Chapitre 21. Flashback de Rachel
Rachel avait toujours voulu avoir des enfants, elle y croyait encore, malgré ses 38 ans et son célibat… Elle croyait en « la vie » même si cette dernière lui en avait fait voir de toutes les couleurs.
La seule relation « longue durée » qu’elle avait eue avait duré 1 an, mais elle avait décidé d’y mettre un terme après que « l’homme de sa vie » l’ait trompé pour la 3ème fois, avec des femmes qui se disaient ses « amies ».
Elle leur en avait voulu à ces femmes… Certes, mais le plus coupable était bien son ex ; à chaque fois, il revenait vers elle en lui disant qu’il n’y avait qu’elle, qu’elle était son port d’attache, bla bla bla.
C’est quand il lui avait demandé de l’épouser qu’elle avait eu un déclic ; voulait-elle se lier à vie, faire des enfants avec un homme qui la traitait de la sorte ?
Elle se remémora sa demande officielle, qu’il avait faite devant leur cercle d’amis. Deux de ses ex-maîtresses étaient présentes, souriant de toutes leurs dents.
Il avait mis les petits plats dans les grands, plusieurs amis étaient dans la combine… La demande devait avoir lieu dans le salon, après le repas. Il devait mettre un genou à terre et elle devait se pâmer et dire « oui » en versant une larme…
Il en fut tout autre, son ex, voyant Rachel d’humeur mitigée lors du repas, avait tenté le tout pour le tout en lui demandant platement de l’épouser alors qu’il desservait la table avec deux amis et qu’elle remplissait le lave-vaisselle.
— Rachel, Rachel, laisse tomber la vaisselle, j’ai quelque chose à te dire.
Elle s’était tournée vers lui tout en se lavant les mains.
— Quoi donc, Jean ?
Il avait mis un genou à terre, la main sur le cœur et lui avait dit :
— Rachel, acceptes-tu de devenir ma femme, pour le meilleur et pour le pire ?
Les deux amis avaient fait des signes aux autres.
— Quoi ?
Rachel avait écarquillé les yeux et avait renchérit,
— Tu veux rire ?
Elle avait tenté de réfréner un fou-rire. Sans succès. Vexé et fronçant les sourcils, Jean avait rétorqué,
— Mais non, je suis très sérieux Rachel.
Rachel avait éclaté de rire, n’arrivant plus à se reprendre, elle avait dû s’appuyer contre l’évier. Elle avait pleuré de rire et fini par répondre,
— Ah, elle est bonne celle-là !
Elle s’était ensuite remise à ranger la vaisselle dans le lave-vaisselle, comme si de rien n’était.
Jean s’était retrouvé, là, au milieu de la cuisine, toujours genou à terre, n’arrivant plus à parler. Il avait regardé ses deux amis, le regard complètement perdu.
L’un des deux amis avait interpellé Rachel :
— Mais enfin Rachel, c’était sérieux la demande de Jean.
Sur un ton très sérieux, elle leur avait répondu,
— Ah oui ? Eh bien, sachez que je refuse de me lier à Jean que ce soit pour le meilleur ou pour le pire ; le pire, il m’en a déjà donné plusieurs fois un avant-goût.
Jean avait répliqué, la bouche en cœur,
— Mais je ne comprends pas, je fais quand même tout pour te rendre heureuse !
Il l’avait regardée, la larme à l’œil. Rachel lui avait alors platement rétorqué,
— C’est sûr que lorsque tu me fais porter des cornes, par 3 fois en moins d’un an, c’est vraiment t’appliquer à me rendre heureuse !
L’un des amis avait réagi, surprit,
— Quoi ? Tu as trompé Rachel ? Mais non !
Rachel avait renchéri,
— Mais si, oh, mais tu peux demander à Stéphanie et à Audrey ici présentes, elles ont été très intimes avec Jean.
Les deux femmes en question avaient regardé leurs chaussures de façon si insistante que le moindre doute s’était envolé pour toute l’assemblée.
Ne voulant pas priver leurs amis communs de certains détails, elle avait ajouté,
— Oui, elles, elles ont eu une bonne part du « meilleur », parce que, sachez-le, monsieur me faisait souvent le coup du « j’ai mal à la tête » le soir après avoir vu l’une de ces dames !
Jean avait alors explosé et crié, à l’adresse de celle avec qui il prétendait vouloir se marier,
— Oh mais ta gueule Rachel, tu fais chier, il n’y a jamais rien de bon avec toi, je t’ai déjà dit qu’elles n’étaient que des passades, des filles, juste pour la baise et que c’est toi que je veux épouser !
On entendit Audrey éclater en sanglots et Stéphanie le traiter de « pauvre type » et de « sale con ». Rachel avait alors tranché,
— Eh bien, je profite que vous soyez tous là pour vous annoncer à tous que Jean et moi, c’est fini et que je recherche activement un appartement pour ne plus vivre sous le même toit que celui qui m’a tant trahi. Si vous avez des tuyaux, cela m’intéresse !
Un mois plus tard, Rachel avait quitté l’appartement de Jean, grâce à un tuyau d’Audrey…
Depuis, elle avait décidé de prendre la vie comme elle venait, avec parfois de petits bonheurs… Donner le biberon à Madeleine en faisait partie, elle s’en rendit bien compte. C’est pour cela qu’elle avait proposé à Louis de s’en occuper.
La regarder s’éveiller à la vie, observer ses découvertes du monde, cela l’enchantait… Rachel secoua la tête lorsque l’idée suivante la traversa alors qu’elle la nourrissait ;
Je veux bien être sa baby-sitter quand je suis en congé.
Mais non, se dit-elle, il en a déjà des baby-sitters, et puis, j’aurais aussi un peu l’impression de m’imposer… Et puis, il me faudrait discuter avec Louis... Et ses sautes d’humeur.
Elle sourit.
Au fond, elle le comprenait peut-être plus qu’elle ne voulait l’admettre ; les histoires de tromperies, elle avait connu. Elle pouvait comprendre qu’on puisse rester accroché à l’être aimé malgré ce qu’il avait fait ; tant parce qu’on est encore amoureux, que parce qu’on a très difficile à admettre qu’on ait pu se tromper, ne pas avoir vu ce qui se tramait, et surtout comprendre que l’on est le dindon d’une belle farce.
C’est toute la confiance en soi qu’il faut reconstruire, refaire confiance à ses radars sentimentaux qui sont longtemps parasités par des pensées un peu paranoïaques du style « est-ce bien moi qu’il aime ? », « Ne pense-t-il pas à une autre ? », « Pourquoi moi ? », Voire même « que me veut-il ? »
Les gigotements de Madeleine ramenèrent Rachel au moment présent. Le bébé avait fini son biberon, mais s’échinait à tenter de mâchouiller la tétine avec ses gencives.
— Ah mais tu as fini ma petite, désolée, je n’ai pas fait très attention à toi… Mais apparemment, cela ne t’a pas perturbé plus que ça !
Elle passa l’après-midi à découvrir et à câliner Madeleine.
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