Chapitre 35 : Le jour du défi (Suite)

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Je ne savais pas à quoi m’attendre, mais certainement pas à ça.

Il était grand, d’une carrure imposante, habillé de manière sobre. Son jean foncé et sa chemise claire, impeccablement repassée, semblaient presque banals. Mais son regard… Son regard me traversa comme une lame.

Perçant. Froid. Implacable.

— "Cloé," dit-il simplement.

Sa voix, grave et calme, était dépourvue de chaleur. Mon nom, prononcé par cet inconnu, résonna comme une injonction silencieuse. Je hochai la tête, incapable de répondre.

Il ne dit rien de plus, se contentant de m’observer avec une intensité écrasante avant de s’écarter pour me laisser entrer.

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L’appartement était d’une austérité glaciale. Un canapé en cuir noir, une table basse en verre, des murs blancs dénués de décoration. Tout semblait conçu pour ne rien distraire, pour concentrer l’attention sur l’essentiel.

Il referma la porte derrière moi d’un claquement sec, me coupant toute retraite.

Je m’avançai lentement, mes talons résonnant sur le parquet avec un bruit qui me semblait assourdissant dans ce silence oppressant. Lui s’installa sur le canapé, un geste simple, maîtrisé, comme s’il contrôlait non seulement ses mouvements, mais aussi l’air même autour de nous.

Son regard restait fixé sur moi, intense, impénétrable.

— "Enlève ta robe."

Son ton était neutre, presque détaché. Il ne laissait aucune place à l’interprétation.

Mon souffle se bloqua un instant, mais mes mains obéirent presque malgré moi. Je défais lentement la fermeture éclair de ma robe, sentant le tissu glisser le long de mes hanches pour tomber en un tas silencieux à mes pieds.

Je me tenais là, nue, exposée, mon corps frissonnant sous son regard qui ne vacillait jamais.

— "À quatre pattes."

Sa voix était toujours calme, mais chaque mot semblait me clouer au sol.

Mes jambes tremblaient tandis que je me mettais à genoux, puis à quatre pattes sur le tapis. Cette position, si vulnérable, si humiliante, m’écrasait déjà.

— "Ne bouge pas."

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Le silence s’installa, lourd, pesant. Je pouvais entendre ma propre respiration, rapide et irrégulière, et le battement sourd de mon cœur. Puis un bruit léger brisa cette tension, un froissement de tissu suivi d’un son distinct : celui d’un objet manipulé.

Quand le martinet frappa pour la première fois, je fus surprise par le son qu’il produisait. Un claquement sec, presque brutal, qui précéda la douleur d’une fraction de seconde. Ses lanières de cuir, fines mais fermes, laissèrent une marque immédiate sur ma peau.

Je sursautai, mais je ne bougeai pas.

Un deuxième coup arriva, plus fort cette fois. Le martinet semblait frapper avec une précision presque chirurgicale, chaque lanière s’écrasant contre ma peau pour réveiller un feu brûlant. Puis un troisième coup.

Les impacts étaient réguliers, presque méthodiques, et je sentais mon corps entier réagir : mes muscles se contractaient, ma respiration devenait saccadée.

Puis, brusquement, il s’arrêta.

Je restai immobile, figée dans cette position, le souffle haletant, le corps tendu. Il ne disait rien, mais je sentais sa présence derrière moi.

Ses doigts glissèrent sur ma peau rougie, caressant lentement les marques laissées par le martinet. Ses gestes étaient surprenants, presque doux, mais je savais qu’ils n’étaient pas innocents. C’était une évaluation. Une manière de jauger ma résistance, de sentir jusqu’où il pouvait aller.

Mes joues brûlaient de honte, mais aussi d’une étrange chaleur. Une part de moi espérait qu’il s’arrête là, qu’il ait fini.

Mais le martinet reprit, sans prévenir.

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Les coups s’enchaînèrent, plus rapides, plus violents. Chaque impact résonnait dans la pièce, suivi de ma propre respiration haletante. La douleur montait en vagues brûlantes, irradiant de mes fesses jusqu’à mon ventre.

Puis, je faillis craquer.

Un coup, plus vif, plus précis, me fit échapper un gémissement. Faible d’abord, presque étouffé, mais il brisa le silence comme un éclat de verre.

Un autre coup suivit, plus fort, et cette fois, je laissai échapper un cri. Ma voix, que je tentais désespérément de contenir, trahissait ma douleur.

Puis vinrent les larmes.

Une première larme roula sur ma joue, chaude, amère. Puis une autre. Et une autre. Elles se mêlaient à ma respiration haletante, à mes gémissements que je ne pouvais plus retenir. Je sentais mon nez couler, le goût salé de mes larmes et de ma morve glissant jusqu’à mes lèvres, mais je ne bougeais pas.

Les coups continuaient, implacables, et mes sanglots devenaient incontrôlables. Tout mon corps tremblait, chaque fibre tendue, mais je restais là, les mains ancrées au tapis, refusant de bouger.

— "Tu peux encore supporter."

Sa voix, calme et froide, me transperça, mais cette fois, mon esprit sembla se détacher de mon corps.

La douleur devint presque irréelle. Elle était là, brûlante, mais comme lointaine. Chaque impact semblait ébranler un autre corps que le mien. J’entendais le claquement du martinet, je sentais les larmes couler sur mes joues, jusqu’à ma bouche, mais tout semblait étouffé, distant.

Je n’étais plus vraiment là.

Puis, tout s’arrêta.

Le silence s’installa à nouveau. Pas un mot, pas un mouvement. Je restais immobile, attendant, mais rien ne vint.

Ses mains se posèrent sur mes bras pour me relever. Mon corps, si faible, ne répondait plus. Il me redressa avec fermeté, mais je me sentais flotter, comme si je n’avais plus aucun contrôle.

Quand il me lâcha, je faillis vaciller. Mes jambes tremblaient tellement que je dus m’accrocher au dossier d’une chaise pour ne pas tomber.

Il me tendit ma robe. Je mis un temps interminable à la récupérer, puis à m’habiller. Chaque geste semblait durer une éternité. La douleur réveillait chaque parcelle de ma peau à chaque mouvement.

Pendant tout ce temps, il restait là, immobile, m’observant en silence.

Quand je fus enfin prête, il prononça simplement :

— "Tu peux partir."

Pas un mot de plus.

Dehors, l’air frais de la nuit m’accueillit, mais il n’apaisa rien.

Dans le taxi, chaque mouvement réveillait une douleur sourde. Mais une autre sensation, plus étrange, persistait.

Une part de moi avait aimé ça.

Et cette part me terrifiait.

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