essaie de retrouver la patience qui lui fait défaut. Frank et ses réactions hautes en couleur lui ont pompé une bonne partie de son énergie. Après son cours de mathématiques, le garçon grognon retrouve sa bonne humeur en allant exceptionnellement s’acheter un biscuit à la cafétéria. D’habitude, il se contente d’attendre en classe que le prochain cours débute. La deuxième période s’avère de l’histoire, cependant, cette fois-ci, il s’agit d’un travail d’équipe. Nicolas s’imagine déjà effectuer le travail tout seul, mais Alexandre, l’homme-loup, arrive la queue entre les jambes, visiblement mal à l’aise.
« Hum… le dernier cours, j’ai dit à la prof que j’allais faire équipe avec toi. T’es bon en histoire à ce que je sache », explique le bestial en détournant les yeux, embarrassé.
Nicolas, décontenancé, reste tout de même heureux de faire équipe avec une personne qu’il connaît un minimum. Même s’il préfère d’habitude l’éviter, le semi-golem se dit qu’il ne risque pas grand-chose le temps d’un projet.
Le travail se porte sur l’une des deux plus importantes cités de la civilisation gifosienne : Grammata et Stratós. Les garçons décident de s’attarder sur la première ville. Après plusieurs minutes à travailler, Alexandre n’en peut plus et commence à jouer avec son stylo. À force d’y faire faire des acrobaties, il finit par tomber dans les cheveux de Nicolas.
« Oups… »
Embarrassé, le bestial s’apprête à le rependre, mais ce dernier lui attrape la main.
- Peux-tu arrêter de faire le pitre ? lui demande-t-il en retirant le stylo de ses nuages
Les oreilles de l’homme-chien se baissent.
- Ou… oui et pardon… C’est juste tellement pas intéressant et j’y comprends rien. À quoi ça sert d’abord de faire un projet sur une ville qui date d’il y a plus de 2000 ans ?
Le semi-golem soupire et recommence à travailler.
« Une chance qu’il ne les a pas touchés… »
Le bestial agite son museau en direction du semi-golem. Il renifle de manière frénétique avant de le dévisager.
- T’as un problème Alex ?!
Intimidé, il détourne son regard argenté.
- Ton odeur est différente, d’habitude…
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