— Dis, madame, où qu’il est, mon papa ?

— Ne t’inquiète pas, trésor, un de mes amis est parti le chercher, et un autre est allé pour ta maman. Ils seront bientôt là.

— Et ton ami, il le connaît, mon papa ?

— Non, mais je lui ai donné son numéro de téléphone, comme ça, quand il sera là où il devra être, il l’appellera et ils se retrouveront facilement, tu comprends ?

— Mais comment tu le connais, toi, le numéro de téléphone de mon papa ?

— Il m’a téléphoné, il n’y a pas très longtemps, et son numéro, il est enregistré dans mon téléphone, tu vois ? Regarde, là…

— Ah oui, c’est la photo de mon papa… Et d’où que tu le connais, mon papa, toi ?

— Eh bien, en fait, je connaissais bien ta grand-mère, alors, bien sûr, je suis allée à son enterrement, et c’est là que j’ai fait connaissance avec ton papa, tu comprends ? Mais dis-moi, est-ce que tu as faim ? Est-ce que tu veux un chocolat chaud, en attendant ?

— Oui, je veux bien.

La grande dame brune aux cheveux courts, au visage fin, élégamment vêtue d’un tailleur bleu marine, et portant un foulard en soie blanc autour du cou, s’éloigna au rythme du battement de ses talons aiguilles et disparut dans la cuisine, alors que le petit garçon feuilletait, en regardant les images, une bande dessinée dans laquelle un pauvre homme était rattrapé dans sa chute libre par une femme invisible, elle-même retenue par les bras infiniment longs d’un homme en tenue moulante bleu foncé, tandis qu’une flamme traversait le ciel à la poursuite d’un missile lancé à pleine vitesse, et qu’un être étrange, dont le corps semblait fait de pierre, retenait sur ses épaules, tel Atlas portant la voûte céleste, un pont chargé de voitures sur le point de s’écrouler.

La sonnerie du téléphone retentit, faisant sursauter le petit garçon frêle qui entendit immédiatement les talons aiguilles revenir à la hâte.

— Ah, c’est toi, chéri ! s’exclama la jolie dame, une pointe de soulagement dans la voix. Tu l’as trouvé ? Super ! Revenez vite, je crois que le petit a hâte de retrouver son papa, dit-elle, pointant le pouce comme un signe de victoire adressé au garçonnet, qui lui renvoya dans un grand sourire son geste d’allégresse.

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