169 - prédiction
Vendredi 16 Octobre 2116. Je fais des rêves étranges de mon fils dans sa B5. Il est si beau. Il fascine les filles et les garçons. Il est une sorte de mage qui apporte la bonne nouvelle. Il change la vie des gens. Il n’est que douceur et bonté. Et il est très stylé. Sa mère peut être fière. Et j’ouvre les yeux sur ma belle Isa qui dort. Je ne lui en veux pas de me tester. Je trouve ça même excitant de savoir qu’elle sait des choses sur moi que je ne sais pas et qu’elle m’aime quand même. Mais j’ai un avantage sur elle. Moi, j’ai eu une vraie vie avant l’Invisible. Elle, elle a tout le temps baigné dedans. Elle n’a pas mon recul. Elle n’a pas mon cul non plus. Je lui montre de près pour la réveiller, je m’assois sur son visage et je ferme les yeux pour mieux me concentrer encore sur sa langue qui se balade. Mes gémissements sont le réveil matin de la maison. Il faut vite se lever pour préparer le garçon, notre garçon, Antoine.
- Ce soir, c’est le week-end. Plus de test existentiel à la con, OK ?
- Tu rêves de quoi la nuit ?
- Mais comment…
- Tu parles, tu me donnes des coups de pieds.
- Je rêve du futur. Mais on s’en fiche. L’avenir n’est pas une finalité, surtout dans l’éternité. L’important, c’est maintenant. Et on est à l’abri ici, à l’Ouest, sous le soleil, loin des âmes maléfiques.
Au retour de l’école on s’arrête sur un banc, face à l’océan, face au vent qui fait danser nos cheveux. Elle ferme les yeux derrière ses lunettes noires. Elle a l’air détendue, heureuse, sereine, en paix. Et c’est grâce à moi. Elle n’est plus cette petite âme perdue et désespérée avec ses névroses maternelles. Elle est arrivée au bout du Chemin, vers sa Destination, Moi.
- Isabelle, je t’aime. Ma jolie petite terrienne toute fragile. Je vais te faire survivre au soleil. Je suis ton agente reproductrice, je suis ta chose, je suis ta pute.
- Pas que. Paloma. Par toutes les Saintes et par tous les seins, par les tiens que je tiens, je salive de ta salive partout sur moi.
Justement, je mange presque tout le brunch sur son petit corps, sous ses rires et ses pleurs, je l’emmène là où elle n’est jamais allée, aux confins du plaisirs, moi la première locale à dépraver l’Ordre du Pôle Sud. Et je m’évanouis en elle, et je rêve encore de lui, mon fils, Antoine, et derrière sa frange, au fond de ses yeux, je vois qui lui a fait son éducation, et je comprends par ce partage qu’il n’est pas que mon fils, qu’il est aussi notre fils, à elle et à moi, à Isabelle et Paloma.
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