Ch.2.4

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V

La pierre d’atmosphère trônant au sommet du centre-commercial envahit les ruelles d’air pur et frais. C’est uniquement grâce à elle que les poumons d’Alda se remplissent par grandes vagues, libérant petit à petit son esprit des pensées tournoyantes. Les couleurs des bâtiments autour de la scientifique s’harmonisent entre elles, les sommets des immeubles dessinent des rayons de lumière qui, mêlé à l’ombre qu’ils projettent, participent à raviver une lueur de sérénité dans son esprit.

C’est un des conseils que Bakleha a laissé à Alda, pour profiter pleinement de l’ambiance si spécial d’Horlondreg à l’intérieur de la Cité Fortifiée, il faut lever la tête en marchant. Au détour d’une ruelle, même à la vue de tous sur une grande place, les plus beaux trésors se trouvent sur les façades des habitations. La capitale, vieille de plusieurs centaines d’années, étais autrefois le repère des plus grands artistes du monde. Des architectes réputés ont laissé une partie d’eux même dans ces rues, si bien qu’on est rapidement plongé dans les glorieuses années de l’empire si on y est assez sensible.

Sur un toit, sur la gauche de sa vision périphérique, elle croit apercevoir quelque chose bouger rapidement.

Un animal ?

L’attention lorsqu’elle est concentrée permet d’assister à des choses invisibles aux yeux de tous. Elle décide de stopper sa marche et d’observer, là où elle imagine l’animal passer selon sa logique.

Un homme !

Sur le toit, devant elle, difficile de percevoir les détails à cette distance mais elle a le temps de remarquer son accoutrement capuchonné noir bleuté, sa cape et surtout son agilité.

Et maintenant, plus rien.

Elle ne comprend pas vraiment ce à quoi elle vient d’assister, et son imagination commence à aller dans tous les sens. Peut-être est-ce normal dans cette ville, les ramoneurs doivent bien accéder aux sommets des bâtiments ? Est-ce un agent secret de l’empire, à la recherche d’un criminel ? Ou ne serait-ce pas à l’inverse un cambrioleur, emportant son butin loin de la scène du crime ?

La découverte de la place de l’Horloge du conseil impérial la tire complètement de ses pensées, elle qui marchait depuis plusieurs dizaines de minutes sans s’en rendre compte, perdu dans le flot de son imagination. Elle n’avait jamais vu un endroit aussi grand en pleine ville, de grands bâtiments délimitent les contours de l’esplanade, alors qu’un immense belvédère trône en son centre, mais ne parvenant tout de même pas à cacher le monument de la ville aligné juste derrière : l’Horloge.

A cette heure-ci de la journée, la place est déjà remplie de nombreuses personnes, mais elle semble pouvoir en contenir bien plus. Cinquante mille ? Peut-être le double ?

Alda arrive au niveau du belvédère, et c’est en montant par l’un de ses larges escaliers qu’elle se rends compte que l’intérieur est rempli d’étales et de tentes de marchands, au loin des musiciens de rues animent l’espace mais ne parviennent pas à couvrir les voix des crieurs déambulant parmi les visiteurs pour vendre les mérites de leurs produits.

Un écriteau à l’entrée du bazar annonce :

« Grand marché du belvédère de l’horloge, tous les un-Nativis et six-Laboris »

Mais Alda décide de descendre de l’édifice pour le contourner. Ce qu’elle est venue voir, et qu’elle attendait depuis tant d’années, est maintenant devant elle.

L’immense et imposante Horloge du conseil impérial.

La gardienne du temps d’Horlondreg surplombe tous les appartements aux alentours de plusieurs dizaines de mètres. C’est également le seul bâtiment fait en pierre aux reflets argentés, contrastant avec les couleurs de la ville. Au sommet, sur la face sud de sa plus haute tour, face au belvédère, un cadran d’une cinquantaine de mètres de circonférence est parcouru par trois immenses aiguilles noir aux reflets argentés.

