Chapitre 41 : Le doute

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Maeva est enfin rentrée de vacances. Elle m’a envoyé un message hier soir pour me proposer qu’on passe l’après-midi ensemble. J’ai accepté sans hésiter. Après tout, elle est la seule personne à qui j’ai confié une partie de mon secret, celle qui connaît ma relation avec Hector. Mais même avec elle, je me sens de plus en plus… sur la défensive.

Elle est venue me chercher vers midi, toujours rayonnante, avec ses cheveux parfaitement lissés et son sourire éclatant. Maeva a ce don de rendre les choses faciles, presque normales, même quand ma tête est en chaos.

— "Allez, grimpe ! J’ai un endroit parfait pour toi. On va pique-niquer et décompresser."

Elle a mis de la musique en voiture, chantant à tue-tête sur une chanson pop des années 2000. Moi, je regardais par la fenêtre, perdue dans mes pensées. Hector. Matt. Lefèvre. Tout se mélangeait dans ma tête, comme un puzzle impossible à assembler.

Le lieu qu’elle avait choisi était magnifique : un grand pré bordé par une rivière, loin de tout. On a étalé une couverture, sorti des sandwiches et du vin qu’elle avait apportés, et on s’est installées sous un arbre.

— "Alors, raconte," a-t-elle dit après une gorgée de vin. "Hector t’a donné quelque chose de croustillant pendant que j’étais partie ?"

Son ton était léger, presque amusé. Mais moi, je me suis raidie. Je ne savais pas quoi répondre. Hector et moi n’avions pas vraiment échangé depuis quelque temps, jusqu’à son dernier défi. Et même maintenant, cette relation me semblait comme une corde tendue sur le point de se rompre.

— "Pas grand-chose," ai-je murmuré. "Il est resté assez… silencieux, ces derniers temps."

Maeva a haussé un sourcil, un sourire en coin.

— "Silencieux, Hector ? Voilà qui est surprenant. Ce n’est pas vraiment son genre, si tu veux mon avis. Tu crois qu’il prépare quelque chose ?"

Je l’ai regardée, cherchant à comprendre son intention. Parfois, j’ai l’impression qu’elle s’amuse de ma relation avec Hector, comme si elle regardait une série dramatique dont elle connaissait déjà la fin. Mais d’autres fois, comme aujourd’hui, ses paroles me mettent mal à l’aise.

— "Je sais pas," ai-je fini par dire, en baissant les yeux. "Peut-être qu’il s’ennuie de moi."

Elle a éclaté de rire.

— "S’ennuyer de toi ? Impossible. Tu sais bien que tu es son jouet préféré, Cloé."

Le mot jouet m’a frappée comme une claque. Je sais que Maeva aime provoquer, mais cette fois, ça m’a fait mal. Parce qu’au fond, elle avait raison. Je n’étais rien de plus qu’un pion dans le jeu d’Hector. Et ce constat me hantait plus que je ne voulais l’admettre.

— "Tu sais, Cloé," a-t-elle ajouté en s’adossant contre l’arbre, "je trouve ça fascinant. Ce pouvoir qu’il a sur toi. Tu es intelligente, forte, mais avec lui… tu te transformes. C’est comme si tu devenais quelqu’un d’autre. Et parfois, je me demande : est-ce que cette version de toi, celle qu’Hector contrôle, n’est pas la vraie Cloé ?"

Ses mots ont résonné en moi comme une décharge électrique. La vraie Cloé. Était-ce ce que je voulais vraiment ? Ou était-ce simplement ce que j’avais laissé Hector faire de moi ?

— "Je sais pas, Maeva," ai-je murmuré. "Je sais plus…"

Elle m’a observée un instant, son regard perçant, presque calculateur. Puis elle a haussé les épaules avec un sourire.

— "Ne t’en fais pas. Je suis sûre qu’Hector saura te rappeler qui tu es. À sa façon."

Sa voix était douce, mais il y avait quelque chose d’effrayant dans son ton. Une certitude, comme si elle en savait plus que ce qu’elle laissait entendre. Comme si elle était elle-même une pièce du puzzle qu’Hector avait construit autour de moi.

On a continué à parler de tout et de rien, mais une part de moi ne pouvait pas s’empêcher de repenser à ses mots. Et surtout, à la manière dont elle les avait prononcés. Pourquoi avais-je l’impression qu’elle en savait plus qu’elle ne voulait bien le dire ? Est-ce qu’Hector lui avait parlé ? Est-ce qu’ils étaient… en contact ?

Le reste de l’après-midi s’est déroulé sans accroc, mais je me sentais tendue, presque paranoïaque. Je n’arrivais pas à me détendre, à profiter du moment. Et Maeva, malgré ses sourires et son attitude légère, ne semblait pas tout à fait sincère.

Sur le chemin du retour, elle a mis de la musique, chantant à nouveau comme si de rien n’était. Mais moi, je fixais la route, perdue dans mes pensées. Chaque mot qu’elle avait prononcé tournait en boucle dans ma tête, m’enfermant un peu plus dans mes doutes.

Quand elle m’a déposée chez moi, elle m’a fait un grand sourire et a lancé :

— "Tu verras, tout finira par s’éclaircir, Cloé. Fais-moi confiance."

J’ai hoché la tête, incapable de répondre.

Je suis rentrée chez moi avec un sentiment de malaise profond. Maeva est ma meilleure amie, celle à qui j’ai confié une partie de mon secret… mais aujourd’hui, pour la première fois, j’ai douté.

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