Chapitre 36 : Les marques

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Quand je suis rentrée chez moi, j’ai refermé la porte doucement, comme si je craignais qu’un bruit trop fort brise le fragile équilibre de ce que je venais de vivre. Le silence de mon appartement contrastait violemment avec le tumulte de mes pensées. Je me sentais étourdie, presque déconnectée de la réalité, comme si mon esprit était resté dans cette pièce avec lui, à genoux.

Je suis allée directement dans ma chambre, mes talons claquant doucement sur le sol. Mes jambes tremblaient encore, et chaque pas réveillait la douleur sourde et lancinante dans mes fesses. Une fois dans ma chambre, je me suis laissée tomber sur le lit, les yeux fermés, le souffle court. La robe me collait à la peau, et l’envie de l’enlever m’a prise soudainement.

Je me suis levée avec effort, retirant mes vêtements un à un. D’abord la robel puis mes chaussures, que j’ai ôtées en me mordant la lèvre pour ne pas gémir de douleur en me penchant. J’étais nue, seule, et pour la première fois, je pouvais vraiment affronter ce que mon corps avait subi.

Je me suis dirigée vers le miroir de la salle de bain, le cœur battant. En me retournant, j’ai presque sursauté en voyant mon reflet. Mes fesses… elles étaient rouges, marquées de larges bandes violacées qui semblaient s’étendre comme des cicatrices vivantes. La peau était si sensible que même l’air me semblait un supplice.

Je fixai les marques. La rougeur s’entremêlait aux nuances violacées, chaque bande dessinant une carte de la nuit que je venais de traverser. Elles étaient brutales, et pourtant… magnifiques.

Je posai un doigt doucement sur l’une d’elles, frissonnant à la douleur vive qui s’ensuivit. Cette douleur… Elle me terrifiait autant qu’elle me fascinait. Elle était la preuve que je pouvais endurer. Que je pouvais aller au-delà de ce que je croyais possible.

Mais une autre part de moi s’interrogeait. Était-ce ça, la vraie moi ? Une femme capable d’encaisser tout cela pour une reconnaissance que je n’étais même pas sûre de recevoir ? Mon esprit oscillait entre fierté et malaise, incapable de choisir un camp.

Je suis allée chercher un sac de glace dans le congélateur, enroulé dans une serviette fine. En revenant dans ma chambre, je me suis allongée sur le ventre, posant doucement la glace sur mes fesses. Un gémissement de soulagement m’a échappé. La fraîcheur apaisait la brûlure, mais pas complètement. La douleur était toujours là, comme une présence constante, un rappel de cette nuit.

Alors que je sentais la glace atténuer un peu la chaleur de mes marques, j’ai attrapé mon téléphone. Hector attendait mon message, je le savais. Et moi, j’avais besoin de lui raconter, de tout lui dire.

Mes doigts tremblaient légèrement alors que je tapais :

**"Hector,

Ce soir… c’était au-delà de tout ce que j’avais imaginé. Je ne savais pas que mon corps pouvait encaisser ça, que mon esprit pouvait supporter ça. Et pourtant, je l’ai fait.

Chaque coup du martinet me brûlait, me poussait un peu plus loin, et je ne voulais pas céder. Pas pour lui. Je voulais tenir pour toi. Pour que tu sois fier de moi. Et quand les larmes ont commencé à couler, quand j’ai senti mon corps lâcher, je savais que je me donnais entièrement à toi. Que je n’étais plus qu’à toi.

Je me demande parfois… jusqu’où tu me mèneras. Jusqu’où je pourrai aller pour toi. Et si je tomberai un jour, si je ne serai plus capable de tenir debout après tes défis. Mais ce soir, je sais que je ne suis pas encore arrivée à ma limite. Ce soir, je sais que je peux supporter plus. Si c’est ce que tu veux, alors je le ferai. Pour toi. Toujours pour toi.

Maintenant, je suis là, chez moi, allongée avec des marques qui me rappellent chaque seconde de cette nuit. Mes fesses brûlent encore, et pourtant… je souris. Parce que je sais que tu m’as amenée ici. Que sans toi, jamais je n’aurais pu ressentir tout ça.

Merci, Hector. Merci de me faire vivre tout ça. Merci de me montrer qui je suis vraiment. Je suis à toi. Complètement. Entièrement."**

J’ai relu le message plusieurs fois avant d’appuyer sur "Envoyer". À chaque mot, je sentais ma soumission s’enraciner un peu plus profondément en moi. Ce n’était pas seulement des mots. C’était une vérité que je ne pouvais plus nier. Je lui appartenais, et cela me semblait… juste.

Quelques secondes après avoir envoyé le message, j’ai posé mon téléphone sur la table de chevet et me suis laissée tomber sur le lit. La douleur était toujours là, sourde, omniprésente. Mais elle avait une autre couleur maintenant, un autre goût. Elle était devenue un souvenir tangible, une preuve physique de ce que j’avais traversé.

Un large sourire s’est dessiné sur mon visage alors que je fermais les yeux. Je me sentais épuisée, brisée, et pourtant… étrangement complète. Complète d’une manière que je n’aurais jamais imaginée.

Et avant de sombrer dans le sommeil, une seule pensée traversa mon esprit : Merci, Hector.

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