Chapitre 7
Dans les geôles de Noëlie
Enchaînée les bras en croix, un bâillon lui recouvrant le bas du visage, Melula lançait des coups de pieds à tous ceux qui passaient à sa portée sans jamais atteindre sa cible. Derrière les barreaux d’une petite cellule située juste en face, Bella essayait de la calmer.
— Tu te fatigues pour rien, Melula, ils t’ont bâillonnée pour t’empêcher de jeter des sorts, il n’y a rien à faire, attendons la suite, un responsable va bien venir à un moment ou un autre pour nous interroger
— Mmmmhhh ! répondit la sorcière en jetant un grand coup de pied sur un gobelin qui passait à sa portée, mais l’évita d’un petit pas de côté en lui tirant la langue, moqueur, ce qui mit la prisonnière dans une fureur noire !
C’est à ce moment précis qu’arriva le commissaire Dartagnan :
— Inutile de vous débattre ! et si vous continuez je vous fais attacher les pieds — lui dit-il, puis se tournant vers Bella — et vous, la chasseuse de primes, qui êtes-vous réellement ? Pourquoi avoir agressé Monsieur Brian, l’avoir traité de « larve putride » à la solde d’ « abominables financiers trafiquants de drogue » ? Que veulent dire ces insanités ? Je crois bien que vous confondez Coca cola et cocaïne !
— Pour vous, j’hésite encore entre « menteur ignominieux » et « parfait imbécile, mais je penche pour l’ignominieux. J’ai du mal à croire que ce trafic qui a lieu sous vos yeux vous ait échappé…
Elle fut soudain interrompue par un grand gaillard qui venait d'entrer dans cette salle :
—Laissez tomber Dartagnan ! Je m’en occupe ! Lui intima le général Mordor qui venait d’entrer discrètement, il poursuivit :
— L’un de mes agents américains m’a fait savoir que la CIA devait envoyer un agent pour nous espionner, ce doit-être cette donzelle, nous allons la réexpédier chez elle avec sa complice illico presto avec nos compliments pour son patron ! Retournez à la soirée rassurer monsieur Brian, il ne sera plus dérangé par cette hystérique — et s’adressant aux gobelins en désignant Melula — attachez les pieds de cette harpie puis menottez la dans le dos, faites bien attention à ne pas toucher au bâillon, ensuite, transportez-la discrètement dans le fourgon — puis fixant Bella lui dit d’un air triomphant — vous êtes démasquée, ma belle, votre jolie dépouille ira nourrir les poissons dans les sargasses. Vous aviez tort, Dartagnan est bien un parfait imbécile, il n’y a que les Fouettard au courant de notre petit trafic, et bien sûr le conseiller de Coca. Le Père Noël se contente d’encaisser sans trop se poser de questions, il sait que nous importons diverses substances comme la cocaïne et d’autres que nous ajoutons au sirop de coca, il sait aussi que nous renvoyons les canettes qui sont ensuite distribuées dans le monde entier. Il ignore que nous organisons ce trafic, il pense que c’est une magouille de Coca et de toute manière, il s’en moque comme de sa première houppelande rouge.
Il fit les cent pas sans dire un mot pendant que les gobelins emmenaient Melula. S'arrêtant devant Bella il lui dit :
— Les doses sont pratiquement indécelables grâce à une molécule créée par notre ingénieur qui, ajoutée au mélange, masque les alcaloïdes.
Il réfléchit un instant puis ajouta d'un air triomphant :
— Notre première livraison va avoir lieu demain. Vous prendrez le même chemin… mais pas dans le sous-marin. À la CIA vous êtes, paraît-il, de bons nageurs en eau trouble, alors bon voyage ! — et s’adressant aux gobelins qui revenaient après avoir emmené Melula — attachez cette espionne solidement et mettez-la dans le fourgon avec la sorcière — dit-il en ricanant.
— Si vous me connaissiez, vous sauriez que vous allez payer tout ça au prix fort, vous vous croyez très malin mais ricanera bien qui ricanera le dernier !
— Ma jolie, je n’ai pas l’impression que vous soyez en mesure de menacer qui que ce soit, vous feriez mieux de garder votre souffle, vous en aurez besoin sous peu. — et il éclata de rire en quittant la salle.
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Sur les bords du lac des fées
— Dites-moi, mademoiselle Rose, croyez-vous que les autorités puissent faire disparaître Bella et Melula en toute impunité en les noyant dans ce lac ?
— Il n’y a pas eu de peine de mort prononcée depuis plus de soixante ans, mais là, il me semble qu’elles sont entrées illégalement sur le territoire et le général est un homme assez strict, je pense qu’il les renverra aux États-Unis après une peine de prison, les exécuter ? Je ne crois pas, mais elles vont moisir ici plusieurs mois j’imagine, pourquoi avoir fait un scandale, je ne les comprends pas !
— Je crois en fait qu’elles enquêtaient sur le trafic dont nous avons surpris certains des conspirateurs et c’est la raison pour laquelle je pense qu’elles vont être jetées à l’eau très prochainement. Où m’avez-vous dit que le passage aboutissait dans les Bermudes ?
