« Je veux te présenter quelqu’un. »

Quand Matt m’a dit ça, quelques jours après notre rendez-vous, j’ai senti une vague d’appréhension me traverser. C’était trop tôt pour rencontrer quelqu’un d’important dans sa vie, non ? Je n’avais même pas eu le temps de formuler une objection qu’il a continué, d’un ton tranquille, presque enjoué.

« C’est ma sœur. Sabrina. Elle est géniale, tu vas voir. Vous allez bien vous entendre. »

Son sourire désarmant a désamorcé mes inquiétudes, et j’ai accepté. Une sœur, après tout, ce n’était pas la pression écrasante de « rencontrer la famille ». Et puis, je devais avouer que ma curiosité prenait le dessus.

Quelques heures plus tard, je me tenais devant un café, mes mains crispées sur mon sac, scrutant la rue à la recherche de Matt. Lorsqu’il est arrivé, accompagné d’une jeune femme, j’ai tout de suite compris qu’elle était Sabrina.

C’était comme voir une version alternative de Matt. Ses traits étaient similaires, mais plus fins, presque délicats. Ses cheveux longs et bruns encadraient un visage lumineux, et ses yeux brillaient d’une malice bienveillante qui m’a immédiatement mise à l’aise.

« Cloé, je te présente Sabrina. »

Son sourire était réconfortant, chaleureux. Elle m’a tendu la main, et j’ai senti une énergie communicative à travers ce simple geste.

« Alors, c’est toi la fameuse Cloé ! » a-t-elle dit avec un clin d’œil complice.

« Fameuse ? » ai-je répondu en riant, un peu nerveuse.

« Évidemment ! Matt n’arrête pas de parler de toi. Tu devrais voir son sourire quand il lit un de tes messages. C’est presque agaçant. »

Je me suis tournée vers lui, les joues légèrement rouges, mais il a simplement haussé les épaules avec un sourire gêné.

« Bon, on s’installe ? » a-t-il proposé, visiblement pressé de changer de sujet.

Nous avons passé l’après-midi à discuter dans ce petit café tranquille. Sabrina était tout ce que Matt avait promis. Pétillante, drôle, un peu sarcastique sans jamais être méchante. Elle avait une manière de raconter des histoires qui captivaient, et je me suis surprise à lui parler avec une aisance que je ne ressentais presque jamais.

Elle voulait tout savoir : mes études, mes passions, mes projets. Mais jamais elle ne posait ces questions avec insistance ou curiosité malsaine. C’était comme si elle ouvrait une fenêtre pour me laisser m’exprimer, et non comme si elle tentait de me sonder.

Avec elle, le silence n’avait pas sa place. Elle avait cette énergie débordante qui remplissait chaque instant, mais sans jamais être étouffante. J’ai vite compris pourquoi Matt l’admirait tant.

Quand elle s’est levée pour aller chercher un autre café, Matt s’est penché vers moi, son regard rieur.

« Je t’avais dit que vous vous entendriez bien. »

J’ai souri, hochant la tête.

« Elle est incroyable. Je comprends pourquoi tu l’aimes autant. »

Il a ri doucement.

« Elle est comme ça avec tout le monde, mais je pense qu’elle t’aime bien plus qu’elle n’aimerait l’admettre. »

Quand Sabrina est revenue, elle s’est assise avec une grâce déconcertante. Tout semblait si simple avec elle, si naturel. Pendant un moment, je me suis surprise à imaginer ce que cela ferait de la revoir, d’être intégrée à leur petit monde.

Et pendant cet après-midi, je n’ai pas pensé à Hector. Pas aux photos. Pas aux limites que je franchissais. Avec Matt et Sabrina, tout était normal.

C’était doux, réconfortant. Une parenthèse lumineuse dans une histoire qui devenait de plus en plus sombre.