II
Bref, je disais donc. Je disais quoi déjà ? Ah oui ! Je parlais de diversification. La seule méthode que je n’ai jamais testée est l’arme à feu. Je trouve ça vraiment impersonnel et puis c’est risqué les flingues. Toujours des traces balistiques, des douilles, de la poudre sur les mains, des bruits de détonation… Sans compter qu’il faut déjà se procurer le flingue et que je ne suis pas très au fait du marché clandestin.
Tu as déjà tiré ? Non ? Même pas sur une cible ? A l’armée ? Non ? Moi non plus. Bon, ce n’est techniquement pas tout à fait vrai, j’ai déjà tiré avec des carabines à plomb quand j’étais gosse. Même que j’ai tué un merle. C’est, à mes yeux, la pire chose que j’ai fait de ma vie.
Un vrai traumatisme.
Parce que, le pire, c’est que je ne l’ai pas tué, je l’ai juste blessé le pauvre animal. Je devais avoir 10 ans à l’époque et mon père m’avait acheté la carabine pour faire comme tout le monde. C’était ma préparation. Devenir un grand chasseur comme lui aurait été sa plus grande fierté.
Ce petit merle était tombé à terre et moi j’étais atterré (excuse le jeu de mots facile, ha ha ha), un peu excité aussi, il faut bien l’avouer. J’ai traversé la maison comme un dératé pour aller chercher ma victime dans le jardin mais, arrivé sur place, j’ai vu qu’il bougeait et tentait de battre des ailes. Je n’osais pas le toucher, j’étais littéralement tétanisé. Au bout de quelques minutes j’ai été chercher des gants et j’ai pris l’oiseau mourant dans mes mains, bien décidé à le soigner à tout prix.
De retour sur le balcon, j’ai déchiré une bande de tissu de mon t-shirt et ai commencé à le bander. Je l’avais touché sous l’aile droite et son plumage était poisseux de sang. Je l’ai mis dans une vieille boîte à chaussures et je suis resté là, comme un con, à le regarder mourir.
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