Chapitre 12 : Le rendez-vous
Matt avait une façon de me faire sentir … différente. Avec lui, tout semblait simple, comme si la complexité de mes pensées s’évanouissait pour laisser place à quelque chose de plus pur. Il n’avait pas besoin de me poser des questions profondes ou de chercher à me déchiffrer. Son regard franc suffisait à m’apaiser.
Quand il m’a proposé de dîner ensemble, je n’ai pas hésité. Pas cette fois. Peut-être parce que, quelque part, j’avais besoin de cet échappatoire. Une bulle de normalité dans un univers où tout semblait désormais empreint de tension et de rituels imposés.
Nous nous sommes retrouvés dans un petit restaurant à l’écart des rues bruyantes. L’ambiance était intime—lumières tamisées, musique douce—et ça me convenait. Je n’avais pas envie de grandiose, juste de quelque chose de réel.
Matt était décontracté, comme toujours. Il portait une chemise bleu clair, ses manches retroussées découvrant ses avant-bras. Chaque détail de lui respirait la simplicité, mais c’était précisément ce qui me plaisait.
Pendant le repas, nous avons parlé de tout et de rien. Ses voyages, ses rêves, les morceaux de guitare qu’il aimait jouer quand il était seul. Moi, je me suis surprise à parler de mes livres préférés, de ces petites choses qui me faisaient sourire, mais que je ne partageais avec personne d’autre. Il écoutait avec une attention sincère, posant parfois des questions qui prouvaient qu’il se souciait de mes réponses.
À chaque instant, je sentais un contraste. Avec Hector, tout était intense, calculé, et souvent lourd à porter. Mais Matt … Matt était comme une respiration profonde, un retour à quelque chose de plus humain.
Quand le repas s’est terminé, il m’a raccompagné à sa voiture. La nuit était fraîche, mais je ne l’avais presque pas remarqué. Le silence entre nous, pendant ces quelques pas, était apaisant, presque complice.
Une fois arrivés devant mon immeuble, il a coupé le moteur mais n’a pas bougé. Ses mains étaient posées sur le volant, ses doigts jouant distraitement avec une couture du cuir. Il semblait chercher ses mots.
« J’ai passé une super soirée, » dit-il enfin, sa voix plus basse que d’habitude.
Je lui ai souri. « Moi aussi. »
Et puis, avant que je ne puisse réfléchir, il s’est tourné vers moi. Je n’ai pas bougé. Nos regards se sont accrochés, et pour une fois, je me suis laissée porter par l’instant.
Je ne sais pas qui a fait le premier pas, mais soudain, ses lèvres étaient sur les miennes. Le baiser était doux, tendre, mais il portait une intensité que je ne m’attendais pas à ressentir. J’avais oublié ce que c’était, ce genre de contact. Pas une transaction, pas un jeu de pouvoir, juste… un instant partagé.
Quand nos lèvres se sont séparées, il a laissé échapper un souffle nerveux, mais son sourire était toujours là. « Bonne nuit, Cloé. »
Je suis sortie de la voiture, mon esprit bourdonnant encore de cette sensation. Alors que je gravissais les escaliers de mon immeuble, je me rendais compte que je souriais.
Une pensée fugace m’a traversé l’esprit : peut-être, juste peut-être, il y avait encore une part de moi qui pouvait aspirer à cette simplicité. Une part que je n’avais pas totalement perdue.
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