4.1
Il est prés de quinze lorsque que nous entrons dans le hall qui précède la salle où se tient l’exposition. Une hôtesse nous accueille en nous tendant un petit livret et nous invite à le consulter avant d’entrer dans la salle.
Le livret présente l’exposition comme l’évolution du regard de l’artiste sur sa vie et son modèle. F.C. explique à travers ses toiles comment, du premier portrait, en passant par le premier nu, leur relation a évolué vers un complet bouleversement de sa vie comme de celle de sa muse.
Une photo de cette dernière tient une page complète du livret. La blonde du portrait présent sur le flyer y apparait souriante. Ses yeux bleus lance un regard intense à l’objectif. Je comprends ce qui a pu attirer l’artiste. Elle est belle, très féminine, et elle a quelque chose dans le regard qui ne laisse pas indifférent et donne envie de faire sa connaissance.
Alors que je suis plongé dans les yeux du modèle, j’entends à côté de moi un profond soupir. En tournant la tête, je découvre Sophie, elle aussi plongée dans la contemplation de la photo.
- Ca va Sophie ?
Elle reste encore quelques seconde les yeux sur son ex compagne et après un nouveau soupir tourne la tête vers moi. Ses yeux laissent paraitre un fond de tristesse.
- Pardon. Oui, ça va. Juste un peu de nostalgie.
- Tu veux que l’on parte ?
- Non. Et puis j’ai envie de voir cette évolution du regard de l’artiste.
Elle pose de nouveau les yeux sur la photo et la caresse du bout des doigts.
- Elle est belle n’est-ce pas ?
Sans répondre, je la prends par la main et l’entraine vers la salle d’exposition.
Celle-ci est étonnamment conçue. Comme un long couloir. Aucun éclairage au plafond, unique des spots dirigés sur les œuvres. Ce qui donnait l’impression de passer de l’ombre à la lumière.
Lumière qui devenait sensiblement plus forte au fur et à mesure de l’avancé dans le couloir.
Les premières œuvres, une dizaines pages d’esquisses de visages, de mains, de corps vêtus, montrent les premiers pas de l’artiste avec son modèle.
- Ca doit être leur deuxième rencontre.
Je la regarde, étonné.
- Ah bon ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
- Je pourrais te parler du trait hésitant. Te dire que tu verras le dessin évoluer, s’affiner au fils du temps. Mais non, ce n’est même pas ça.
Elle regarde les esquisses fixement, comme hypnotisée.
- En fait, je sais tout de leur relation, dans les moindres détails.
- Comment ça ?
- Elle ne m’a rien épargné.
- Tu veux en parler ?
Elle se tourne vers moi, et, malgré les larmes qui perlent aux coins de ses yeux, son sourire est lumineux.
- Bien sûr que je vais t’en parler. Je suis sûr que tu verras les œuvres avec un autre œil si tu as en plus l’histoire du modèle.
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