XVI
Je dois bien l’avouer, je suis devenu voyeur. Complètement. C’était une drogue. Dès que j’avais quelques minutes, hop ; toit et jumelles. Petit à petit, je me suis préparé un sac à dos amélioré avec tout le nécessaire pour passer des heures sur un toit à observer. En fouinant un peu, j’ai vite repéré les toits qui étaient faciles d’accès et qui offraient une bonne vue. Il fallait aussi que je puisse me dissimuler un minimum. C’était plus facile étant donné que j’y allais principalement la nuit, mais la nuit, contrairement aux campagnes - j’ai été surpris par ça -, il y a encore plus d’activité.
Une télé réalité avant la télé réalité. En ville, on habite la journée au boulot à la nuit à la maison. C’est d’une logique bête et absolue mais quand tu n’as pas grandi dans ce paradigme, tu ne peux pas savoir.
La nuit, tous les chats sont gris dit le dicton. Je peux t’assurer que les humains, eux, sont de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Affolant tout ce qu’on peut voir comme ça, quand les gens ne se savent pas observés ! Tu adorerais ça toi. Quoi ? Qu’est-ce qui te choque ? C’est quoi ton métier, à part écouter et fouiller au plus profond de l’intimité des gens ? Pour ma part, je me contente de les observer. Ce qu’on ne sait pas ne peut pas nous faire de mal, non ? Bien voilà, ils ne savent pas, je ne leur fais aucun mal. Toi tu les juges, c’est ton boulot. C’est quoi ton boulot au juste ? Tu as pu éclaircir ça, toi ? C’est d’écouter, de juger, de pardonner, le rassurer…? C’est probablement un processus qui englobe tout ça, les uns après les autres. Nous autres, pauvres pécheurs ; priez pour nous.
Bon, je reprends un peu le fil du truc, sinon demain on est encore là et t’as pas que ça à foutre. C’est dingue comme le temps passe vite quand on s’amuse !
Annotations
Versions