Chapitre 20. Un peu de farniente
Pour la première après-midi de ses vacances, Rachel choisit de rester sur les bords de la piscine jouxtant la chambre qu’elle partageait avec Sophie et ses deux garçons.
Elle avait un petit stock de bouquins sur sa tablette… Et elle était en « retard de lecture ». Elle se prépara à flemmarder sur un transat, avec l’un au l’autre passage par la piscine s’il faisait trop chaud… Mais d’abord, se protéger ! Elle s’attela à se tartiner de protection solaire.
Sophie quant à elle, avait déjà enduit ses deux fils de protection solaire et les avait envoyés dans l’eau, elle leur gonflait de grosses bouées pour qu’ils puissent jouer avec dans la piscine.
— Sophie, tu veux que je prenne ton drap de plage pour te réserver un transat tant qu’il en reste encore ? Je vais essayer de les avoir autour d’un parasol.
— Oh oui Rachel ! J’enfile mon maillot, je m’enduis de crème et je te rejoins ! Dis… Pense peut-être à réserver un transat pour Louis aussi, hein !
Sophie lui fit un clin d’œil en terminant sa phrase. En dodelinant de la tête tout en roulant des yeux, Rachel lui répondit
— D’accord !
Elle sortit de la chambre pour rejoindre les transats… Où elle eut une surprise.
En effet, Louis avait déjà réservé cinq transats… Un pour chacun !
Il était installé au milieu des cinq transats, juste en dessous du parasol… Oui, pour sa fille et pour sa peau ; étant roux, il devait se protéger aussi. Rachel hésita un peu, elle voulait aussi être sous le parasol… Mais cela impliquait d’être à côté de lui. Tant pis, elle se plongera dans ses bouquins, elle n’allait pas prendre le risque de brûler juste pour ne pas être à côté de lui… Elle l’interpella,
— Hello Louis, sympa d’avoir réservé les transats ! Pourrai-je avoir une place sous le parasol ?
— Oui, viens, ah, les peaux de type 1, il vaut mieux les protéger, tu es d’accord j’imagine !
— Effectivement, protection 50 et à l’ombre, surtout les premiers jours
Rachel s‘arrêta de parler, elle venait de voir Madeleine sous le voile qui la protégeait dans son maxi cosy, elle portait une forme de grenouillère toute rose « hello kitty » qui lui recouvrait quasi tout le corps.
— Oh, mais qu’est-ce qu’elle porte ?
— Une combinaison anti UV pour les bébés… Très en vogue en Australie, ça arrive petit à petit en Europe, comme ça, elle est toute protégée, en plus de la protection bio que je lui mets pour les parties du corps exposés. J’irais dans l’eau avec elle quand il y aura un peu plus d’ombre, et toi ?
— Oh, je pense que j’irais faire trempette à un moment, quand j’aurais trop l’impression de cuire avec ce soleil de plomb.
Rachel s’installa pour lire, Louis s’allongea pour tenter de somnoler pendant que Madeleine dormait, Sophie, elle, après avoir donné les bouées à ses fils, s’installa avec ses mots croisés. Tout trois s’imprégnèrent de l’ambiance des vacances… Le bruit des grillons en arrière-fond, le bruit des plongeons, le cri des enfants qui jouent…
À un moment, Rachel ne tint plus, il faisait affreusement chaud !
— Bon, eh bien, moi je vais faire trempette, j’ai l’impression d’être dans un four !
Elle s’assit sur le rebord de la piscine, rentrant d’abord les jambes dans l’eau, histoire d’évaluer sa température.
— Waouh, elle est fraîche, ça fait du bien !
Elle glissa entièrement dans l’eau. Antoine et Clément la rejoignirent et ils jouèrent un peu ensemble… Les deux garçons avaient l’habitude que leur père joue avec eux, Rachel s’évertua à les lancer et à les couler… À leur demande expresse !
Louis les regarda jouer alors qu’il revenait de sa chambre avec Madeleine qui s’était réveillée et avait reçu son biberon. En la changeant, Louis avait bien senti qu’elle avait chaud et décida de la laisser avec juste un sous-vêtement en coton.
