Bella et Melula

— Alors qu’en pensez-vous ? Pas mal non ?

  Médusés, les gnomes regardaient les deux huttes réparées façon cubiste ou selon le style déconstructiviste ! Magnifique prestation mais un rien déplacée dans ce village tout simple.

— Moi je trouve ça très bien – réagit Bella en s’adressant au chef du village – je pense que nous sommes quitte, alors je vais vous débarrasser de mon dragon nous devons partir car nous sommes invitées à dîner ce soir chez les Fouettard et étant donné la distance je crois qu’il nous faut démarrer sans tarder.

  Enfourchant son terrible engin, Melula sur le tan-sad, le dragon à vapeur s’éleva silencieusement et disparut bientôt au bout du chemin.

—Tu es sûre qu’il vaut mieux faire un détour par la colline ?

— Oui il existe un nœud de l’espace qui permet de raccourcir considérablement, là, tu vois entre les rangées d’arbres, vas-y ! Hop ! Nous sommes passées et maintenant, avec ton engin, nous sommes à trois minutes du palais Fouettard, c’est beau la technique, avec mon balai on n’irait pas aussi vite ni aussi confortablement.
  Bella négocia un atterrissage parfait devant des gobelins attentifs qui se précipitèrent pour briquer le dragon.

— Pas touche, sinon il mord !

— Ne t’en fais pas, ils veulent juste le nettoyer ! Voilà notre hôte qui approche.

— Melula, chère voisine comment vas-tu ? Présente-moi ta charmante amie !

— Bella est une authentique et honorable chasseuse de primes venue passer quelques jours de vacances dans ma modeste demeure. Bella, voici Jean-Balthazar Fouettard notre hôte.

  Il prit la main qu’elle lui tendait et l’attirant à lui, plaqua un baiser sur chacune de ses joues, fit de même avec Melula et dit :

— Je suis ravi de rencontrer une chasseuse de primes, Bella, ici tout le monde m’appelle JB, entrons pour saluer mes autres invités.

  D’un geste il fit signe aux gobelins en livrée qui attendaient devant la porte du salon pour les débarrasser de leurs manteaux.

— Voici Gérard, un ami qui tient la seule auberge fréquentable de Noëlie, sa compagne Charlotte, l’adorable Thalina que j’ai rencontrée à New York et qui est aussi en vacances ici avec son amie la jolie Fleur, c’est son nom, James Brian l’un des conseillers de Mr Quincey le président de Coca Cola, le général Mordor responsable de la sécurité dans notre état, le commissaire Dartagnan chef de la police, Monsieur Trondu, l’ingénieur en chef responsable de notre unité industrielle. Voilà, nous attendons Marie Noël, la fille du Père Noël, le premier administrateur de la Noëlie, mon père étant le second, allons prendre l’apéritif si vous le voulez bien !

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Entre Fouettard et Noël

— Voyez Monsieur Jacques, nous arrivons à l’heure pour le dîner, il n’est pas encore neuf heures.

— Parfait Rose, on dirait qu’il y a du monde dehors.

— Oui, je crois que JB a invité quelques amis.
— JB ?

— Jean Balthazar le fils des Fouettard, disons que nous sommes très amis lui et moi, pour tout dire il me courtise.

— Ah, très bien !

  Rose se gara au bout du chemin où se tenaient deux gobelins équipés du matériel nécessaire pour nettoyer la voiture. Depuis les marches du perron, à une trentaine de mètres, un grand gaillard blond descendait à leur rencontre en faisant de grands gestes. Il la serra dans ses bras en lui faisant la bise puis se tournant vers Jacques :

— Bonsoir, avez-vous fait bonne route, je vois que Rose a sorti son bijou du garage, n’ayez crainte, les gobelins vont la lustrer et la faire briller comme neuve. Je suis Jean-Balthazar Fouettard enchanté de vous rencontrer monsieur…

— Jacques Soldat, je suis représentant en jouets pour un groupement de fabricants européens et Mademoiselle Noël m’a convié à votre soirée ne voulant pas traverser seule la forêt.

— Tu sais bien qu’il n’y a aucun risque, Rose, le dernier croque-mitaine a été expulsé de Noëlie il y a des années, mais tu as très bien fait, venez donc que je vous présente à quelques amis qui attendent dans le salon.

