Lors de la dernière semaine de septembre, tout se porte à merveille pour Nicolas : il a enfin un groupe d’amis, il peut voler comme il l’entend et les entraînements avec son maître ainsi que ses cours se passent bien. Cependant, ce vendredi midi s’avère différent des autres dîners puisque Charlie, le meilleur ami d’enfance de Nicolas, désire manger avec lui. Le semi-golem, quoique dubitatif, accepte sa demande. Tout au long du dîner, le saint de pyrites reste en retrait, laissant les trois autres garçons parler de leur côté. Cependant, lorsqu’ils vont flâner sur l’un des terrains synthétiques de l’école, Charlie ne reste plus autant à distance et pose sa main sur l’épaule du semi-golem pour attirer son attention.

• Nico, je dois te parler.

L’interpellé et ses deux amis se retournent, interloqués.

• Qu’est-ce qu’il y a ?
• Pourquoi t’es pas venu me voir depuis ta fugue ? Je comprends pas… Comment tu peux révéler que t’es un semi-golem aussi facilement à des gars que tu connais depuis un mois à peine ?

Le visage de Nicolas se crispe de colère. Sur le coup, le mage de pyrites ne comprend pas pourquoi.

• Tu as fugué, Nic ? Quand ça ? Et t’es quoi, au juste ?! demande Anthony, abasourdi.

Le semi-golem lance un regard assassin à son ami d’enfance avant de devoir tout expliquer à contrecœur au semi-corbeau. Le visage de Charlie se décompose. Il a commis une énorme bourde en partant du principe que, comme Frank, Anthony aussi savait pour la réelle nature du semi-golem. L’adolescent ne perd plus des yeux son ami d’enfance qui tente en bégayant de tout expliquer. Frank, enragé, agrippe le bras de Charlie.

• Enfoiré ! Comment t’as pu lui faire ça ?
• Par… pardon, je pensais qu’il était aussi au courant, essaie-t-il d’expliquer en tremblant.

Soudain, Nicolas vient s’interposer.

• Calme-toi, Frank, je m’en occupe, dit Nicolas d’une voix gorgée de colère.

Lorsqu’il voit ce regard turquoise assassin s’illuminer, Charlie comprend qu’il se trouve dans de beaux draps. Il connaît le semi-golem mieux que personne. Cette lueur dans ses yeux reflète ses émotions les plus fortes,

• Nico… Je suis désolé, vraiment… Tu es si distant, depuis une semaine. Je pensais que tu m’avais remplacé pour eux.

Plus l’adolescent entend son ami parler, plus cela le met hors de lui. Il le pousse violemment au sol.

• Tu te sentais remplacé ? La bonne blague ! Et moi, tu crois que je me sentais pas remplacé ?! J’étais seul et triste pendant que toi tu riais et souriais avec tes nouveaux amis. Alors oui, on peut dire que je t’ai remplacé. Par contre, n’oublie pas, Charlie, qui a remplacé qui en premier, répond Nicolas, furibond.
• Pfff, tu parles d’un remplacement, t’es ami avec un gars qui se pense supérieur à tout le monde et un autre qui se promène avec un piaf !

Le sang de Nicolas ne fait qu’un tour. Le semi-golem se met à le rouer de coups.

• Enfoiré ! D’où tu te permets de parler comme ça de mes amis, hein ?! Tu n’es jamais venu me demander de manger avec toi, eux si. Ils m’ont accepté pendant que toi, tu étais bien heureux d’être avec tes nouveaux amis. C’est peut-être parce qu’ils sont plus normaux que moi ?

Charlie parvient à faire tomber Nicolas et le frappe à son tour.

• Espèce de… C’est pas vrai tout ce que tu dis là, j’hésitais à venir te voir, mais à chaque fois tu étais avec quelqu’un.
• Bah, t’avais juste à arrêter d’hésiter et venir me chercher, point.

Nicolas se libère en soufflant des nuages de sa bouche.

• Tu veux vraiment qu’on en aille jusqu’à la magie, Nico ? Tu sais très bien qui est le plus fort de nous deux…
• Laisse-moi rire, comme si je me battais sérieusement contre toi ! T’as oublié ta cicatrice à l’oreille ?! lâche-t-il en sortant ses rubans de golem de ses bras.

Charlie affiche un visage apeuré, palpe son oreille gauche et repense à ce jour où Nicolas l’avait accidentellement blessé.

• Tu vois, tu as toujours autant peur de mes rubans ! Comment je pourrais aimer être avec quelqu’un qui a peur de moi ?
• Ce… c’est pas vrai du tout !
• Alors, dis-le à ta face parce que ça paraît pas !

Le mage de pyrites fait apparaître deux gros poings en pierre dorés proches de ses deux bras et se rue sur Nicolas. Ce dernier se protège à l’aide d’un bouclier nuageux. Au moment de l’impact, le sort de Charlie explose et libère une déflagration ardente. Le semi-golem contre-attaque avec ses rubans cyan. Frank et Anthony ne font rien pour les séparer. Le premier approuve ce combat, tandis que le second s’avère trop peureux pour agir. Soudain, deux enseignants crient au loin d’interrompre l’affrontement, mais les deux garçons n’écoutent rien et sont séparés de force.