Ch.2.1
989 AI / 56 AZ
25’ Florelas
I
Le voyage vers Horlondreg est épuisant. Malgré les moyens de transport tout à fait acceptable pris en charge par l’Ordre des Scientifiques Minérales de l’Empire, la différence de température en approchant l’extrémité ouest de la région de Soldore se fait sentir. Une fois Léonrante et Carcoses dépassé, la voici arrivée plus au sud au Fort Dorlon, dernière ville habitée avant d’entrer dans la chaleur infernale de la plaine d’Horlon, pour enfin arriver en son centre à la capitale de l’Empire.
- Madame Resmond ? Avez-vous votre bon de voyage ?
Alda Resmond fouille dans son sac rangé de façon chaotique pendant plusieurs secondes, pour enfin en sortir un ticket argenté et froissé. Elle le tends au guichetier, et en profite pour signifier avec un grand sourire que malgré son âge, elle préfère qu’on utilise « Mademoiselle » à son égard.
- Merci Mademoiselle, ravi de vous accueillir sur la route d’Horlon, en espérant que vous ferez bon voyage.
A peine arrivée au Fort Dorlon, pas le temps pour du tourisme qu’elle embarque déjà dans une calèche Impériale.
Elle en avait entendu parler, et pourtant elle souhaitait le voir de ses propres yeux : la route d’Horlon est une magnifique innovation de la science minérale. Avant l’Avènement du Zénith il y a 56 ans, Horlondreg, ainsi que la plaine d’Horlon tout autour, étaient des lieux florissants et idylliques. De nombreux villages s’étaient formé en périphérie de la capitale, faisant de la plaine l’un des lieux les plus peuplés au monde. La grande ville était le centre politique, scientifique et commercial de l’Empire de Soldona, quand ce n’étais encore à l’époque que l’Empire de Soldore.
Désormais, afin de pouvoir circuler en toute sécurité le long de la cinquantaine de kilomètres en plein soleil reliant Fort Dorlon à l’est ou Salsina au sud jusqu’à Horlondreg au centre de la plaine, une route toute droite avait été établi, délimité par des dispositifs minéraux, qui se matérialisent par ce qu’on appelle des « arbres à pierres ».
La calèche fille à toute vitesse depuis déjà plusieurs dizaines de minutes, abrité sous la barrière protectrice des branches bleutés. Les autres passagers ne semblent pas partager la passion d’Alda pour cette route, excepté une petite fille assise à sa gauche, les genoux sur la banquette et le visage collé à la vitre, toutes deux dans la même position.
- Madame, vous êtes une sentifique ?
- Oui ma petite, comment l’as-tu deviné ?
- C’est parce que j’ai vu ça ! (Elle pointe du doigt la petite pierre verte épinglé à la poche droite de la veste d’Alda) J’ai appris à les reconnaitre à l’école. Moi quand je serai grande, j’en voudrais une jaune !
- Tu veux étudier le soleil ? C’est une belle idée !
- Comment ça marche les arbres bleus de la route Madame ?
- Voyons Lisie, laisse la dame tranquille ! Intervient sa mère, les sourcils froncés mais le ton doux.
- Mais non aucun problème, c’est avec plaisir que je pourrais divertir votre adorable fille pendant le trajet si vous me permettez.
Les yeux de la petite se mettent à briller de curiosité, Alda brilla tout autant d’envie de partager sa passion.
Dans la calèche, on n’entend qu’elles, mais la conversation riche de savoir ne semble déplaire à aucun des passagers, qui pour la plupart, se surprennent à tendre l’oreille.
Alda explique à Lisie comment les Scientifiques Minérales ont trouvé le moyen de faire pousser des Chênes d’Horlon malgré la chaleur en mélangeant de l’engrais avec de l’eau lunaire pour leur permettre de survivre, puis une fois arrivée à leur première année, comment ils ont coupé le tronc afin de laisser l’arbre repousser en plaçant à l’intérieur une pierre d’eau.
- C’est pour ça qu’ils sont bleus ?
- Oui exactement, la mutation les rend encore plus protecteur contre le soleil et leur donne cette couleur.
Elle explique également que les pierres d’eau, qui sont pourtant très commun, permettent une foule d’innovations notamment dans le transport, l’agriculture, et même la guerre.
- Comment ont fait les pierres d’eau ? Demande la petite fille, insatiable et avide d’une nouvelle leçon.
Le véhicule arrive aux portes de la capitale, le conducteur annonça aux passagers de réunir leurs effets personnels et de se préparer à débarquer.
- Je suis certaine qu’ils te l’apprendront bientôt à l’école. Continue d’être curieuse Lisie, et à bientôt.
