Samedi 11 Juillet 2116. Je me retrouve sur la Base aérienne. On met nos monolithes dans un coffre métallique pour ne plus être localisées.

• Adèle, c’est un dark que tu as. D’où tu as un darkmono ?
• Je suis commandante de la Base. C’est un poste de réserviste, honorifique. Ça va avec le poste. Évidemment, il n’a plus beaucoup d’options activées. C’est juste au cas où la civilisation régresse au point de refaire la guerre.
• Tu sais piloter ces briquets volants ?
• J’ai été obligée. École militaire de l’Air. Un vrai cauchemar. J’ai dû jouer le jeu et collectionner toutes les qualifs pour entrer à l’école spatiale. Ça a été de la rigolade à côté. Trop facile. Trop cool. Mais j’ai toujours eu l’impression d’arriver trop tard, après la guerre. D’abord ici, un lieu qui n’a plus de sens avec nos navettes automatiques antigravitationnelles. Ensuite à l’Agence où les missions sont devenues obsolètes. Même à Westech ça sent la fin. Même Graham il est déjà pris. Même toi tu es engagée avec Bri. Même ma rencontre avec Greta a été un désastre. En fait, je ne suis à ma place nulle part. Je ne l’ai jamais été et je ne le serai jamais.

Elle me fait visiter les hangars, m’explique les différents modèles, me montre les pistes depuis la tour de contrôle et tous les structures d’entraînement autour. On finit dans un immense bâtiment et je me retrouve devant une énorme piscine.

• Pourquoi ?
• On mettais un avion au fond. Il fallait en sortir pour remonter à la surface. Apprendre à survivre à un crash dans l’océan. Voler dans un aéronef, c’est faire face à des tas de problèmes potentiels. Et si il y a un risque que ça arrive, croie-moi, çà arrivera forcément un jour. Alors survivre au vol, c’est inscrit à toutes les pages de la notice. Revenir de mission sans problème c’est comme gagner une compétition.

Je lui prend la main et on saute, on se laisse tomber au fond. Elle est froide. On est dans le grand gris. C’est déprimant. Je vois son regard flou et résigné. Elle relâche l’air de ses poumons. Je repousse l’eau autour de nous, jusqu’en haut. Elle perd l’équilibre et tombe, je la retiens. Elle tousse, regarde le mur d’eau tout autour de nous et lève la tête vers le tunnel de vie au dessus. Je lui prend les mains et on s’élève dans une danse vers la surface qu’on dépasse pour aller se poser délicatement sur le bord. Les eaux se referment doucement.

• Maëlle ? Je suis morte au fond et tout ceci n’est qu’un rêve ?
• Adèle, tu es ressuscitée. Bienvenue dans ta nouvelle ère.