Chapitre 10 : Une rencontre inattendue
Ce jour-là, j’avais besoin de respirer.
Les heures de cours s’étaient étirées interminablement, un flot de mots que je n’avais même pas tenté de comprendre. Mon esprit était ailleurs, flottant dans un tourbillon de pensées. Hector, ses défis, cette nouvelle version de moi-même que je découvrais lentement… tout cela occupait chaque recoin de mon esprit.
Alors, à la fin de la journée, j’ai décidé de m’échapper.
Les rues autour de la fac étaient animées, mais je les ai traversées sans vraiment les voir. Je marchais, guidée par une envie de solitude, d’évasion. C’est en errant sans but que je suis tombée sur un petit bar.
Il n’avait rien de spécial : une façade simple, quelques tables en terrasse, une enseigne discrète. Mais il m’a attirée, comme un refuge improvisé.
En entrant, une chaleur douce m’a enveloppée, contrastant avec le froid mordant de l’extérieur. L’endroit était calme, presque intime. Quelques clients éparpillés, des murmures de conversations, une musique de fond qui semblait flotter dans l’air.
Je me suis dirigée vers le comptoir, cherchant un endroit où poser mon corps, mais surtout mes pensées.
Et c’est là que je l’ai vu.
Matt.
Il se tenait derrière le comptoir, essuyant distraitement un verre. Il avait ce genre de sourire qui semblait appartenir à une autre époque : sincère, désarmant, dénué de tout calcul. Quand il m’a vue, ses yeux se sont légèrement plissés, et un sourire éclatant a éclairé son visage.
"Bonsoir," a-t-il dit, d’une voix chaleureuse, presque chantante.
"Bonsoir," ai-je répondu, légèrement troublée par son regard direct.
Il m’a demandé ce que je voulais boire. J’ai hésité, balayant la carte d’un regard distrait, avant de commander un simple café. Il a hoché la tête, toujours avec ce même sourire, et s’est mis à préparer ma commande.
Mais il ne s’est pas contenté de ça.
"Tu viens souvent ici ?" a-t-il demandé en posant ma tasse devant moi.
"Non. C’est la première fois."
"Alors bienvenue. Moi, je suis Matt. Et toi ?"
"Cloé."
Et juste comme ça, une conversation a commencé.
Ses questions étaient simples, légères : ce que j’étudiais, pourquoi j’avais choisi cet endroit. Il m’a parlé un peu de lui aussi, de ce bar qu’il aimait, de sa passion pour la musique, de sa manière de voir le monde. Rien d’extraordinaire, et pourtant…
Il y avait quelque chose dans sa façon de parler, de m’écouter. Ce n’était pas le genre de regard que je connaissais. Pas celui d’Hector, chargé de sous-entendus, ni celui des inconnus que je croisais parfois, pleins de désir brut.
Non, Matt me regardait autrement. Comme si j’étais juste… moi.
Je ne savais pas comment réagir à ça.
Avec lui, tout semblait facile, naturel. Il n’y avait pas d’enjeu, pas de défi caché, pas d’attentes implicites. Juste un moment partagé, un échange sincère.
Et pour la première fois depuis longtemps, j’ai senti un poids se lever.
J’avais un sourire sur les lèvres. Pas forcé, pas calculé. Un sourire que je n’avais même pas remarqué.
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