— Je ne savais pas que tu avais d’autres invités !

— Ce sont tous des amis intéressants, vous ne vous ennuierez pas.

  Jacques ignorait que sa capitaine et l’agent spécial seraient là, mais ne dit rien lorsqu’on les présenta, en entendant la profession de Bella , il comprit immédiatement à qui il avait affaire et à la première occasion il engagea la conversation.

— Dites-moi mademoiselle Bella, j’ai l’impression de vous avoir déjà croisée…

  Ça y est, pensa-t-elle, un dragueur ! Avec en plus une technique datant du moyen-âge, même ici ils ne vont pas me lâcher les santiags ! Il va me faire le coup du "souviens-toi" !

— À Rio il n’y a pas très longtemps, vous montiez dans un petit village sur le flanc d’un coteau.

  Interloquée, ne s’attendant pas à trouver son correspondant au cours d’une soirée impromptue elle hésita avant de répondre :

— Ah oui ! Un petit village là-haut caché sous les fleurs !

— C’est ça, les fleurs sauvages, vous êtes en vacances ici donc ?

— Oui chez une amie, Melula. Nous aurons sans doute l’occasion de parler de Rio au cours de la soirée, je crois qu’on nous appelle pour le dîner.

— En effet, à plus tard donc.

  Dans l’immense salle à manger, sur une grande table ronde étaient disposés douze couverts. Les gobelins indiquaient à chacun sa place, JB avait Thalina à droite et Rose à gauche Jacques étant assis entre Rose et le conseiller Coca Cola ensuite on avait placé la capitaine Fleur, le général, Mélula, le commissaire, Bella, Gérard, Charlotte et l’ingénieur se trouvait à droite de Thalina. Les conversations allèrent bon train durant le repas, le champagne coulait à flots, Rose semblait stressée car JB passait beaucoup de temps en discussion avec Thalina dont il était très rapproché au point que leurs épaules se frôlaient. Le repas terminé JB proposa de prendre le café dans le salon où les gobelins avaient disposé les meubles de façon à offrir une piste de danse au centre de la pièce. Un orchestre commença à jouer piano, quelques morceaux classiques, puis après les liqueurs, sur un signe de JB ils interprétèrent quelques chansons modernes et dansantes en jouant plus fort, et JB prenant la main de Thalina l’emmena au centre pour un rock endiablé, suivi de Gérard et Charlotte puis de la capitaine et le conseiller Coca, Melula et Bella dansèrent ensemble et Rose fut invitée par le général . Dès la fin de la danse elle vint s’asseoir près de Jacques qui l’invita pour un tango.

— Voyez-vous cette fille avec JB ?

— Oui, pourquoi ?

— La connaissez-vous ? J’ai remarqué qu’elle vous regarde souvent tout en flirtant ouvertement avec JB, lequel m’ignore complètement maintenant.

— Je ne connais personne d’autre que vous ici, vous m’aviez dit que JB était votre petit ami en quelque sorte…

— Pas vraiment, il me courtisait, mais je pense qu’il m’a oubliée. Retournons nous asseoir, la danse n’est pas vraiment votre fort, dit-elle en l’entraînant vers les portes vitrées donnant sur le jardin d’hiver sous le regard courroucé de la capitaine Fleur qui dansait avec l’ingénieur.

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Coup de froid à Mohammédia

— Agent Costello, entrez, je n'ai pas trop de temps, mais je dois vous informer que vous allez devoir mettre fin à vos congés.

— Comment ça, c'était mon premier jour !

— Je sais, les ordres viennent d'en-haut, vous prenez l'avion pour Lyon dès ce soir, voici votre billet, vous avez rendez-vous demain matin à la direction générale avec tous ceux impliqués dans l'enquête sur les transferts de drogue que vous avez suivis, prévoyez des vêtements chauds je crois qu'ensuite vous partez dans le grand nord.

— Co... comment ça ? Bégaya-t-elle de fureur contenue.

— En avion ! Répondit-il avec un grand sourire, dépêchez-vous celui pour Lyon décolle dans trois heures, une voiture passera vous prendre chez vous dans deux heures, bon voyage.

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JI 03/04/19