Chapitre 20 : Le regard des autres

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Je sortais d’un cours d’économie un peu ennuyeux quand je l’ai croisé dans les couloirs. Monsieur Lefèvre.

Il portait sa chemise bleu clair habituelle, les manches retroussées jusqu’aux coudes, une pile de dossiers sous le bras. En me voyant, il a ralenti le pas, son visage s’illuminant d’un sourire qui, je dois l’avouer, était plutôt charmant.

"Cloé !"

Je me suis arrêtée, surprise qu’il m’adresse la parole en dehors des cours.

"Bonjour, monsieur Lefèvre."

"Ça fait plaisir de vous voir. Vous allez bien ?"

"Oui, merci."

J’ai noté, presque instinctivement, que son regard s’attardait un peu trop longtemps sur moi.

Il a posé sa pile de dossiers sur une table proche et s’est tourné complètement vers moi, croisant les bras.

"Je dois dire… Vous rayonnez, en ce moment."

J’ai haussé les sourcils, un peu prise de court.

"Pardon ?"

"Je ne sais pas… Vous avez l’air plus heureuse que d’habitude. Plus confiante, peut-être. Ça se voit."

"Ah…" J’ai rougi malgré moi, ne sachant pas trop quoi répondre.

C’était la première fois qu’un professeur me faisait une remarque pareille. Une part de moi était flattée, mais une autre part se sentait étrangement mal à l’aise.

Pendant qu’il parlait, j’ai remarqué que ses yeux s’égaraient légèrement. Il fixait mes yeux, bien sûr, mais de temps à autre, je sentais son regard glisser.

Sur ma poitrine, précisément.

Je portais un chemisier blanc légèrement déboutonné, laissant entrevoir juste ce qu’il fallait pour attiser l’attention. Ce n’était pas intentionnel – enfin, pas vraiment.

Depuis quelque temps, je m’habillais différemment. Des jupes plus courtes, des hauts un peu plus ajustés, des décolletés que je n’aurais jamais osé porter il y a quelques mois.

C’était Hector, bien sûr.

Il m’avait poussée, d’abord doucement, puis de façon de plus en plus explicite, à assumer mon corps, à le montrer, à jouer avec ce pouvoir que j’avais sans vraiment le réaliser.

Et d’un côté, il avait raison.

Je me sentais bien comme ça. Sexy. Forte. Et quand je voyais des regards comme celui de Monsieur Lefèvre, je ne pouvais pas m’empêcher d’y trouver une certaine satisfaction.

Mais là, dans ce couloir, je faisais mine de ne rien remarquer.

"Merci, c’est gentil de votre part," ai-je répondu avec un sourire un peu forcé.

"Ce n’est pas une flatterie, juste une observation."

Son ton était léger, mais il y avait quelque chose dans son regard qui m’a mise mal à l’aise.

"Vous savez," a-t-il ajouté en récupérant ses dossiers, "si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit, ou si vous voulez parler, mon bureau est toujours ouvert."

"Merci, monsieur."

Je suis partie avant qu’il ne puisse ajouter autre chose, mon sac serré contre mon épaule.

En marchant vers ma prochaine classe, je n’arrêtais pas de repenser à cet échange.

Était-ce moi ? Était-ce ma tenue ? Depuis combien de temps ce genre de regards me suivait-il, sans que je le remarque ?

Je n’aurais pas dû aimer ça. Mais une part de moi…

Une part de moi était contente qu’il l’ait remarqué.

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