L’air était chaud, la croix du Sud scintillait dans le ciel de cette soirée d’été. Tout était calme, seul le roulis de la Méditerranée trompait le silence. Les vagues venaient lécher les pieds de Pierrot et de Jean-Claude. Les deux adolescents étaient pris dans une grande conversation, car même de dos et sans les entendre, on voyait leurs mains s’agiter dans un langage qui n’appartient qu’aux gens du sud. Pierrot faisait des pauses lorsqu’il engouffrait un morceau de mdans la bouche. Jean-Claude continuait sa gestuelle, sans se douter que cette part de dessert était la sienne, celle qu’il avait cachée à midi pour la manger au goûter. En général, Pierrot la subtilisait et Jean-Claude ne se souvenait absolument pas de l’existence de cette tranche de mouna, spécialité oranaise, qui ressemble à une brioche.

L’aîné des garçons n’était pas gourmand, il préférait les petits morceaux de saucisson, coupés avec son Opinel, à grignoter comme tous les petits amuse-gueule de la Kemia., qui est une habitude traditionnelle en Algérie, d’associer ces sortes de tapas tavec l'Anisette qui ressemble au Pastis.

A leur manière de joindre leurs mains en l’air et de faire un mouvement plein de précision, ils devaient parler d’un match de basket. Pierrot, long et mince, était un bon joueur, son frère plus chétif, car asthmatique, compensait son envie de faire du sport en se passionnant pour encourager, donner des conseils aux joueurs.