Chapitre 51 : Une ombre familière

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Ils sont arrivés par vagues, comme une marée inexorable qui envahit lentement ma conscience.

D’abord, des bruits de pas, lourds et rythmés, ont résonné dans l’entrepôt, se mêlant à l’écho sourd des portières qui se refermaient derrière eux. Chaque son semblait amplifié par l’immensité de l’endroit, mon cœur battant en harmonie avec ces percussions. Je pouvais entendre des murmures, des mots échangés à mi-voix, mais ils se perdaient dans l’écho métallique des murs, comme des secrets destinés à ne jamais être révélés.

Je ne savais pas combien ils étaient. Même en essayant de compter leurs silhouettes qui se déplaçaient constamment, mes pensées embrouillées par l’adrénaline et une excitation croissante m’empêchaient d’être certaine.

Onze. Douze. Treize... Non, quatorze.

Ils se rapprochaient, leurs silhouettes sombres se dessinant dans la lumière tamisée. Leurs visages étaient en partie dissimulés par des ombres, mais je pouvais sentir leurs regards sur moi, un mélange de désir et d’avidité. Une chaleur oppressante pesait dans l’air, presque palpable, ajoutant à l'intensité du moment.

L’un d’eux s’est avancé. Il avait une démarche confiante, presque arrogante. Son regard a croisé le mien, et dans ses yeux, il y avait une intensité qui m'a fait frissonner. J’ai baissé les yeux, sachant déjà ce qu’il attendait. Sans un mot, il a sorti son sexe, déjà dur et palpitant, et l'a placé devant mon visage. J’ai senti une chaleur monter en moi, un mélange de soumission et de désir.

Je me suis exécutée avec un soin méticuleux, prenant mon temps, ma langue explorant chaque centimètre de sa chair tendue. Chaque mouvement était un acte de dévotion, chaque succion un hommage à ce moment intense. Il a joui dans ma bouche, son goût salé et musqué envahissant mes sens, et j’ai avalé, une sensation de plénitude m'envahissant.

Les minutes se sont transformées en une éternité, chaque homme apportant son propre rythme, sa propre saveur. Mon esprit s’est déconnecté, il flottait dans un mélange de plaisir et de satisfaction. Ce mécanisme d’autoprotection s'était transformé en un rituel de jouissance où le corps et l'esprit étaient en harmonie.

Chaque homme agissait différemment. Certains restaient silencieux, concentrés, tandis que d'autres m’encourageaient, m’insultaient ou parlaient entre eux, échangeant des mots que je ne comprenais pas toujours. Ils partaient dès qu’ils avaient obtenu ce qu’ils voulaient, remplacés aussitôt par un autre, dans une chorégraphie sordide mais étrangement excitante où j’étais l'unique actrice principale. L'un après l'autre, je les prenais dans ma bouche, savourant chaque éjaculation avec un plaisir coupable.

Mais alors que je me concentrais sur leur plaisir, un détail inattendu a capté mon attention au moment où le cinquième homme se vidait dans ma bouche.

Au loin, par-delà les grandes fenêtres poussiéreuses de l’entrepôt, une voiture.

Mon cœur s’est arrêté une seconde.

Elle était garée à quelques dizaines de mètres, juste à la lisière de la lumière faiblarde des lampadaires extérieurs. Son capot brillait légèrement sous la lumière froide.

Elle semblait familière.

Non. Non, ce n’est pas possible.

Je me suis légèrement penchée pour mieux regarder, mon esprit se battant contre cette intuition dérangeante. Mais à peine avais-je bougé qu’une voix, sèche et autoritaire, m’a rappelée à l’ordre :

— "Reste concentrée."

Je me suis immobilisée immédiatement, reprenant ma position. Mais mon esprit était en feu. Cette voiture… Je la connaissais. J’en étais presque certaine.

C’était celle de Sabrina.

Je me forçais à continuer, mais chaque geste devenait de plus en plus mécanique.

Mon esprit, lui, était ailleurs. Pourquoi ? Pourquoi cette voiture ? Pourquoi ici, dans cet endroit isolé, à plus de cinquante kilomètres de chez elle ? Sabrina ne devait pas être là. Elle était malade, clouée au lit, c’est ce qu’elle m’avait dit.

Chaque seconde qui passait alourdissait mon souffle. Mes mouvements étaient plus lents, moins fluides. Je n’arrivais pas à détacher mes pensées de cette voiture.

Puis, je l’ai vue.

Dans le reflet de l’une des grandes fenêtres de l’entrepôt, son visage.

C’était fugace, un instant à peine, mais suffisant pour me pétrifier. Sabrina.

C’était elle. Ses traits, son expression… cette même allure qu’elle avait toujours, mais teintée d’une gravité que je ne lui connaissais pas.

J’ai senti mon corps se raidir. Mon esprit s’emballait. Ce n’était pas possible. Comment pouvait-elle être là ? Comment savait-elle ?

Un frisson glacé m’a traversée.

Peut-être que c’était une hallucination. Peut-être que mon esprit, poussé par la fatigue et la tension, me jouait un mauvais tour. Mais non. Ce n’était pas une hallucination.

C’était elle.

Même en continuant ce que je faisais, mon esprit restait fixé sur elle.

Elle se tenait là, dans l’obscurité, à moitié dissimulée par l’ombre d’un pilier, mais suffisamment visible pour que je sache que ce n’était pas une erreur.

Pourquoi Sabrina était-elle là ? Pourquoi ?

Je me suis souvenue de ses sourires, de ses encouragements, de sa manière d’être toujours là pour moi, comme une sœur. Et maintenant, elle était là, témoin de quelque chose qu’elle n’aurait jamais dû voir.

Une panique sourde a commencé à m’envahir. Mon corps continuait d’obéir aux attentes des hommes autour de moi, mais mon esprit sombrait dans une spirale de confusion et de terreur.

Hector avait toujours insisté sur une chose : tout devait rester secret. Personne ne devait savoir. Personne. Et pourtant, Sabrina savait.

Mon regard cherchait désespérément des réponses dans le reflet, mais Sabrina restait immobile, comme une statue. Ses yeux semblaient braqués sur moi, perçants, accusateurs.

Je ne pouvais pas dire si elle comprenait ce qu’elle voyait. Si elle réalisait vraiment l’ampleur de ce à quoi elle assistait.

Chaque seconde ajoutait une couche de confusion et de terreur dans mon esprit. Hector m’avait donné des instructions claires. Tout cela devait rester invisible, enterré dans l’ombre.

Mais maintenant, cette ombre avait une faille, et Sabrina s’y tenait, la brisant avec son regard.

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