Un imposant escalier conique, dont les marches larges à sa base, se rétrécissent progressivement jusqu’à arriver à un grand portail d’entrée forgé en argent et en fer noir, gardé de chaque côté par des chevaliers-soldats de haut rang, assorti par leurs armures aux couleurs du monument.

Alda est sous le choc. Enfin, elle découvre l’édifice-mère de la science impériale. Le cœur des décisions scientifiques du continent. À l’intérieur de ses murs se trouvent parmi les chercheurs les plus influents du monde, et demain, elle y entrera afin d’exposer ce qui pourrait être une découverte majeure. Elle pourrait changer le monde à jamais.

Le grand portail d’argent s’ouvre dans une lourde et grave vibration métallique.

Un grand homme à la peau noir rempli de tatouages se fait escorter violement par deux gardes. L’un d’eux le pousse dans l’escalier, qu’il aurait probablement dévalé d’une traite s’il n’avait pas eu sa carrure.

- Bande d’idiots !! Je suis Hormar, 43ième chasseur de la Liste ! Crie-t-il en faisant des gestes amples des bras. C’est toute la considération que vous avez pour l’élite de votre pays ? (Il sort de son étui à sa jambe gauche un canon long impérial, et le montre aux gardes.) Et vous savez bien ce que c’est ça ? Vous n’êtes pas complétements con ?!

- Haltes ! Range ça tout de suite sauvage ! Hurle le premier chevalier-soldat en pointant sa lance vers lui, accompagné par celles des trois autres autour de lui. Veux-tu perdre tous ce que tu possèdes et terminer ta misérable vie à casser des cailloux à Dragir ?

Le chasseur de prime range son arme, mais n’arrive toujours pas à contenir sa colère.

- Je vous ai dit que je l’ai vu, qu’il m’a échappé, et qu’il se dirige certainement vers la Cité Fortifiée ! Comme je le disais au conseil, voilà plusieurs semaines que j’entends des rumeurs sur…

- Stop chasseur ! Le conseil t’as interdit de semer la panique inutilement, maintenant, vas-t-en !

De derrière les quatre gardes, un cinquième beaucoup plus grand, équipé d’une armure intégralement noire et d’un marteau gigantesque dégainé dans ses deux mains, fait irruption et tonne d’une voix puissante :

- Hormar ! Par la Liste ! Va-t’en, si tu ne veux pas avoir à ramasser les miettes de ton crâne sous mon marteau !

L’homme tatoué retient ses nerfs, et se retourne pour descendre l’escalier de l’Horloge. Les trais de son visage son tendu, il réprime une rage qu’il a beaucoup de mal à contenir. Lorsqu’il arrive à la fin de l’escalier, il laisse s’échapper un élan de colère d’un coup de pied dans l’un des barreaux décoratifs, qui s’envole, puis termine sur les pavés quelques mètres plus loin.

C’est lorsqu’il arrive devant Alda que son regard change, il la fixe droit dans les yeux. Son humeur semble s’éclaircir.

- Je…

Il semble vouloir dire quelque chose, mais s’en va précipitamment, sans se retourner.

La scientifique se dit que pour prendre l’air, elle aurait mieux fait de quitter la ville. La pression ne cesse de monter en elle, mal aidé par la scène qui vient de se dérouler devant ses yeux, elle qui à l’image d’une éponge, n’a pas eu le choix que d’absorber toute la colère et ressentir toute l’injustice de la situation.

Elle décide de faire demi-tour, elle a bien besoin d’un verre. Des commerces au loin bordant la place, elle remarque une terrasse peuplée qui…

- Alda ! Alda, attends-moi !

Bakleha descends précipitamment les escaliers de l’Horloge en direction de son amie. Alda ne le distingue pas au premier coup d’œil, mais à mesure qu’elle arrive en courant vers elle, plus aucun doute : sur son visage coulent de grosses larmes. C’est une fois arrivée à sa hauteur qu’elle se jette dans ses bras.

- Bak… Qu’est ce qui se passes ?

- Alda… J’ai besoin d’un verre, tu viens ?

- Moi aussi.

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