Chapitre 58 : La vérité dévoilée

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Je ne sais pas comment je suis arrivée jusqu’à chez Maeva.
Mes jambes me portaient mécaniquement, mes pensées tourbillonnaient dans un chaos insupportable. Le puzzle que je refusais de voir depuis si longtemps s’assemblait enfin, morceau par morceau, et tout me ramenait à elle. Chaque silence suspect. Chaque regard. Chaque mot prononcé entre les lignes.

Quand je suis arrivée devant sa maison, tout était d’un calme anormal. Trop calme. Ce genre de silence oppressant qui vous fait douter de votre propre perception.

J’ai sonné une première fois. Puis une deuxième.
Rien.
J’ai frappé à la porte, mes poings résonnant contre le bois avec une insistance désespérée.
"Maeva ! Ouvre ! Je sais que tu es là !"
Pas un bruit. Pas un mouvement à l’intérieur.

Je me suis emparée de mon téléphone, mes mains tremblantes, et je l’ai appelée. Une fois. Deux fois. Chaque tonalité semblait s’éterniser, jusqu’à ce que la messagerie reprenne le relais.

Puis, mon téléphone a vibré.
Un message.

Je l’ai ouvert avec une appréhension viscérale, mon cœur battant à tout rompre.
C’était un emoji.
Un clown.

J’ai senti le sang se figer dans mes veines.
Un clown. Juste ça. Mais ce n’était pas "juste ça." Ce simple emoji m’a ramenée immédiatement aux messages d’Hector. À ses mots sadiques de la veille, à sa promesse de faire de cette journée "mon grand jour."

La rage a pris le dessus.
Elle m’a envahie comme une vague glacée, brûlante à la fois, me consumant entièrement.
Je ne pouvais pas partir sans savoir. Je devais comprendre. Je devais affronter Maeva et découvrir pourquoi.

Mes yeux se sont posés sur la fenêtre du salon. Une fraction de seconde plus tard, je me suis emparée d’une pierre dans le jardin.
Le verre a volé en éclats, le bruit se répercutant dans la rue silencieuse. Mais je n’en avais rien à faire. Rien ne comptait plus.

Je me suis glissée à l’intérieur, mes pieds écrasant les morceaux de verre. La maison qui m’avait toujours semblé familière était désormais étrangère. Chaque recoin, chaque ombre semblait hostile, complice de son silence.

Je me suis mise à fouiller.
Les tiroirs, les placards, les étagères. J’ouvrais tout, dérangeant chaque espace comme si je cherchais une bombe prête à exploser. Mais rien. Absolument rien.
Je suis montée dans sa chambre, là où je savais qu’elle gardait toujours ses affaires importantes. Je me suis ruée vers son placard, jetant ses vêtements sur le sol, fouillant sous le lit, cherchant un indice, une trace. Toujours rien.

Puis, mes yeux se sont posés sur son bureau.

Son ordinateur.

Je me suis précipitée, l’ai allumé, mes gestes nerveux et désordonnés.
Le mot de passe. Je devais trouver le mot de passe.

Mes doigts ont tapé frénétiquement, essayant les premières choses qui me venaient à l’esprit. Son nom. Sa date de naissance. Rien ne fonctionnait. Jusqu’à ce que je m’arrête.

Marius.

J’ai tapé la date de sa mort.
L’écran s’est débloqué immédiatement.

Un vertige m’a saisie.

Une fois sur le bureau, je me suis jetée dans les dossiers, fouillant frénétiquement les mails, les documents, les fichiers. Mais tout semblait vide. Rien ne sortait de l’ordinaire.

Puis, un éclat de lumière sur son bureau a attiré mon attention.
Une petite clé USB, posée à moitié cachée sous un carnet.

Je l’ai attrapée.
Mon souffle s’est accéléré, mes mains tremblaient. Je savais que c’était là. Je savais que tout ce que je cherchais était contenu dans cet objet minuscule.

Je l’ai branchée.

Quand les fichiers sont apparus sur l’écran, mon estomac s’est noué.

Il y avait des dossiers. Plusieurs.
Je les ai ouverts un par un, chaque clic résonnant comme une détonation dans mon esprit.

Le premier dossier, intitulé "Photos," contenait toutes les images que j’avais envoyées à Hector. Classées, organisées, méthodiques. Chaque photo, chaque détail intime que je pensais perdu dans les abysses de notre relation virtuelle était là, exposé.

Le deuxième dossier, "Vidéos," contenait cette fameuse vidéo de moi devant le miroir.
Je n’ai pas eu le courage de la lancer.

Mais c’est le troisième dossier qui m’a anéantie.
"Conversations."

Je l’ai ouvert, et ce que j’y ai trouvé m’a glacée.

C’était une archive complète de mes échanges avec Hector. Mais en parcourant les fichiers, une vérité terrifiante m’a sauté aux yeux : ce n’étaient pas des conversations réelles.

C’étaient des scripts.

Chaque message, chaque mot avait été rédigé, préparé à l’avance. Les réponses, les timings, les réactions d’Hector… Tout avait été calculé, scénarisé. Hector n’avait jamais existé. Tout cela venait de Maeva.

C’est elle qui avait orchestré tout ça.
C’est elle qui m’avait manipulée depuis le début.
Et c’est elle qui avait envoyé un message à Sabrina, ce fameux soir, pour lui dire où me trouver.

Je tremblais de tout mon corps, mais je n’avais pas fini.
Dans un coin du bureau virtuel, il y avait un dernier fichier.
Un document Word.

Je l’ai ouvert, et mes yeux ont parcouru le texte comme si ma vie en dépendait.

C’était un journal.

Dans ce journal, Maeva s’adressait à moi, directement, comme si elle me parlait à travers le temps. Chaque mot était une arme, chaque ligne un coup.
Elle m’accusait de la mort de Marius.
Elle m’insultait, me haïssait, me déshumanisait.

Et elle expliquait.

Elle expliquait comment elle avait tout planifié, pièce par pièce. Comment elle avait attendu patiemment, pendant des années, pour se venger.
Chaque défi, chaque humiliation, chaque manipulation… Tout.

Je suis restée figée devant l’écran, mes yeux fixés sur ces mots, mon esprit incapable de les absorber pleinement.

C’était elle.
C’était Maeva depuis le début.

Je me suis levée, titubante, mes jambes sur le point de céder sous le poids de cette vérité.
Mon esprit était un tourbillon de colère, de douleur, de désespoir.

Je savais maintenant.

Et Maeva allait devoir faire face.

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