La petite terrasse de la chambre étant à l’ombre en cette fin d’après-midi, il décida de rester là, il y avait une table et deux chaises, avec Madeleine dans les bras, qui s’agitait un peu, il se cala dans le fond de la chaise, les pieds sur la table, papotant avec sa fille.
Clément l’interpella,
— Louis, viens dans l’eau ! Rachel n’a pas assez de force pour nous lancer haut, tu ne veux pas essayer ? Allez !
Visiblement tenté, il répondit,
— Je viendrais bien, mais qui va s’occuper de Madeleine pendant que je serais dans l’eau ? Et puis, cette demoiselle serait peut-être bien dans l’eau aussi, non ?
Il regarda sa fille puis se décida à tremper un orteil dans l’eau afin d’en évaluer la température. Il s’installa finalement au bord de la piscine, elle n’était pas profonde, 1m35, pas de souci, il avait pied, de quoi pouvoir nager tout en la tenant à bout de bras. Il discuta avec sa fille.
— Ah oui, elle est bien fraîche l’eau… Je vais devoir te préparer avant de te mettre dedans, ma fille.
Il commença à verser un peu d’eau sur elle en la prenant de la piscine dans le creux de sa main libre, assit sur le rebord. Madeleine gazouilla et s’agita, visiblement contente de ce petit jeu.
Rachel se rapprocha et lui proposa :
— Tu veux que je la tienne hors de l’eau pendant que tu rentres, toi, dans l’eau ?
Il acquiesça et lui tendit Madeleine qui était tout en affaire par rapport à ce qu’il se passait autour d’elle. Rachel la réceptionna et la garda hors de l’eau, elle avait juste ses pieds qui étaient immergés… Et cela l’intriguait, elle remuait ses orteils dans cette eau fraîche tout en se concentrant sur ces nouvelles sensations. Louis tendit les mains pour la reprendre.
— Tiens, la voici, elle semble toute à son affaire, visiblement, elle n’a pas peur, tant mieux.
Elle lui rendit sa fille.
— Merci, merci ! Clément et Antoine, je m’occupe de vous après avoir acclimaté Madeleine à l’eau, d’accord ? Après, je demanderais à Sophie ou Rachel de la surveiller. Ok ?
Il interrogea Rachel du regard, elle acquiesça en hochant doucement la tête. Il sourit.
Louis se colla au bord de la piscine et commença à faire couler de l’eau sur la peau de sa fille, en vérifiant ses réactions.
Rachel ,qui jouait avec les garçons, le voyait, d’un peu plus loin, papoter avec sa fille tout en l’immergeant peu à peu. Il lui sembla très protecteur comme papa, prenant toutes les précautions possibles pour que sa fille soit bien. Elle se rendit compte qu’elle souriait en le regardant… Oui, cette situation était belle, il s’occupait bien de cette enfant qui lui était « tombée dessus » il y a 3 mois. L’opinion qu’elle avait de lui s’améliora, elle comprenait mieux ce que Sophie lui expliquait, qu’il était un papa poule, etc. Là, elle le constata de ses yeux, et trouva cela attendrissant.
Louis joua avec sa fille, elle s’agitait quand elle voyait la main qui lui ramenait l’eau, elle gazouillait.
Un peu plus tard, Rachel choisit de se sécher au soleil et sorti de la piscine. Une fois sur le transat, elle reprit sa lecture.
À un moment, ce furent les pleurs de Madeleine qui tirèrent Rachel de son bouquin, elle leva le nez et constata que Louis était un peu coincé ; sortir de la piscine avec Madeleine dans ses bras, probablement lui préparer un biberon… En étant tout mouillé. Elle trouva cela cocasse et décida de lui venir en aide.
Lorsqu’elle arriva à sa hauteur au bord de la piscine, il lui dit :
— Oh, Rachel, pourrais-tu me filer un coup de main ? Je pense qu’elle a faim ou soif et, en baissant d’un ton, je crois qu’elle a fait un petit pipi dans l’eau… Je pense qu’il est temps de lui remettre une couche.
— D’accord, passes la moi cette petite coquine, tu es d’accord si je la change pendant que tu prépares son biberon… Et que tu te sèches un peu. Oh non, arrête, je suis toute mouillée maintenant !
