Chapitre 12 (1/3) : Une solution radicale

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Charlie ouvre les yeux dans ce qui s’apparente à une grotte de pyrites. Des minerais cubiques recouvrent l’intégralité des murs. Des pierres dorées resplendissantes sont accrochées au plafond et illuminent la pièce. À sa droite, un feu doux brûle dans une cavité noircie par la suie.

« Où suis-je ? » se demande-t-il en se promenant avec prudence.

Les verres et la vaisselle, tout comme l’îlot sur lequel ils logent, ont une forme cubique.

« On dirait qu’on est dans Manaless… », se dit-il en tenant une tasse à l’apparence bien singulière.

« Bienvenue dans ma modeste demeure ! »

Charlie sursaute.

La voix semble provenir de toute part et ne fait que le décontenancer davantage. Soudain, une partie du mur s’ouvre telle une porte. Une silhouette a la taille d’un enfant et aux longues ailes. Malgré son apparence très juvénile, elle ne s’avère pas jeune pour autant. La personne qui se tient devant Charlie est une fée, une espèce humanoïde connue pour ressembler à un enfant même une fois adulte.

Elle a de courts cheveux rugueux aux teintes métalliques et légèrement jaunis, des yeux rouges flamboyants ainsi que des ailes dorées aussi éclatantes et cristallines qu’un vitrail. Malgré qu’il n’ait jamais vu cette personne auparavant, le saint de pyrite semble la reconnaître.

  • Déesse Pix ? lâche-t-il, incertain.
  • Ouh… Tu m’as reconnu. Guylaine m’a bien décrite, dit donc ! dit-elle, souriante.
  • Oui, ma mère parle de vous chaque jour. Où je suis, au juste ?
  • Tu es dans ma demeure au paradis ! Je suis désolée que ce soit si petit. Après tout, toi et ta mère êtes mes derniers fidèles encore en vie. Je n’ai pas assez de miracles pour matérialiser quelque chose de bien plus grand… Enfin bref… viens t’asseoir avec moi près du feu, dit-elle en faisant apparaître deux fauteuils en pyrites.

Une fois assis, Charlie a plusieurs questions qui lui pendent aux lèvres.

  • Déesse Pix, je suis ravi de vous rencontrer, mais est-ce que vous pouvez me dire ce que je fais ici ?
  • Que tu es pressé, Charlie ! C’est ça le problème des humains : vous êtes si pressé à vouloir grandir. Prends le temps de regarder le feu avec moi… J’ai conscience que votre courte espérance de vie vous oblige à vous dépêcher, mais vous ne prenez pas assez de temps pour profiter du moment présent. Ta vie est comme une flamme, si tu te dépêches de flamber tout ton carburant, tu risques de trouver ton existence bien courte, explique-t-elle en éteignant le feu.

La géode de pyrites sombre dans l’obscurité un bref instant avant que Pix le rallume.

  • Est-ce que ta mère t’a expliqué pourquoi je vous ai sauvé lorsqu’elle accouchait de toi ? demande-t-elle en faisant léviter une pyrite enflammée dans sa main.
  • Non, elle m’a toujours dit que vous me l’expliquerez le moment venu…
  • Oui et elle a bien fait. Charlie, je veux que tu sache que si je vous ai sauvé, ce n’est pas par pitié ou caprice, mais simplement pour ma survie. Mon dernier fidèle venait de mourir dans ce même hôpital. Si je n’en trouvais pas d’autres, je me serais éteinte à mon tour. Faire de vous mes fidèles m’a considérablement affaibli. J’ai dû puiser dans mes derniers miracles pour y arriver. Mais, cela en a valu la peine, grâce à ta mère je suis de nouveau resplendissante.

Charlie écoute ses explications attentivement, mais au fond de lui, il lui demeure un doute.

  • Déesse… qu’attendez-vous de moi ?
  • De toi ? Un garçon de douze ans ? rit-elle. Pas grand-chose. Je veux seulement que, comme ta mère, tu profites de la seconde chance que je t’ai offerte en vivant lentement et en aimant tes proches. J’ai bien vu ton différent avec ton ami semi-élémentaire et cela m’a beaucoup attristé… Malgré son affiliation avec la couche spirituelle, ce garçon c’est le genre d’ami qu’il ne faut pas abandonner.
  • Oui, je sais… il a toujours été là pour moi, répond le saint, maussade.

Il repense à ses premières années de l’école élémentaire, lorsque tous ses amis l’ont abandonné à cause de son affiliation au panthéon féérique, Nicolas, quant à lui, est resté à ses côtés.

  • Promis, je vais me réconcilier avec lui, dit-il, déterminé, en se levant de son siège.

La déesse fée sourit, visiblement satisfaite.

  • C’est bien. Il me reste qu’à te donner ton présent avant que tu partes.
  • Mon présent ?
  • Oui… Je te juge dorénavant prêt à ce que tu possèdes ton arme sainte.

Pix, de la paume de sa main, fait apparaître un rocher doré et cubique. Ses angles s’avèrent si droits qu’il paraît irréel. Les fins interstices de la pierre sculptée peuvent libérer une puissante déflagration. Le cube s’approche lentement de Charlie qui le touche d’une main hésitante. Au même moment, il se sent défaillir. Des incantations inconnues submergent son esprit.

« Ce fut un plaisir de te rencontrer Charlie. J’espère te revoir bientôt. »

Ses paroles paraissent inaudibles. La géode semble s’effondrer sous les pieds de l’adolescent. Celui-ci tombe, mais sa déesse ne bouge pas d’un poil et semble floter dans le vide. La déesse se contente, avec un léger sourire, de le regarder chuter dans le néant. Le garçon perd progressivement conscience. Lorsqu’il rouvre les yeux, il se retrouve dans sa chambre.

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