Chapitre 39 : regarde toi
Je savais qu’Hector avait quelque chose de particulier en tête. Quelque chose d’inoubliable. Quand j’ai reçu son message, mon cœur s’est arrêté une seconde, puis a repris avec une force presque douloureuse.
"Ce soir, tu te rendras à l’adresse que je t’enverrai à 20h00. C’est un appartement privé. À l’intérieur, il n’y aura que toi et un grand miroir. Tu devras te mettre nue devant ce miroir et suivre mes instructions, qui te seront envoyées par messages vocaux à intervalles réguliers. Tu dois tout filmer, du début à la fin, avec la caméra qui sera sur place. Regarde-toi, Cloé. Regarde vraiment. Apprends qui tu es devenue."
En lisant ces mots, un mélange d’excitation et de peur m’a envahie, me laissant presque tremblante. "Regarde-toi." Cette phrase résonnait en boucle dans mon esprit. Hector savait. Bien sûr qu’il savait.
Il savait que je n’aimais pas me regarder dans un miroir. Pas parce que je me détestais, mais parce que je ne reconnaissais plus celle que j’y voyais.
Et ce soir, il voulait que je l’affronte.
La journée s’étira interminablement. Chaque seconde semblait amplifiée par l’anticipation. Mes pensées tournaient en boucle : Pourquoi fait-il ça ? Que veut-il me montrer ? Et si je ne peux pas supporter ce que je vois ?
J’ai relu ses instructions des dizaines de fois, cherchant un sens caché, une échappatoire peut-être. Mais il n’y avait rien à interpréter. Tout était déjà clair.
À 19h, j’ai pris une longue douche. L’eau chaude glissait sur ma peau, apaisant légèrement mes pensées, mais pas assez pour calmer le tumulte en moi. Mes gestes étaient méthodiques, presque rituels. Chaque partie de mon corps était soigneusement lavée et préparée, comme si je me présentais à un jugement.
À 19h30, j’ai enfilé une robe légère, simple, presque minimaliste. Pas de maquillage, pas de bijoux. Je n’en avais pas besoin. Ce soir, Hector voulait que je sois nue – physiquement et mentalement.
À 19h40, le taxi m’attendait déjà.
L’immeuble était dans un quartier calme, presque endormi. Rien ne distinguait ce bâtiment des autres. Pourtant, en sortant du taxi, une montée d’adrénaline m’a traversée, m’obligeant presque à ralentir mon pas.
La porte de l’appartement était entrouverte. Elle semblait m’attendre, m’invitant à entrer.
À l’intérieur, une lumière tamisée baignait l’espace d’une chaleur douce, presque accueillante. Mais rien n’était réconfortant dans cette pièce. Tout était centré autour du miroir, immense, occupant tout un mur.
Et juste devant, une caméra sur trépied. Prête à capter chaque détail.
Je verrouillai la porte derrière moi. Ce simple geste sembla marquer un point de non-retour. Mes talons résonnèrent sur le parquet tandis que je m’approchais lentement du miroir.
Mon souffle s’est coupé quand je me suis vue.
C’était moi. Mais ce n’était pas moi. Cette femme, avec cette posture, cet air… Elle m’était étrangère.
Le premier message d’Hector résonna dans la pièce :
"Déshabille-toi lentement. Fais-le comme si tu voulais séduire ton propre reflet."
Mes doigts tremblaient en attrapant le bas de ma robe. Je la remontai doucement, centimètre par centimètre, jusqu’à la laisser glisser au sol. Mon corps, exposé sous la lumière crue, se reflétait dans le miroir.
Je me forçais à regarder. Chaque imperfection, chaque marque, chaque courbe. Je voyais tout. Et c’était insupportable.
"Approche-toi du miroir. Plus près."
Je m’avançai, sentant presque le froid du verre contre ma peau. Mon souffle formait une buée légère, troublant temporairement l’image.
"Ouvre le tiroir."
Je n’avais pas vu ce meuble, discret, placé juste sous le miroir. En tirant doucement, j’ai découvert quatre objets soigneusement alignés. Leur taille croissante et leur aspect étaient indéniablement intimidants.
"Prends le premier objet. Agenouille-toi, dos à la caméra. Maintenant, insère-le dans ton anus."
Mon cœur s’emballa, et mes mains tremblaient lorsque je saisis le plus petit objet.
Le matériau froid me fit frissonner. Sa texture lisse contrastait avec la chaleur qui montait en moi. Je le tenais entre mes doigts comme si c’était une clé, un objet à la fois étrange et chargé de pouvoir, dont l’importance m’échappait encore.
Je peux le faire, me murmurai-je. Je dois le faire.
Je me mis lentement à genoux, le parquet dur mordant mes jambes nues. La caméra était derrière moi, muette et immobile, mais je sentais son œil fixé sur chaque mouvement.
Dans le miroir, mon reflet me renvoyait une image crue, vulnérable. Une femme à genoux, soumise et exposée, prête à franchir une limite qu’elle n’avait jamais osé affronter seule.
