Chapitre 10 (8/9) : Un mentor et des amis
Ce samedi, Nicolas est censé aller s’entraîner avec son maître, mais c’était avant de recevoir un message de Frank qui lui propose de venir chez lui avec Anthony. Le semi-golem, n’étant pas allé chez des amis depuis une éternité, il en meurt d’envie. Roger ne s’oppose pas, après tout, l’adolescent s’entraîne rigoureusement, chaque soir, et mérite bien une pause.
Roger, curieux de connaître les amis de son disciple, décide de l’accompagner. Les deux semi-golems survolent la ville aux toits en tuiles bleutées pour arriver dans le quartier de la Colline-des-Pierres, un endroit aux grandes maisons majestueuses en pierres azurées.
La demeure de Frank ne se trouve pas si loin de leur académie, à environ une vingtaine de minutes de marche. Même pour le quartier, sa maison s’avère tout simplement gigantesque, du haut de ses trois étages. La cour n’est pas en reste avec l’énorme terrasse, le terrain de tennis, la piscine et le spa.
« Faut croire que la position de Devin de son père paye bien », pense Nicolas, étonné.
Tout comme son disciple, Roger s’avère impressionné.
- Nico, les parents de ton ami, ils font quoi au juste ? demande-t-il avant de cogner à la porte d’entrée
- Sa mère je l’ignore, mais je sais que son père est un Devin.
- Attends Nicolas. Tu es ami avec le fils de Pascal Gagnon ?!
- Ou… oui…
- Pourquoi tu ne l’as pas dit plus tôt, on ne peut pas se présenter chez lui, habillé d’une telle façon, s’exclame-t-il, paniqué.
Roger réajuste ses vêtements avant d’enchaîner sur ceux de son disciple comme si ce simple geste allait transformer ces vieilles pièces de linges décontractés en habits chics. Malencontreusement, la porte s’ouvre et Frank se retrouve face à un spectacle des plus original. Cette agitation l’indiffère puisque Golem, un guerrier capable de rivaliser avec son père, accapare toute son attention. Ses yeux orangés s’émerveillent et semblent devenir aussi scintillants qu’une étoile.
- Wouaaa !!! Golem est devant chez moi !
Le Sage observe attentivement son admirateur : ses cheveux brun foncé aussi court que ceux d’un militaire, ses yeux perçants, sa grandeur et sa musculature développée le font penser à son père
- Hahaha ! Nicolas, à en juger au physique de ton ami, il s’agit indéniablement du fils du Devin appelé Titan. Salut Frank, je suis le maître de Nicolas, Roger Bergeron, alias Golem, mais ça tu le sais déjà, se présente-t-il en lui serrant la main.
L’adolescent émerveillé chérira cette poignée de main le restant de ses jours.
- C’est vraiment un honneur de vous rencontrer monsieur ! Nicolas m’a tellement parlé de vous. J’étais impatient de vous rencontrer.
- Ha… Nicolas te parle donc de moi !
- Disons plutôt que c’est lui qui insiste pour que je parle de toi, répond le semi-golem d’un rire moqueur.
- Hahaha, t’as raison.
Roger est heureux de voir les garçons s’entendre aussi bien.
- Bon ! Je ne vous retiens pas plus longtemps. Frank, ça l’a été un plaisir. Vu comment tu es poli, tu dois être la fierté de ton père. Nicolas, tu connais le chemin de la maison, ne rentre pas trop tard ! dit-il en s’envolant.
Le mage de plasma regarde partir au loin le guerrier. Il a fallu qu’Anthony arrive à son tour pour que Frank détourne enfin le regard orange du ciel.
L’intérieur de la maison s’avère tout aussi impressionnant que son extérieur avec ses meubles modernes, son plancher en marbre et ses murs aux imposantes fenêtres. Le grand adolescent et ses amis font le tour de la demeure.
Une femme prépare à manger dans la grande cuisine nimbée de blanc. En voyant arriver les trois garçons, elle leur propose une collation, cependant Frank refuse, embarrassé avant d’amener ses deux invités au sous-sol.
- Elle a l’air gentille ta mère.
- Greta… Ma mère ? Non, ce n’est qu’une domestique, ricane-t-il avant de leur proposer d’aller se baigner dans une immense piscine intérieure.
- Jusqu’où va cette maison ? s’interroge Anthony, incrédule.
- Sa maison a l’air sans fond, rajoute le semi-golem, surpris.
Les deux adolescents ont à peine le temps de s’étonner que Frank exhibe déjà ses abdominaux saillants en maillot de bain.
- Vous ne vous mettez pas en maillot ?
- Comme si on avait apporté un maillot en plein automne !
Le riche garçon prête alors de quoi se baigner à ses amis. Ils s’amusent une longue heure dans la piscine intérieure quand Frank remarque que deux excroissances de plumes noires poussent sur le dos de son ami.
- Antho, ça serait pas des ailes qui te poussent dans le dos ?
- Oui, elles devraient finir de grandir vers mes quinze ans, j’ai trop hâte ! Tien, j’y pense, Nic, tu pourras m’apprendre à voler,
Le semi-golem acquiesce de la tête, tout excité pour son ami.
Une fois sortis de la piscine intérieure, les deux invités s’avèrent loin d’imaginer que Frank leur montrerait sa balise magique personnelle, un appareil extrêmement dispendieux qui permet de combattre sans aucune limitation et qui protège de la mort. En un instant, les trois garçons se retrouvent dans un monde numérique sur une plaine en plein été. Nicolas veut absolument montrer à ses amis sa capacité à voler et chevelure nuageuses. Frank n’hésite pas une seconde à les toucher, tandis qu’Anthony se retient malgré la curiosité.
- Hahaha c’est toujours aussi doux !
- Euh… tu es sûr que je peux toucher, Nic ? demande le semi-corbeau, d’un air hésitant.
- Mais oui tu peux ! C’est super doux, renchéri Frank.
Nicolas se contente d’acquiescer d’un sourire nerveux. Anthony s’étonne à quel point il les trouve doux et soyeux. Une fois leur curiosité comblée, le semi-golem s’envole. Son agilité et sa vitesse sont incomparables à celle qu’il possède habituellement au sol. Le ciel est son terrain de jeu. Nicolas met au défi ses amis d’arriver à le toucher en plein vol. Malgré tout leur effort, ils finissent à court de manas.
Les deux adolescents, impressionnés, se demandent comment le semi-golem arrive à se déplacer à cette vitesse. Nicolas, lui-même, n’est pas certain de pouvoir donner une explication. Pour lui, voler s’avère aussi naturel que marcher.
« Si je devais trouver une explication, je dirais que c’est grâce aux rubans à travers mes bras et mes jambes. Ils me rendent léger, un peu comme une bulle d’air qui remonte à la surface de l’eau. »
Le soleil commence à peindre le ciel dépourvu de nuages de teintes crépusculaires. Une fois sortis de la simulation, les adolescents jouent à des jeux vidéo jusqu’à ce que l’un des parents d’Anthony vienne le chercher. Nicolas, à son tour, décide de partir et s’envole dans le ciel orangé.
Le sourire aux lèvres, Frank le salue de la main. Sa gouvernante l’a rarement vu aussi heureux.
- Vos amis ont l’air bien gentils, Monsieur.
- Oui, ils le sont ! Ils le sont beaucoup même…
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