172 - fraternisation
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Lundi 19 Octobre 2116. J’ai vraiment l’impression de faire partie d’une grande famille maintenant. Celle de Greta. Et Victoria. Moi, Paloma. Elles ne sont pas étonnées de me voir dire que je ne suis personne. Énola fait pareil. Et on a le même background. Des locales, des parents agents de l’Octogone, une compagne terrienne. Je lui envoie une demande de rendez-vous sur mon dark et elle accepte tout de suite de me voir. Et nous voilà en train de rire de nos vies sur un banc en face de la Cathédrale de Laguna City. Le contact est tout de suite passé, de façon naturelle. Énola :
- Si ça se trouve, on est sœur. On a les mêmes yeux. On a la même âme.
Nos regards se perdent sur la grande bâtisse devant nous.
- C’est plutôt imposant toute cette spiritualité qu’ils nous ont amenée.
- Il nous fallait au moins çà. Sinon on serait plus là. Paloma, tu as de grands pouvoirs. L’Invisible a beaucoup d’effet sur les locales. Ça ne s’arrête pas à la magie avec laquelle je jouais au début. C’est bien au-delà. C’est pour ça que je me fais discrète. Jamais au devant de la Cène.
- Et avec ta terrienne, ça fait longtemps que ça dure. Quel est ton secret ?
- Elle est restée terrienne, elle a renoncé à sa transition même si elle est un peu entre les deux maintenant. Le secret, c’est qu’on est faites l’une pour l’autre, qu’on est là pour hybrider la génération suivante et supprimer les clans. De l’autre côté, c’est fini, il n’y aura pas de troisième vague, il faut que la surface de notre existence redevienne calme, que la prochaine race soit stable. Mais le plus important, pour l’instant, c’est le présent, comme toujours.
- Énola, qu’est ce que vous avez toutes avec cette propagande de secte ? C’est bien beau de se prélasser dans l’Invisible mais on est dans la réalité. Même Greta et Victoria n’ont plus ce genre de propos.
- Je n’y suis pour rien Paloma, c’est la voix du parti. Toi tu es tranquille, tu n’es qu’une sœur. Mais dans les grades au dessus, on se doit de dire n’importe quoi.
- En fait, on ferait mieux de se taire et de ne plus rien dire. Plus de dialogues. Que des actes. C’est possible, il suffit de demander à Brigitte qu’elle fasse une prière pour que tout le monde devienne sourd et muet.
- Mouais, aveugle aussi, parce que je les vois tous d’ici en train de sortir leurs ardoises pour écrire leurs conversations.
- Ouais, communiquer, d’une façon ou d’une autre, c’est manipuler.
- Ça ou bien…
Elle se penche vers moi et m’embrasse sur la bouche.
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