Fragment 1
Petra
Depuis quelque temps, elle crie toutes les nuits. Même quand elle serre les dents, je l'entends dans ma tête.
Qu'est-ce que je pourrais faire ?
Olivia me dit toujours de ne pas me mêler de ce qui ne me regarde pas. C'est facile à dire : ce n'est pas elle qui se tape en exclu les émotions des autres !
L'autre fois, j'ai demandé à Miss Alie ce qu'elle en pensait. Elle n'entend pas comme les gens souffrent, mais j'ai le souvenir lointain de mon ancienne maison. Je sais qu'elle m'a enlevée à ces scientifiques et je crois que, sans elle, j'aurais été leur chose. Je n'aurais été personne. Juste un système d'écoute et de contrôle avec un cœur qui bat. C'est parce qu'on m'a sauvée que, maintenant, je suis humaine. Alors, si je fais genre de ne pas entendre les cris, est-ce que je ne piétine pas son humanité à elle ?
Sur le coup, la réponse de Miss Alie m'a parue compliquée, mais en fait elle était simple.
“Fermer les yeux, n'est-ce pas déjà se rendre coupable ?”
L'ironie du truc c'est que, justement, quand moi je ferme les yeux, d'autres sens se réveillent.
Quand Miss Alie enferme son sourire dans sa petite grimace, moi je l'entends qui rit.
Quand Signora Nona tonne contre Olivia, je sens toute la tendresse qu'elle essaye de garder cachée.
Et quand Olivia crie, mes dents aussi se serrent.
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