Je pris une grande inspiration, puis je guidai doucement l’objet vers mon intimité. Le contact initial était froid et inattendu. Mon corps se tendit immédiatement, mais je ne voulais pas abandonner. Je poussai doucement, centimètre par centimètre, sentant la résistance naturelle de mon corps.
Un léger gémissement m’échappa lorsque l’objet s’inséra entièrement. Ce n’était pas douloureux, pas encore. Mais la sensation était étrangement intrusive, un mélange de gêne et de curiosité.
Le téléphone vibra à côté de moi, interrompant mes pensées.
"Bien. Maintenant, prends le deuxième objet."
Mes mains moites hésitèrent un instant avant de relâcher le premier objet pour attraper le suivant. Celui-ci était plus large, plus imposant. Un nœud se forma dans ma gorge.
Je m’agenouillai à nouveau, plaçant l’objet à l’entrée de mon corps. Cette fois, la résistance était plus forte. Je pris une profonde inspiration, tentant de me détendre, mais mon corps protestait.
Concentre-toi, Cloé. Tu peux le faire. Hector croit en toi.
Ces pensées me poussèrent à essayer à nouveau. Je fis des mouvements lents et calculés, tentant d’apprivoiser la sensation. La douleur était là, aiguë, mais supportable.
Quand l’objet finit par s’insérer entièrement, je laissai échapper un soupir tremblant. Mes muscles étaient tendus, mes jambes légèrement flageolantes.
Je jetai un coup d’œil au miroir. Mon visage était rouge, mes cheveux légèrement collés à ma peau par la sueur. Mais mes yeux… Mes yeux étaient différents. Il y avait une lueur dedans, quelque chose d’inattendu.
Un autre message arriva.
"Le troisième objet. Prends ton temps. Tu es presque prête."
Presque prête pour quoi ? Je ne comprenais pas encore.
Je saisis l’avant-dernier objet. Son poids dans ma main semblait disproportionné par rapport à ma propre force. Ce n’était pas seulement physique. Il représentait un obstacle mental que je devais surmonter.
Je me plaçai à nouveau. Ma respiration s’accéléra, et une fine couche de sueur apparut sur mon front. Mon corps refusait, mes muscles protestaient encore plus vivement.
Je fis une pause.
Le miroir me renvoyait l’image d’une femme en lutte, à la fois avec son corps et avec son esprit.
"Hector," murmurai-je à voix basse. "Donne-moi la force."
Puis je fis un nouvel effort. La douleur était plus vive cette fois, comme un feu qui se répandait lentement. Je dus m’arrêter à mi-parcours, mes mains tremblantes, mes jambes presque engourdies.
Mais je ne voulais pas abandonner. Pas maintenant.
Je poussai doucement, centimètre après centimètre, jusqu’à ce que l’objet trouve enfin sa place. Une larme roula sur ma joue, mélange de douleur et de soulagement.
"Regarde-toi, Cloé," arriva le prochain message. "Regarde comme tu es belle."
Je levai les yeux vers le miroir.
Et pour la première fois, je vis quelque chose que je n’avais jamais remarqué avant.
Ce n’était pas seulement mon corps que je voyais, ce n’était pas seulement cette posture soumise. Je voyais une femme qui affrontait ses peurs, une femme qui osait aller au-delà de ses limites.
Un dernier message arriva, plus simple, mais plus intimidant :
"Le dernier."
Je saisis le quatrième objet. Plus large, plus intimidant. Mes mains étaient moites, et mon cœur battait si fort que j’avais l’impression qu’il allait exploser.
Je plaçai l’objet, essayant de le guider doucement. Mais cette fois, la douleur était immédiate, violente. Je dus m’arrêter presque aussitôt, la respiration saccadée.
Non, Cloé. Tu peux le faire. Vas-y doucement.
J’entendis la voix d’Hector dans ma tête. Pas dans un message, mais dans mes souvenirs. "Tu es plus forte que tu ne le crois. Ne sous-estime jamais ce dont tu es capable."
Je pris une grande inspiration, laissant l’air remplir mes poumons, puis je fis un nouvel effort.
L’objet progressa lentement, millimètre par millimètre. Mes mains agrippaient le sol, mes ongles s’enfonçaient presque dans le parquet. Mes muscles brûlaient, mon corps protestait, mais je continuai.
Enfin, dans un dernier effort, l’objet s’inséra complètement.
Un cri m’échappa, étouffé par la douleur mais teinté d’une étrange satisfaction.
Mon corps tremblait, épuisé, mais je restai immobile, à genoux devant le miroir.
Le silence s’abattit sur la pièce, brisé uniquement par ma respiration haletante.
Le téléphone vibra une dernière fois.
"Regarde-toi, Cloé. Regarde ce que tu es devenue."
Je fixais mon reflet dans le miroir. Mon souffle était encore saccadé, mes lèvres légèrement entrouvertes, comme si je cherchais l’air dans cette pièce soudainement étouffante. Je voyais chaque détail : la rougeur sur mes joues, la fine pellicule de sueur qui brillait sur ma peau, et mes yeux… Mes yeux qui semblaient appartenir à une étrangère.