— À proximité d’un îlot rocheux inhabité situé au milieu du fameux triangle des Bermudes bien connu. Vous pensez vraiment qu’ils sont prêts à les assassiner, mais c’est horrible… tout ça pour de l’argent… alors qu’ils en possèdent déjà tant… c’est affreux…
— Ne pleurez pas Rose, je vais téléphoner à un ami qui travaille dans l’administration américaine, pour tenter de les récupérer si elles sont toujours en vie en émergeant là-bas. Quand m’avez-vous dit que le sous-marin devait appareiller ?
— Les deux hommes se sont mis d’accord pour demain soir, c’est du moins ce que j’ai entendu dans la véranda.
Jacques composa le numéro de Ronald Trumpet, le correspondant de Bella à la DEA et lui indiqua les coordonnées situées au milieu du triangle maudit en précisant qu’elles allaient apparaître peut-être noyées ou en tout cas mal en point près de l’îlot. Il signala également le sous-marin chargé de Coca drogué qui allait arriver au même endroit pour se rendre quelque part sur la côte ou près d’un navire afin de décharger sa marchandise.
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Dans le fourgon
— Otez vos sales pattes de mes fesses, espèces d’avortons hideux, je peux monter toute seule, je n’ai pas besoin d’être poussée — s’écria Bella au milieu des rires gras et des grognements des gobelins avant de buter sur le corps de Melula et de s’étaler à ses côtés — bande d’enfoirés, aucune éducation ni politesse envers les dames, vous avez de la chance que je sois attachée…
Ses paroles se perdirent dans le claquement des portes refermées.
— Vite Melula, mets-toi sur le ventre, je vais essayer de défaire tes liens avec les dents… Bon sang ! ils sont trop bien noués, je n’y arrive pas. Je vais plutôt t’enlever ton bâillon… voilà !
— Ouffff, ça va mieux ! J’arrivais à peine à respirer. Ces sagouins croient vraiment que je peux jeter un sort efficace en quelques mots ? Quels imbéciles !
— Il faudrait que tu arrives à extraire de ma botte droite, un petit stylet qui y est planqué.
— Comment faire j’ai comme toi, les mains attachées solidement dans le dos !
— Avec les dents, il y a un bouton pression décoratif sur une fausse patte de serrage, tu tires dessus et le stylet n’étant plus maintenu par la patte et poussé par une sorte de ressort, va remonter de quelques centimètres tu le tires avec les dents et tu me le mets dans les mains que je puisse découper tes liens ensuite tu feras de même pour moi.
— Oye ! Ché pa fachile ! Mmmm che lé ! Cha y é !
— Vas y, mets le moi dans la main… merci, maintenant tourne-toi !
— Ah, merci ! À ton tour maintenant. Hop ! C’est fait, les jambes, voilà ! Les miennes, enfin libres !
— Chut ! Quelqu’un approche… Ils sont dans la cabine… Ça y est on roule.
Dix minutes plus tard.
— Oh, là-dedans ! Je sais que vous vous êtes détachées, il y avait un micro dans ce fourgon. On va ouvrir les portes, sortez les mains en l’air et ne faites pas les idiotes des armes sont pointées sur vous ! Vous allez monter dans l’hélicoptère sans faire d’histoire, on vous emmène à la baignade.
— Ah, non ! —Rétorqua Melula— je n’ai pas de maillot !
— T’en fais pas ma jolie, c’est pour un bain de minuit, pas besoin de maillot, montez sans discuter, on vous tient en joue.
Six gobelins et deux hommes montèrent avec elles et les placèrent au centre de la partie transport de marchandise. Au bout de deux minutes de vol ils se trouvaient au-dessus d’un lac sombre et d’un coup, le plancher se déroba et elles tombèrent d’au moins vingt mètres dans l’eau glacée, prends une grande bouffée d’air eut le temps de lui dire Bella avant de se sentir aspirée sous l’eau. Elle tenta de nager et surtout de se calmer, persuadée qu’elles allaient finir par remonter à la surface.
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Dans l’aéroport de Kiruna
Le sergent Yaëlle, l’agent Costello, leurs quatre collègues deux membres d’Interpol Suède qui les attendaient à leur descente d'avion, ainsi qu’une section de 12 hommes des forces spéciales suédoises accompagnées de deux agents de la DEA montèrent dans un bus afin de se rendre en Noëlie distante de quatre-vingt kilomètres. Les dernières informations transmises par la capitaine Fleur étaient alarmantes. Un hélicoptère allait amener une seconde section de forces spéciales près de la frontière d’ici deux heures. Le bus y serait dans environ une heure et demie, le temps de mettre la dernière touche à cette intervention.
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Retour chez les Fouettard
Rose au volant, la Ford revint rapidement chez JB, comme si de rien n’était.
— Où donc étais-tu passée, Rose ?— s’enquit JB — J’étais inquiet.
— Je ne risquais rien, monsieur Jacques m’accompagnait, nous avons juste pris un peu l’air, je crois que j’avais un peu trop bu.
— Bien, entrez donc, la soirée ne fait que commencer, venez danser !
Et il partit en emmenant Thalina dans un rock endiablé. Fleur s’approcha de Jacques et lui murmura :
— invitez moi pour une danse... que vous pourrez maîtriser, j’ai des choses à vous dire.
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JI 27/05/19
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