Chapitre 1 : Une vie ennuyeuse

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J’ai toujours fait ce qu’on attendait de moi. C’est ce qu’on m’a appris, et c’est ce que j’ai appliqué.

Depuis l’enfance, tout dans ma vie a toujours été rangé, aligné, parfaitement calibré. Mes parents avaient des règles pour tout : l’heure précise où il fallait dîner, les amis que j’avais le droit d’inviter, et même les mots qu’il valait mieux éviter, pour ne froisser personne. Tout, dans notre maison impeccable, respirait le contrôle. Même le silence semblait réglementé, comme si parler trop fort ou rire à un moment inapproprié était une faute grave.

J’ai grandi dans cet univers feutré, obéissante et sage. J’ai appris à marcher dans leurs pas sans faire de vagues, sans jamais me demander pourquoi. Je suis allée dans les écoles qu’ils avaient choisies pour moi. J’ai obtenu les notes qu’ils espéraient, pas excellentes, mais suffisantes pour maintenir cette illusion de normalité. Et aujourd’hui, je suis en fac de droit. Parce que c’était la suite logique, leur suite logique. Pas la mienne.

Je ne sais même pas si j’ai des envies propres. Je ne crois pas avoir jamais vraiment réfléchi à ce que je voulais. Tout a toujours été décidé pour moi, organisé à l’avance. Alors, je me contente de suivre le plan.

Ma vie est… confortable. Du moins, c’est ce qu’elle est censée être. Je ne manque de rien. Une famille stable, un avenir tout tracé, des journées qui s’écoulent sans heurts. Et pourtant, il y a ce vide. Cette sensation étrange et sourde, comme un trou qui s’agrandit chaque jour un peu plus.

Je le ressens partout. Dans mes cours. Dans mes conversations. Dans mes week-ends. Tout est fade, insignifiant, comme si chaque seconde de mon existence passait sans véritable substance. Même mes camarades de classe, ces filles qui rient, échangent des secrets, et organisent des soirées, semblent vivre dans un monde auquel je n’appartiens pas.

Je fais semblant, bien sûr. Je ris à leurs blagues, je hoche la tête, je participe juste assez pour ne pas paraître étrange. Mais à l’intérieur, je suis ailleurs. Toujours ailleurs. Comme une étrangère, même dans ma propre vie.

Les rares moments de solitude que je peux m’accorder sont toujours les mêmes. Lire des livres que je ne termine pas. Regarder des séries sans grand intérêt. Faire semblant d’être absorbée par des choses qui, au fond, ne me captivent pas du tout. Mes week-ends ressemblent à mes semaines, et tout s’enchaîne dans une monotonie presque suffocante.

Je ne me plains jamais. On m’a appris à sourire, à être polie, à ne jamais montrer que quelque chose ne va pas. Mais à l’intérieur, je suffoque. Chaque jour. Un peu plus.

Parfois, je m’arrête et je me demande : est-ce que c’est tout ? Est-ce que c’est ça, la vie ? Une succession de jours interchangeables, de décisions que je n’ai pas prises, de choix imposés par d’autres ? Est-ce que je suis condamnée à cette routine étouffante pour toujours ?

Il y a une part de moi, une toute petite voix que j’ai toujours tenté d’étouffer, qui crie pour sortir. Une part qui refuse cette vie, qui veut autre chose. Quelque chose de différent. Quelque chose de vrai. D’intense.

Mais je ne sais pas quoi. Je ne sais pas ce qui manque. Je sais juste que quelque chose manque.

Et ce vide… il devient insupportable.

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