Chapitre 3 : Le Forum

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Je ne me suis pas précipitée sur le forum après cette soirée chez Maeva.

Non, au contraire, j’ai fait tout ce que je pouvais pour oublier ses mots. J’ai tenté de me convaincre que je n’avais pas besoin de "ça", de cet "autre chose" dont elle parlait. Mais c’était inutile. La graine qu’elle avait plantée dans mon esprit poussait, doucement, silencieusement, jusqu’à occuper tout l’espace.

Un soir, seule dans ma chambre, j’ai cédé.

J’ai allumé mon ordinateur, les doigts tremblants. L’adresse qu’elle m’avait donnée était griffonnée sur un coin de feuille. Une partie de moi voulait l’ignorer, déchirer ce bout de papier, mais mes yeux continuaient de revenir dessus. Je savais où la trouver. Et je savais que je ne pourrais pas l’ignorer indéfiniment.

Quand la page s’est ouverte, une sensation étrange m’a traversée. Le fond noir, les phrases écrites en gros caractères blancs – une invitation, peut-être un avertissement. Sous ces mots, une simple case pour s’inscrire. Rien de spectaculaire. Rien d’effrayant. Et pourtant, cliquer sur ce bouton me semblait irréversible.

J’ai hésité, mes doigts flottant au-dessus du clavier. C’était absurde, non ? Ce n’était qu’un site internet. Rien de plus. Mais quelque chose au fond de moi me disait que ce clic allait changer quelque chose. Que ce n’était pas anodin.

J’ai cliqué.

Ils demandaient un pseudonyme. Je n’y avais pas réfléchi avant, alors j’ai tapé "PetitePoire". Un surnom idiot qui m’était resté en tête, donné par mon premier petit ami. Je me souvenais encore de son rire moqueur, de la manière dont il regardait ma poitrine quand il le disait. À l’époque, j’avais détesté. Mais ce soir-là, cela m’avait semblé… approprié.

Une fois connectée, c’était comme si j’entrais dans un autre monde.

Des sections, des titres, des discussions. Des mots que je n’avais jamais vus alignés ensemble, des récits bruts, des témoignages. Et des photos. Beaucoup de photos. Des femmes, la plupart du temps. Certaines portaient des masques, d’autres pas. Certaines posaient seules, d’autres étaient accompagnées. Je ne comprenais pas ce que je regardais. Tout était étrange, dérangeant, fascinant.

Puis, mon regard est tombé sur une section dédiée aux "défis".

Je ne savais pas trop ce que cela voulait dire. Alors j’ai cliqué. J’ai lu. Des récits détaillés, des descriptions de ce que certains avaient fait, de ce qu’ils avaient osé. C’était cru, direct, parfois brutal. Chaque ligne me heurtait, mais je ne pouvais pas détourner les yeux.

Je suis restée là, figée devant l’écran, sans voir le temps passer. Une heure, peut-être deux. Je n’ai rien posté ce soir-là. Mais quand j’ai refermé mon ordinateur, j’avais ce sentiment étrange, un mélange d’excitation et de malaise.

Comme si j’avais ouvert une porte que je ne pourrais plus refermer.

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