050 - acceptation
Vendredi 19 Juin 2116. Aujourd’hui quand je monte les escaliers de la Mairie pour aller au bureau, je le fais très lentement, en pleine conscience de mes gestes. Je suis là, ici et maintenant et je ne fais plus la fière. Quand j’arrive à mon bureau, le silence règne à l’intérieur au lieu du brouhaha de Sabine qui s’affaire. Pourtant elle est là, assise droite, silencieuse et calme. Elle enlève ses lunettes de réalité augmentée et les pose devant elle avant de me regarder droit dans les yeux. Les siens sont bleu clair. Je n’avais jamais remarqué avant. Ou alors c’est l’Invisible en elle qui s’extériorise. Elle se lève et vient se placer devant moi et demande :
- So ?
- Je veux le faire seule. Je ne veux pas imposer ça à ta mère.
- Je sais que je suis censée rester dans le virtuel de ce bureau mais je ne te laisserai pas gérer ça toute seule. C’est pas que je le veuille ou non, c’est juste mon devoir, de te seconder. J’ai pris rendez-vous. Hors week-end, bien-sûr. Et je veux que ce soir tu partes l’esprit libre, sans te poser de questions. Repose-toi, sur moi. Je gère. I’m your support system.
Bri n’est pas joignable aujourd’hui. Elle est débordée. Big doit être dans l’espace dans une semaine. Mais ce soir tout s’arrête pour 4 jours. J’ai encore le temps d’aller voir mon arrière grand-mère. Elle m’ouvre la porte de sa maison, Willem n’est pas là.
- Aline, c’est toi que je viens voir. Je ne peux plus assurer, pour le bébé clone de Terek. Mais toi tu le peux. On peut te le transférer, le mettre à côté de ton Émeline. Après tout, il est à toi, il est pour toi. Tu peux déjà l’avoir en toi. Qu’en penses-tu ?
Elle intègre, elle analyse, elle réfléchit pour savoir si elle a tout bien compris. Elle est belle, elle est épanouie, elle a de belles couleurs et elle a l’air en pleine forme, pleine de force et de vie. Elle me tend ses bras, je les accepte, elle me serre contre elle et j’entends son accord en moi même si elle n’a en fait rien dit. On est connectées en fait, par Willem. Elle colle ensuite son front contre le mien.
- Ma très petite fille.
- Mémé. On dit arrière petite fille, mais « très » c’est pas mal, ça me va, bien. Je suis « ta très ».
- Noëlle la una, Solène la dos, Maëlle la tres.
Elle joue avec les mots et avec les langues, comme l’enfant qu’elle est devenue. Willem est parfaitement heureux avec elle. Elle aussi. Il s’amusent bien et ils s’aiment, simplement, absolument et de toutes les façons.
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