Juste sorti de l’eau, il l’avait prise dans ses bras pour lui dire merci… Il sembla trouver très drôle de l’avoir saisie de la sorte.
— Je m’éponge et je prépare le bibi, les couches sont sur le côté gauche du lit, dans un grand sac bleu… Euh, je la change sur le lit, ça ira pour toi ? J’ai préparé une tenue de rechange pour après la piscine, c’est du même côté, sur la table de nuit.
Il disparut dans sa chambre.
Rachel entra à son tour dans la chambre, plus petite que celle qu’elle partageait avec Sophie et les garçons, un lit double au centre de la pièce, le petit lit portable de Madeleine dans un coin, une valise ouverte, des vêtements un peu partout. Elle trouva bien les couches à l’endroit indiqué par Louis, elle repoussa ce qui devait lui servir de pyjama - un short « snoopy » - et déposa Madeleine sur le lit, elle pleurait et gesticulait, cela rendait le change moins évident pour Rachel. En même temps, elle voyait bien que Madeleine réagissait aux paroles de Louis qui lui disait qu’il arrivait avec son biberon, qu’il fallait qu’il chauffe… Mais son ventre criait famine !
Une fois changée, Rachel pris Madeleine dans ses bras, en la berçant pour tenter de tromper l’appel de l’estomac de la petite fille.
— Louis, tu en es où ? Elle ne tient plus, là !
Elle s’approcha de la salle de bains où il avait apparemment installé le chauffe-biberon et d’autres ustensiles concernant Madeleine. Il regardait le chauffe-biberon rudimentaire faire son travail.
— Ça a l’air fascinant dis-moi !
Saisit, il se retourna vers elle,
— Comment ? Ah, oui, je surveille… Je crois que ce chauffe-biberon a au moins 20 ans ! J’ai toujours peur que cela ne chauffe pas ! Là, c’est prêt, la lumière s’est éteinte ! Mais bon, à chaque fois, c’est trop chaud… Et il faut attendre encore un tout petit peu.
En regardant plus personnellement Madeleine, il lui dit,
— Désolé ma petite chérie, tu commences à savoir qu’il faut un peu attendre.
Entretemps, Madeleine s’était calmée dans les bras de Rachel, elle faisait des bulles avec sa bouche, elle salivait probablement à la vue du biberon dans les mains de son père.
— Ça va Rachel ? Tu as trouvé tout ce qu’il fallait pour la changer ? Merci de l’avoir fait ! Si tu veux, je peux la reprendre, je te laisse retourner bouquiner.
Un peu saisie, elle se rendit compte qu’en fait, elle n’avait pas envie de la lui rendre, elle était bien là, elle tenta de se ressaisir et s’entendit lui dire :
— Oh mais non, je crois que mademoiselle est très bien là où elle est ; elle a une vue plongeante sur son biberon, qu’elle attend maintenant patiemment. Si tu veux, je peux même le lui donner, comme cela, tu pourras garder ta parole et aller jouer avec les garçons, tu te souviens, tu leur avais dit que tu jouerais avec eux ?
Étonné, il hésita puis lui avoua,
— Effectivement, cela m’était sorti de la tête ! Mais tu es sure ? Je ne voudrais pas que tu aies l’impression que j’abuse de ton temps.
En lui faisant signe de partir, elle le rassura,
— No problemo, je vais m’installer sur la petite terrasse de ta chambre et je m’en occupe après qu’elle ait mangé, allez, va !
— Sure ?
— Sure !
Après s’être installée sur la terrasse, elle donna le biberon à Madeleine. Elle avait commencé très vite, mais se calma et prit le temps de respirer entre deux tétées.
— Alors, toi, comment tu le trouves ce biberon ? Pas mal hein ?
Rachel se remémora le premier biberon qu’elle lui avait donné, à l’hôpital, dans le bureau de la radiologie… La situation n’était plus pareille, heureusement.
Si quelqu’un lui avait dit qu’un mois et demi plus tard elle serait en vacances en compagnie de Louis, elle l’aurait envoyé balader en rigolant. Comme quoi…
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