Chapitre 6
Partie 6
Lyon st-Exupéry
Après avoir suivi à la trace les trafiquants depuis Marseille, l’agent Yaëlle et ses collègues lyonnais observèrent le chargement dans un biréacteur privé sur le tarmac de Saint-Exupéry dont la destination officielle était Chisinau en Moldavie. Ils avaient ordre de ne pas intervenir. Après son décollage, il a effectivement pris la direction de Chisinau où il a atterri trois heures plus tard. Les colis ont été transportés sur un camion qui a ensuite pris la route vers l’est en direction de la Transnistrie, région russophone en sécession dans laquelle Interpol n’a pas de représentant. Fin de la traque car à partir de là, ils pourront se rendre n’importe où.
Pour l’heure, Yaëlle attend l’agent Costello qui arrive de Rabat pour l’accompagner jusqu’au siège d’Interpol où elles sont convoquées par la direction générale afin de décider de la marche à suivre dans cette enquête au retentissement international, mais gardée secrète par les autorités, normal on ne peut pas traiter le Père Noël comme un vulgaire mafieux sans preuves solides
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Conciliabule dans la véranda
Dans le grand jardin d’hiver faiblement éclairé, la lumière tamisée laissait dans l’ombre les extrémités de cette gigantesque pièce. Au milieu des plantes et des fleurs multicolores, dans un angle de la véranda, Rose l’entraina vers un grand sofa en rotin recouvert de coussins où elle se lova comme un petit chat. Jacques prit place à ses côtés. Elle lui raconta son enfance à Paris chez les sœurs. Sa joie profonde en apprenant à l’âge de douze ans qui était sa mère et les raisons de son abandon, sa tristesse aussi de savoir qu’elle était morte peu après sa confession en lui demandant pardon et surtout le médaillon qu’elle lui avait laissé avec un message énigmatique alors : « Tu es la fille du Père Noël, contacte-le, montre-lui ce médaillon, il me l’a offert. » Elle parlait d’une voix douce et si triste qu’il lui prit la main pour la consoler quand ils entendirent un faible murmure provenant de l’autre extrémité de cette galerie. Sans un mot, d’un commun accord, ils se dirigèrent silencieusement vers la source du conciliabule. Dissimulés derrière de grandes plantes en pots ils virent James Brian, le conseiller Coca Cola et l’ingénieur chef Trondu discutant à voix basse. Ils ne captaient que des bouts de phrases indistincts. Rose, petite et mince s’accroupit pour s’approcher plus près en se cachant derrière un grand vase chinois, juste derrière les deux conspirateurs. Ce qu’elle entendit la stupéfia. Dès qu’ils s’éloignèrent pour retourner dans le salon par l’une des portes-fenêtres, Elle se précipita dans les bras de Jacques et lui raconta en sanglotant ce qu’elle avait surpris de leur entretien. Entendant cela, Jacques sentit ses cheveux se dresser sur sa tête, tellement cela paraissait invraisemblable, monstrueux, diabolique !
— Rentrons à l’intérieur, il faut que je voie quelqu’un.
La capitaine et l’agent spécial dansaient à l’autre bout de la salle et avaient l’air de s’amuser, Jacques ne voyait pas comment les interrompre sans attirer l’attention des comploteurs. Il s’aperçut alors que l’agent de la DEA était un peu à l’écart en train d’admirer les collections présentées dans les vitrines alignées contre les murs. Il s’approcha tranquillement tandis que Rose s’asseyait dans un fauteuil.
— De bien belles céramiques ! dit-il en montrant deux vases grecs anciens. Ils ont réuni une magnifique collection d’antiquités dans cette vitrine ! Où est votre amie Melula ?
— Elle danse là-bas, dansons également pour ne pas nous faire remarquer.
— Parfait, avec l’aide de Rose, je viens de surprendre une conversation entre le dirigeant de Coca Cola et l’ingénieur Trondu.
— N’est-elle pas la fille du Père Noël ?
— Oui c’est exact mais elle n’est pas mêlée au trafic et y est même opposée.
— Méfiez-vous, elle veut peut-être vous le faire croire pour vous tirer les vers du nez.
— Je ne le crois pas, elle paraît sincèrement écœurée et bouleversée par ce que nous avons appris. Regardez la grande brune qui danse avec JB…
— Qui roucoule avec lui voulez-vous dire ?
— Je ne sais pas si elle roucoule mais je sais que c’est un agent spécial de la CIA qui enquête sur notre affaire en compagnie de la capitaine Fleur d’Interpol, mon officier.
— Je savais qu’il y avait un agent de la CIA sur cette affaire, j’ignorais son nom. Et votre officier est ici également ?
— En effet, c’est la jolie métisse brune en robe noire qui danse avec le général.
— Dites-moi Jacques, c’est le bal de la police et des truands réunis ce soir ! Sérieusement, qu’avez-vous appris ?
— Allons nous asseoir près de Rose, Nous vous raconterons tout.
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Lyon au siège de l’OIPC
En descendant de voiture, Costello s’arrêta un instant pour contempler l’immeuble abritant le siège d’Interpol avec sa façade en verre et béton, situé au milieu d’un cadre de verdure.
