Chapitre 55 : Le point de rupture

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Le silence de ma chambre était lourd. Oppressant.

Je fixais le plafond, les pensées embrouillées, incapable de trouver une issue à tout ce qui se passait. Je ne savais plus quoi faire. Je ne savais même plus qui j’étais.
Sabrina. Matt. Hector. Tout tournait dans ma tête, comme un ouragan dévastant tout sur son passage.

C’est alors que mon téléphone a vibré. Une fois. Puis deux. Puis trois. Et il n’a pas arrêté.

"Hector : Demain, c’est le grand jour, Cloé. Le plus grand des défis. "

Je n’ai pas réagi tout de suite. J’ai juste regardé l’écran, le souffle suspendu, espérant presque que ce soit une hallucination. Mais à peine quelques secondes plus tard, un autre message est arrivé.

"Hector : Demain, tu te dévoiles au monde. C’est enfin l’heure de briller, ma chère Cloé. "

Un frisson glacial m’a traversée.
Avant que je ne puisse poser mon téléphone, un troisième message est apparu. Puis un quatrième. Et un cinquième.

"Hector : Je t’ai préparée pour ce moment depuis le tout début.
Hector : Chaque défi, chaque pas, chaque choix t’a menée ici.
Hector : C’est MA journée. MA victoire. Et tu en es l’héroïne."

Mon cœur battait si fort que j’avais l’impression qu’il allait exploser.
Les messages s’enchaînaient, presque sans pause. Hector n’avait jamais été comme ça. Jamais.

Le ton était différent. Plus rapide. Plus… frénétique.

Il était heureux. Exalté. Mais d’une manière qui me glaçait le sang.

"Hector : J’ai attendu ça pendant des années.
Hector : Tout se paie, Cloé. Et demain, c’est ton tour.
Hector : Tu seras enfin libre. Mais avant ça, il faut que tout le monde sache. "

Libre ?
Non. Ce n’était pas la liberté qu’il me promettait. C’était l’exact opposé.
Je tremblais, mes doigts serrant mon téléphone si fort que mes jointures blanchissaient.

"Hector : Je suis fier de toi. Tellement fier. Demain, tout le monde verra à quel point tu es spéciale." :clown:

Je voulais lui répondre. Lui hurler de se taire. De me laisser tranquille. Mais je savais que ça ne servirait à rien.
Il avait attendu ce moment depuis des années. Et moi, je n’avais aucune idée de ce qu’il préparait.

"Hector : Prépare-toi, Cloé. Demain, c’est TA rentrée.
Hector : Et crois-moi, personne ne l’oubliera jamais."

Mon estomac s’est tordu, une nausée oppressante montant en moi comme une vague prête à déferler.
Je me suis redressée sur mon lit, les mains tremblantes, incapable de respirer correctement.
Ce n’était pas un défi. C’était un cauchemar, et il était sur le point de devenir réalité.

Qu’avait-il fait ?

Les messages continuaient d’arriver, mais je n’arrivais plus à les lire. Les lettres dansaient sur l’écran, brouillées par mes larmes qui coulaient silencieusement, inarrêtables.
Je me suis levée, titubante, et j’ai traversé ma chambre pour aller ouvrir la fenêtre.

L’air frais a frappé mon visage, mais même ça ne m’a pas calmée. Mon souffle était court, rapide, presque douloureux. J’avais l’impression que mes poumons refusaient de fonctionner.

Demain.
Qu’allait-il se passer demain ?

Je fixais la rue en contrebas, le vide s’étendant devant moi comme une mer sombre et insondable.
Hector n’avait jamais parlé comme ça. Jamais avec cette intensité. C’était comme s’il était ivre de pouvoir, comme si le moment qu’il attendait depuis toujours était enfin arrivé.

"Non…" ai-je murmuré à voix basse, ma voix se brisant sur le mot.

Je me suis retournée, fixant mon téléphone toujours posé sur mon lit, vibrant encore alors qu’un énième message apparaissait.

Je l’ai ramassé, mes mains tremblant si fort que je n’arrivais presque pas à déverrouiller l’écran.

"Hector : Rappelle-toi, Cloé. Tu ne peux pas m’échapper. Jamais. Tu es à moi. "

Les mots me brûlaient les yeux. Mon corps était parcouru de frissons, comme si j’étais exposée à un froid glacial.

Je me suis laissée tomber sur le sol, le téléphone glissant de mes mains. Mon cœur battait si fort que j’avais l’impression qu’il allait exploser.

Et puis, j’ai entendu une petite voix. La mienne. Faible, tremblante, presque inaudible.

"Il faut que ça s’arrête. Il faut que ça s’arrête maintenant."

Mais comment ?

Mon esprit était une spirale de pensées confuses et d’images floues. Les hommes de l’entrepôt. Sabrina, son visage déformé par la colère et la trahison. Matt, que je ne pouvais même plus affronter. Et Hector, toujours là, comme une ombre dans mon esprit, murmurant ses ordres et ses promesses empoisonnées.

Je voulais fuir. Mais il n’y avait nulle part où aller.
Je voulais crier. Mais aucun son ne sortait.

Demain.

Le mot résonnait dans ma tête, comme une cloche funèbre.

Demain.

C’était la seule chose qui me séparait du gouffre.

Et cette fois, je savais que je ne pouvais pas reculer.

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