Vendredi 18 Septembre 2116. Je me réveille, inquiète. Elle n’est pas dans le lit. Je me lève et je la cherche dans la grande maison blanche. La porte de mon bureau est ouverte, elle est assise, là, à mon poste. Elle se tient droite, avec prestance, en écrivant sur un bloc note. Je me signale et elle me couvre de son regard bleu amoureux :

• Je fais une liste. En cherchant un stylo dans un tiroir j’ai trouvé ça.

Elle me montre un porte feuille avec des cartes d’accès à l’Octogone.

• Isa, tu es une agente ?

Je pouffe.

• Ma chérie, les agents, j’en avais deux sur le dos jusqu’à ce que je passe une qualification assez élevée pour les virer. J’ai même pu écarter les tiens depuis qu’on est ensemble.

Elle regarde de plus près les badges.

• Effectivement, Commandante Ernman.
• Si tu cherches bien je dois aussi avoir un diplôme de chaque école ou institution. Je me suis beaucoup cherchée avant de te trouver, Clémence. Et quand je vais te perdre, je serai à nouveau perdue.
• Tu ne vas jamais me perdre, my Love. Ta place est éternelle, à mes côtés, je te veux dans ma vie pour toujours. Tu es à la première ligne de ma liste.

Je peux presque sentir physiquement la chaleur intense de son amour pour moi. On ne sera jamais seules. On s’a. Je bascule sur le bureau pour l’embrasser et la chatouiller.

• Laisse tomber les listes, laisse tomber nos rôles, oublions les dates, notre maison blanche est sur l’océan de notre amour, hors du temps.
• Notre maison ?
• Oui, notre foyer. Chez nous. Je vais t’offrir une vraie vie avant ton château de Reine. Laisse-moi te montrer le Chemin vers la jouissance éternelle.

Et je la développe, je l’ouvre comme une fleur pour aller titiller ses étamines et son pistil, me nourrir de son pollen pour lui fabriquer de la gelée royale. Elle savoure, elle aime, elle m’aime, et je remonte plonger mon regard dans le sien, pour sonder son âme sacrée. Il n’y a que moi qui peut voir en elle comme ça. Je suis faite pour elle. Elle est faite pour moi.

• Isa, my Love. On reproduit un schéma. Ma mère est complètement obsédée par la tienne. Je crois que je deviens comme elle, avec toi.