Dimanche 16 Août 2116. Je boycotte la Cathédrale. Ce matin je fonce à la Basilique de Sylvania pour assister à l’office. Ici je suis libre de prier à ma façon. À la fin, Adé vient me voir :

• Victoria a raison. Les hommes ne peuvent pas devenir des âmes hôtes. C’est réservé aux femmes. C’est ce qu’elle essayait de t’expliquer à la Cathédrale. Tu héberges une âme en toi mais ce n’est pas celle du fantôme de ton grand-père qui vient se venger. Il y a une « Marie » en toi. Mais on ne sait pas qui. On le saura peut-être jamais, même pas toi. Tout dépend d’Elle. On y peut rien. Après, il suffit que tu sois à l’écoute de ton toi-même intérieur et que tu te poses les bonnes question.
• Comme quoi ?
• Par exemple, depuis quand as-tu la Foi ? Je vais te donner une liste. C’est une annexe de la B4, réservée aux élues. Je n’ai pas le droit de l’avoir mais toi, si. Ça va avec Maëlle ? Pourquoi elle n’est pas venue ?
• Elle a pas pu se lever tellement je l’ai faite… elle n’est pas libre et elle n’a pas la Foi. C’est une Sorcière. Elle est plus dans l’Invisible donc, rien à voir, comme dans le plafond de la Chapelle Victoria. Tu y vois quelque chose, toi ?
• Je ne sais pas, je n’ai jamais regardé au-dessus.
• Ah bon ? Pourtant la statue de Greta fixe le plafond, t’as jamais eu l’idée ?
• La statue de Greta ? Sous n’importe quel angle j’ai l’impression qu’elle me fixe et je ne l’ai jamais vue regarder ailleurs, moi.

Ah… Bon, bref, on oublie. Je vais rentrer à la maison pour faire crier Maëlle tout l’après-midi. Il y a des priorités dans la vie, éternelle. Quand je me réveille il fait déjà nuit. Maëlle dort. Je vais sur le balcon, on domine la ville depuis ici, on la voit mieux briller dans la nuit, même si tout est calme. Une légère brise me rafraîchit. Je repense à tous leurs délires de fantôme et d’âme hôte. Je ne suis pas connectée à l’Invisible. Je n’ai pas de pouvoirs. À moi de décider de rentrer dans leur jeu ou non. Je suis pas là pour gagner. Je n’ai aucune ambition. La dernière fois quue je me suis sentie aussi bien c’était quand ? Pas au lycée avec Graham ni en famille après. Pas avec Simone non plus. Izzy. Je m’habille et je vais la voir. C’est pas si loin. J’y vais à pieds, pour réfléchir. Et puis je me mets à courir, je pense mieux en faisant du sport. J’arrive à sa maison, elle est là sous sa terrasse à boire quelque chose de chaud. J’arrive essoufflée à son niveau et elle me dit en riant :

• Justement, je pensais à toi.