Tous les passagers descendent et préparent leur laisser-passer. Alda, toute excité à l’idée d’enfin découvrir la ville dont elle a tant entendu et lu depuis des années, montre avec joie son papier au chevalier-soldat en poste, et fait de grands signes d’aurevoir à la petite apprenti-scientifique.
Une fois la vérification faite, elle foule enfin pour la première fois les dalles en pierre de la Cité Fortifiée d’Horlondreg.
II
Tout ce qu’on a pu lui dire à propos de la chaleur dans la capitale s’avère être vrai, et à contrario, toutes les merveilles qu’on lui à comté le sont également, en tout cas dans l’enceinte de la Cité Fortifiée.
Les façades des bâtiments bleutés s’accordent à merveille avec la végétation étrange mais parfaitement entretenu surgissant par touffe ordonné des pavés en pierre des trottoirs, et les passants semblent tous plus excentrique les uns que les autres, le tout formant un tableau aux couleurs vert-bleuté avec quelques touches de violet.
Au bout de plusieurs dizaines de minutes de tourisme entre les batiments de la zone résidentiel, Alda arrive dans une zone encore plus animée et commerçante. Sur sa droite, elle aperçoit d’immenses bâtisses d’une vingtaine d’étages chacun cachant derrière eux la fameuse place de l’Horloge du Conseil, mais préfère tourner sur sa gauche afin de se garder la surprise de découvrir le joyaux d’Horlondreg demain.
Des constructions spectaculaires et originales défilent devant ses yeux, elle y découvre les usines des transports Martakreg, l’école des Chevaliers-Soldats ou encore l’immense centre commercial d’Horlondreg, réputé pour ses galeries de pierres venu de tout le continent et d’ailleurs, que sa curiosité ne peut l’empêcher d’approcher. Le bâtiment de plusieurs dizaines de mètres de haut est chapoté par une immense pierre verte-bleuté luisante, qui inonde le quartier de sa douce lueur. C’est la première fois qu’elle aperçoit d’aussi près une pierre d’atmosphère aussi grande, libérant dans l’air à quelques kilomètres à la ronde une air fraiche et pur en continue.
Les portes lui sont ouverts par deux commis accompagnant son entrée d’un grand sourire. Sur sa droite, un plan de l’agencement des boutiques lui signale l’objet de sa visite : la boutique de pierres. C’est en empruntant l’immense escalier face à elle qu’elle arrive, au terme d’une escalade de trois étages, au fameux lieu de tous ses désirs.
Les pierres de différentes tailles et différentes couleurs sont toutes exposé à l’intérieur de vitrines parfaitement ordonnées, donnant l’impression d’un arc-en-ciel, accompagné de plantes, meubles et autres machineries faisant l’étalage des différents usages possibles des marchandises. De nombreux clients sont affairé avec des hôtes qui leurs vantent les mérites de leurs produits, en tentant de leur expliquer la science derrière cette magie.
Passé le rayon des nombreuses pierres d’eau, de vent, de terre ou de végétaux, les vitres abritant les marchandises commencent à gagner en épaisseur. Un écriteau annonce : « Attention ! Pierres dangereuses, demander à un vendeur. »
Des joyaux de couleur rouge, jaune, blanc ou violet brillent ardemment sur la rétine des clients. Alda entend au détour d’un rayon un homme s’exclamer à sa femme :
- Tu te rends compte ? C’est avec ça qu’ils font avancer les trains Martakreg, et qu’en même temps l’armée utilise comme bombes ! Je ne sais pas si en avoir une à la maison est une très bonne idée…
Un vendeur ayant entendu la conversation, saute sur l’occasion pour rassurer le couple et acter la vente.
Tout au bout du magasin, les piédestaux présentant les objets se font plus espacés et plus luxueux. C’est au détour d’une allé qu’elle découvre enfin un espace exposant les pierres les plus rares qu’il soit, dont une particulière qui attire son attention : une pierre de temps.
Sa couleur noire est traversée par de fines vagues violacées, sa lueur irrégulière captive et son aura oblige à une profonde contemplation.
Alda ne peut s’empêcher d’être autant émerveillé qu’horrifié par son prix. Un vendeur passant derrière elle l’interpelle :
- Bonjour Madame ! Vous semblez intéressée par celle-ci ? Mais avant tout, puis-je voir votre certification de scientifique minérale ?
- Je… ne fait que regarder. Je ne suis pas suffisamment gradé pour acheter une de ces pierres, répondit-elle en balayant le sol du regard, embarrassée.
- Très bien, bonne visite à vous dans ce cas.
Il se fait tard, elle décide de quitter hâtivement le centre commercial afin de regagner l’auberge.
Annotations
Versions