Chapitre 26 : Ce qu'il me manque
Je suis allongée sur mon lit, le regard fixé sur le plafond.
Matt est parti il y a quelques heures, après une nuit passée ensemble. Une nuit douce. Une nuit tendre. Trop douce. Trop tendre.
Je devrais être heureuse, non ?
Matt est gentil, attentionné. Il m’aime. Je le sais. Je le vois dans sa manière de me regarder, dans les mots qu’il murmure quand il pense que je ne les entends pas, dans ses gestes toujours pleins de délicatesse.
Mais…
Je soupire.
Mais.
Ce "mais" grandit en moi depuis des semaines, et je n’arrive pas à l’ignorer.
Il est parfait. Il est tout ce que je devrais vouloir. Tout ce que n’importe qui voudrait. Alors pourquoi est-ce que je ne me sens pas comblée ?
Pourquoi est-ce que, chaque fois qu’il me touche, une part de moi attend autre chose ? Quelque chose de plus fort, de plus brut. Quelque chose qui me ferait perdre pied.
Je ferme les yeux, essayant de chasser ces pensées. Mais elles reviennent toujours, comme un écho dans ma tête.
Nos nuits ensemble sont… agréables. C’est le mot. Agréables. Mais elles manquent de cette intensité qui me consume quand je pense à Hector.
Avec Matt, tout est prévisible. Le baiser. Les caresses. Le rythme. Tout est si… normal. Si "bien".
Et moi, je ne veux pas du bien.
Je veux… Je veux qu’on me prenne comme si j’étais la seule chose qui comptait. Je veux sentir le poids d’un désir incontrôlable sur ma peau. Je veux que mes limites soient testées, repoussées. Je veux cette sensation de vertige, cette peur mêlée d’excitation, ce moment où tout semble basculer.
Avec Matt, je me sens aimée. Mais je ne me sens pas désirée. Pas vraiment. Pas comme je le veux.
Je passe une main sur mon ventre, remontant doucement jusqu’à ma poitrine. Je me demande ce que Matt penserait s’il savait ce qui me traverse l’esprit en ce moment.
Il me quitterait, sûrement.
Ou pire, il essaierait de me comprendre, de m’apaiser. Avec ses mots doux, ses gestes mesurés. Comme s’il pouvait réparer ce vide en moi.
Mais ce vide… il est là depuis toujours, je crois.
Hector l’a vu, ce vide. Il a mis des mots dessus avant même que je ne le comprenne moi-même. Il a su comment me le montrer, comment l’embrasser.
Avec lui, il n’y a pas de place pour les demi-mesures. Pas de "douceur". Pas de "normalité".
Avec lui, je suis à la fois terrifiée et exaltée.
Et c’est ça que je veux.
Je rouvre les yeux, le plafond flou devant moi.
"Tu es en train de tout gâcher, Cloé," je murmure à voix basse.
Peut-être.
Mais en ce moment précis, alors que je me souviens de la nuit dernière avec Matt, je ne ressens rien. Pas d’excitation, pas de satisfaction. Juste un besoin.
Un besoin que lui, malgré tout son amour, ne pourra jamais combler.
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