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En atteignant le haut de la butte crevassée et humide, Luigi laissait derrière lui des bâtiments aux façades lépreuses. Épuisé, sale, affamé, il espérait encore découvrir un havre pour se reposer. L'effroi le saisit dès qu'il posa le pied dans la ruelle jonchée de détritus. Sous un ciel ourlé d'obscurité, les pavés inégaux luisaient d'aquosité où ruisselaient sang, urine et excréments. Les grilles et volets d'acier censés clore les boutiques, avaient été martelés, tordus et brisés. Ainsi, les intérieurs se livraient aux vents délétères de ses âges violents. Ceux-ci mugissaient au travers des vitrines cassées, sifflaient de funestes airs, soulevaient de crasseux rideaux encore accrochés aux croisées ruinées. Il s'avança, la mine livide. Son regard, affligé, contemplait le désastre. Ce qu'il supposait être, quelques minutes plus tôt encore, un refuge, se présentait comme un cloaque de fange, aux relents méphitiques. Tel un géant aux piedx d'argile, il prenait en pleine poire la fin d'une civilisation espérée immuable. Indéniablement géante aux pieds fragiles. D'une démarche erratique, il chemina encore un peu. Sa botte trouée écrasa un objet, il baissa les yeux, une détresse épouvantable l'empoigna. Se courbant vers le sol, il ramassa en tremblant un ours en peluche lacéré, souillé, taché de sang ; celui de sa petite fille !
Alors, il tomba à genoux, le serra contre son cœur meurtri et hurla son déchirement.
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