Qui étais-je devenue ?
L’objet en moi me donnait une sensation de plénitude étrange, presque irréelle. Ce n’était plus seulement un corps qui portait des marques ou franchissait des barrières. C’était un esprit qui oscillait entre soumission et révélation. Une part de moi pleurait encore la douleur physique que je venais de traverser, tandis qu’une autre s’élevait, vibrante, triomphante.
Le téléphone vibra une fois de plus, brisant le silence lourd qui pesait dans l’air.
"Répète après moi, Cloé. Dis les mots à haute voix. Regarde-toi et accepte."
Ma gorge se serra. Une nouvelle barrière mentale s’érigeait devant moi.
Je pris une inspiration profonde et écoutai la suite.
"Je suis née pour être à genoux, soumise et humiliée !"
Je laissai ces mots s’imprégner en moi. Je les murmurais à peine, hésitante, comme si j’avais peur de leur résonance dans la pièce vide.
"Je suis née pour être à genoux" répétai-je doucement, les yeux rivés à mon reflet. "soumise et humiliée !"
"Plus fort, Cloé. Tu dois te convaincre. Tu dois le sentir."
"Je suis née pour être à genoux, soumise et humiliée !" dis-je, la voix tremblante mais plus affirmée.
Quelque chose en moi se brisa à ces mots. Une barrière que je ne savais même pas avoir érigée.
"Encore."
Je me redressai légèrement, malgré l’épuisement, malgré la tension dans mes muscles.
"Je suis née pour être à genoux, soumise et humiliée !"
Cette fois, ma voix résonna, emplissant la pièce, m’enveloppant comme un écho.
Le téléphone vibra à nouveau.
"Maintenant, touche-toi, Cloé. Regarde-toi pendant que tu le fais. Sens-toi vraiment."
Mon corps était lourd, encore douloureux, mais je savais que c’était ce qu’il attendait. Non, ce n’était pas seulement pour lui. C’était aussi pour moi.
Je laissai mes doigts glisser sur ma peau, remontant lentement de mes cuisses à mon ventre. Chaque contact éveillait une nouvelle vague de frissons, un mélange de fatigue et d’excitation. Mon regard ne quittait pas le miroir, même lorsque mes doigts atteignirent ma poitrine, caressant doucement mes seins, mes tétons durcis par le froid de la pièce et par l’intensité du moment.
Je sentais chaque mouvement, chaque sensation, amplifiée par le poids de son regard invisible, par l’œil muet de la caméra qui captait tout.
Mes doigts continuèrent leur descente, traçant une ligne sur mon ventre, jusqu’à atteindre mon intimité.
L’objet encore en moi rendait chaque geste plus intense, chaque caresse plus électrisante. Je gémis doucement, presque malgré moi, alors que mes doigts s’attardaient sur mon clitoris, pressant légèrement, explorant avec une lenteur calculée.
"Regarde-toi," me murmurai-je, comme pour m’ancrer dans ce moment.
Et je le fis.
Je me regardai, vraiment, pour la première fois.
Je vis une femme en quête d’elle-même. Une femme qui acceptait ses désirs, ses contradictions, ses faiblesses et sa force. Une femme qui, malgré tout, se sentait vivante.
Le téléphone vibra encore, m’arrachant à ma contemplation.
"Cloé, jouis pour toi. Regarde-toi et jouis."
Ces mots résonnèrent en moi avec une puissance inattendue.
Je fermai les yeux un instant, laissant mes doigts accélérer leur mouvement. Mon souffle s’intensifia, se coupant par moments, tandis que la tension dans mon corps atteignait son apogée.
Quand l’orgasme arriva, il me submergea entièrement. Mon corps se cambra, mes doigts se figèrent un instant avant que la vague ne déferle, incontrôlable. Je laissai échapper un cri, brut et sincère, qui résonna dans la pièce comme une déclaration.
Je restai là, à genoux, tremblante, essoufflée, le visage rougi, les larmes coulant doucement sur mes joues.
Mais ces larmes n’étaient pas de douleur. Elles étaient quelque chose d’autre. Un mélange de libération, de gratitude, et d’une étrange fierté.
"C’est suffisant. Éteins la caméra, rhabille-toi et pars."
La simplicité de ses mots me ramena à la réalité.
Je me relevai lentement, mes jambes faibles, mes muscles engourdis. Chaque mouvement réveillait une douleur sourde, mais je n’y prêtais plus attention.
Je retirai les objets, les nettoyai comme il l’avait demandé, puis éteignis la caméra.
Quand je me rhabillai, mes doigts tremblaient encore légèrement. La robe glissa sur ma peau, mais cette fois, elle ne semblait plus me couvrir. Je me sentais exposée, nue, malgré le tissu.
En quittant l’appartement, je m’arrêtai une dernière fois devant le miroir.
Mon reflet me renvoyait une image différente.
Je n’étais plus cette femme hésitante qui était entrée quelques heures plus tôt.
J’étais quelqu’un d’autre.
Et cette fois, je ne pouvais plus détourner le regard.
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