— Tu n’es jamais venue ici ? lui demande Yaëlle en regardant la jolie brunette sortir son bagage.
— Non, c’est la première fois que je suis invitée au siège. J’ai rencontré une fois la capitaine Fleur qui faisait la belle sur les plages de la Guadeloupe au milieu d’un groupe de beaux garçons frimeurs, c’est tout. En tout cas, ici c’est magnifique, il ne manque que la mer.
— Il est vrai qu’à Marseille la mer est toute proche.
— Et à Mohammedia, la plage est de l’autre côté du boulevard, à deux cents mètres de nos bureaux, et il paraît qu’ils vont nous envoyer dans le grand nord ?
— C’est ce qui se dit ! Entrons, nous verrons bien.
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La porte de la salle de réunion s’ouvrit, Yaëlle, Costello et quatre autres agents en sortirent, silencieux, tenant à la main une enveloppe qui contenait le billet d’avion Lyon → Stockholm de la Lufthansa pour le lendemain matin, le billet Stockholm → Kiruna de la SAS pour le surlendemain, la réservation d’hôtel pour une nuit à Stockholm. Le sergent Yaëlle plus haut gradé prit le commandement de la petite troupe vers l’hôtel, puis ils se rendirent dans un bouchon proche pour dîner rapidement, le départ vers l’aéroport étant prévu à six heures, ils rentrèrent sans visiter Lyon au grand dam de Costello qui aurait aimé voir l’exposition Lumière.
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Balade en forêt
Dans cette boue gluante et très malodorante
Je glisse à chaque pas, pourtant il me faudra
Accomplir sans faillir la mission importante
Que l’on m’a assigné, détruire la mafia
Qui est dirigée par Noël et ses lutins
Mes collègues l’ignorent, la petite Rose
Qui a grandi détest’ lutins et gobelins
Et va me conduire en Ford T voir une chose
Qui va m’intéresser au cœur de la forêt…
Bella n'était pas étonnée par ce qu'elle venait d'apprendre, après tout c'était la raison de sa présence en Noëlie, mais Rose était traumatisée et le visage défait elle proposa de prendre l'air pour se remettre. Jacques l'accompagna tandis que l'agent de la DEA préféra rester pour surveiller les charognards comme elle les appelait.
Une fois dehors, Rose se dirigea vers sa voiture,
— Venez ! dit-elle, je vais vous montrer quelque chose d'étrange que peu de gens connaissent ici. Il y a un lac au milieu des collines à quelques centaines de mètres de l'endroit où nous traversons le passage qui permet de passer d'un bout à l'autre du pays en une fraction de seconde, je vous y emmène, montez dans la Ford, nous y serons d'ici dix minutes.
Au lieu d'emprunter le passage brumeux, elle tourna juste avant, sur la gauche, dans un petit sentier à peine plus large que la voiture et après environ six cents mètres nous débouchâmes sur une clairière et au milieu un grand lac au bord duquel était amarré un grand voilier ancien une goélette d'aspect délabré, vermoulu.
— On dirait un voilier de haute mer ! Que fait-il sur un lac ?
— C’est un voilier suédois, la Lotta qui a fait naufrage en 1866 !
— Naufrage ? Sur un lac ? Vous plaisantez Rose !
— Il n’a pas coulé ici, mais près des Bermudes, dans le fameux triangle du diable, tout près de l’îlot qui est au centre du triangle.
— Comment avez-vous fait pour le ramener ici, dans ce lac ? Nous devons être au moins à trois ou quatre cents kilomètres de l’océan et la mer des Sargasses est de l’autre côté de l’Atlantique près des côtes américaines !
— C’est ce que je voulais vous montrer, personne ne l’a amené ici, il est apparu d’un coup, émergeant tout ruisselant du lac. En fait comme il existe un passage traversant l’espace sur la route il y a entre le triangle des Bermudes et le lac une sorte de trou de ver qui communique entre les deux endroits et réduit la distance. Dans le passé, les condamnés à mort étaient jetés au milieu du lac, lestés d’une grosse pierre et se retrouvaient là-bas où ils périssaient d’épuisement s’ils n’étaient pas morts noyés avant. C’est par ce passage que les caisses de coca drogué vont passer, dans un sous-marin qui est amarré de l’autre côté du lac.
Le téléphone de Jacques sonna, surpris, il regarda le numéro de l'appelant, la capitaine Fleur ! Que se passait-il pour qu'elle rompe le silence radio ? Il décrocha.
— Jacques, je suis dans les toilettes, il est arrivé quelque chose de grave, l'agent de la DEA a été repérée et à la suite d'une altercation avec le gars de coca elle a été arrêtée et emmenée à l'écart par le commissaire. J'ai entendu des gobelins discuter entre eux, ils disaient qu'elle allait être précipitée dans un lac sans fond où ils font disparaître leurs ennemis. Que pouvez-vous faire ?
— Je m'en occupe capitaine, je suis justement sur les bords de ce lac, je pense pouvoir faire le nécessaire.
JI 29/04/19
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