Chapitre 18. Coup de chaleur
Arrivé à l’aéroport, il fallut récupérer toutes les valises, ce ne fut pas chose aisée ; l’aéroport n’étant pas très moderne, il n’y avait pas de climatisation et à 10h du matin, il faisait déjà 28°c.
Le hall où arrivaient les valises était bondé de touristes stressés à l’idée de ne pas avoir rapidement ces dernières. Sophie les devança puis se retourna vers les autres en leur lançant,
— Eh bien, ça va être chaud les amis !
Louis proposa de prendre les choses en mains, il connaissait les valises. Il laissa Madeleine à Rachel et pris Clément et Antoine pour l’aider, ou plutôt pour les occuper… A cet âge-là, il fallait leur trouver de quoi faire pour éviter qu’ils ne se mettent à jouer et se perdent dans l’aéroport.
Assises sur ce qui ressemblait à un banc, Rachel et Sophie les regardèrent chercher les valises de tout le monde. Finalement, Sophie demanda à Rachel :
— Alors, tu as pu faire un peu connaissance avec lui ? j’ai entendu que vous vous tutoyez maintenant.
— Oui, on a un petit peu discuté et on s’est dit qu’on parlerait directement à l’autre si une parole devait heurter… Et, tu sais qu’il a encore haussé le ton durant la conversation, c’est à me demander si je ne le pousse pas ? Je ne sais pas, avec mes questions… Tu sais que j’aime être franche…
Étonnée, Sophie s’inquiéta,
— Mais vous parliez de quoi quand il a haussé le ton ?
— je parlais de son ex… Il est encore bien accroché, je pense… Je crois que ce sera un sujet tabou pour les prochaines semaines ! Bon, il s’est rendu compte qu’il avait été, à nouveau, rude dans ses paroles et il a tenté de comprendre pourquoi cela le mettait dans un tel état. Je crois qu’il n’a effectivement pas encore fait le deuil de cette relation.
— Ambre, oui, cette femme… Et dire que je l’ai incité à la revoir ! j’aurais mieux fait de me casser une jambe avant de rentrer dans le bureau ce jour-là !
La curiosité de Rachel fut piquée, elle tenta,
— Quoi, tu as assisté à quelque chose ?
Elle hocha la tête de manière affirmative,
— Oui, j’ai assisté au moment où elle tentait de lui mettre le grappin dessus ! Le jour où Denis avait commencé ses avances… Coïncidence ? Je n’y crois pas, avec le recul, cette histoire de pari devait avoir commencé ce jour-là.
Un peu perdue, Rachel demanda,
— Quoi, lui aussi faisait partie du pari ? C’est quoi cette histoire ?
— En fait, tu sais, suite à ton témoignage sur son harcèlement et tout ce qui s’en est suivit, Denis a « avoué » que l’origine de toute cette affaire avait sa source dans un pari on ne peut plus glauque, mais les autres ont bien évidemment nié. Denis a expliqué que chacun des trois, Denis, Ambre et Alban, avaient une « proie » en vue… Louis était la proie d’Ambre.
Sans réfléchir, Rachel lança,
— Alban ? Il avait aussi une proie ?
Rachel eu l’impression d’avoir une douche froide… « Son » Alban ? Dans une telle affaire ?
— Oui, lui, il devait humilier un autre technologue de radiologie, d’une autre équipe, il devait d’abord faire ami-ami, puis le forcer à prononcer certains mots en public… En sachant que le type est bègue.
— Mais c’est immonde !
Rachel se senti se vider de toute énergie, elle se recroquevilla sur elle-même mais fut arrêtée par le porte bébé ventral dans lequel se trouvait Madeleine. Elle reprit un peu ses esprits et relança Sophie :
— Et Louis, c’était quoi leur plan ?
— Eh bien lui, Ambre était sensée sortir avec lui et le faire savoir à tout le monde, c’est pourquoi elle s’est rapidement montrée très entreprenante… C’est à ce moment que je suis arrivée dans le bureau pour trouver Louis, afin d’échapper à Denis qui ne se montrait pas encore aussi entreprenant que dans l’ascenseur où on s’est connue, mais qui m’agaçait déjà. Là, je suis tombée nez à nez avec elle, enfin, non, face à son popotin, qui ondulait devant lui en cherchant quelque chose dans son sac… Lui, il était déjà à moitié déshabillé.
Rachel eut un petit rire nerveux. Elle imagina ce qu’il avait dû se passer dans la tête d’Ambre alors qu’elle mettait en œuvre le plan de son pari …
— Ah oui, tu as dû représenter le cheveu dans la soupe, toi !
— Oui, je crois, mais bien maligne, elle est vite retombée sur ses pattes et lui a refilé son numéro de téléphone… Et moi, je l’ai poussé à ce qu’il reprenne contact avec elle, je voulais tant qu’il se trouve quelqu’un…
Sophie soupira, dépitée, Rachel passa la main dans son dos, pour la rassurer et poursuivit,
— Mais allez, Sophie, tu n’es pas responsable de ce qu’elle lui a fait subir, d’une manière ou d’une autre, si cela faisait l’objet d’un pari, elle l’aurait relancé. Au fait, c’était quoi le but du pari ? Il y avait un truc à gagner ou juste le jeu pour le jeu ?
Avec une moue dégoûtée, Sophie lui indiqua le lot du gagnant,
— Une semaine à Barcelone en hôtel 5 étoiles et vol première classe !
Rachel eut une seconde douche froide… LA semaine à Barcelone, celle après laquelle Alban copulait littéralement avec Ambre dans les couloirs de l’hôpital ? Cette histoire était d’un sordide…
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