Chapitre 10: Le réveil (partie 2)
«La nuit a été longue hier soir. Je n’ai pas réussi à m’endormir avec tout ce vent !»
Moi et mes deux frères, étions tranquillement en train de déguster notre petit-déjeuner en silence, lorsque notre père était arrivé, en lançant un sujet de discussion.
«Moi non plus, et j’ai aussi entendu des bruits étranges, dis-je tout en enfournant une énorme tartine beurrée dans ma bouche, Dès que j’arrivais à m’assoupir, il y avait comme une voix qui appelait au loin. J’ai cru l’entendre dire: «Neuf». J’ai pas trop compris, mais ça a eu l’effet de me laisser éveillé pendant toute la nuit.
- Tu sais quoi, Alex ? s’exclama Thomas, c’est même pas effrayant. T’aurais pu trouver mieux comme histoire pour nous faire peur ! Je ne sais pas moi, si tu avais dit que la voix disait quelque chose du genre: «Du sang», ou bien «Tu seras le prochain, Alexandre»
- Arrête, c’est pas marrant, répondis-je.
- Moi aussi… chuchota Timéo.
- Toi aussi quoi ? questionna Thomas, Parle plus fort !
- Moi aussi j’ai entendu la voix…
- Eh ! Ho ! C’est bon là, arrêtez votre baratin ! Je sais que c’est complètement faux d’abord ! répondit-il quelque peu effrayé, Les fantômes, ça n’existe pas !
- Thomas a raison les enfants, affirma notre père, les fantômes n’existent pas. Par contre, les naufragés, ça existe. Cette nuit, comme j’étais curieux de voir comment il allait et s’il s’était réveillé, j’ai changé ses pansements et la compresse, j’ai ajouté de la lavande pour chasser les mauvaises odeurs, et j’ai constaté que notre homme était en fait somniloque !
- Ça veut dire quoi «somniloque» ? l’interrompai-je.
- Cela veut tout simplement dire qu’il parle pendant son sommeil. C’est sûrement lui que vous avez entendu cette nuit. Mais au fait, quand je l’ai soigné, j’ai remarqué qu’il avait une sorte de tatouage dans le dos qui semblait représenter un «Neuf»…
- Un «œuf» !?! s’exclama Timéo, comme ceux qu’on mange ?
- Mais non, un «Neuf» comme le chiffre, imbécile ! répliqua Thomas.
- Thomas, ne traite pas ton frère d’imbécile» le réprimanda notre père.
Sur ces mots, notre mère apparut, tournant au coin de la salle à manger.
Elle vint s’asseoir à côté de Timéo, et une fois bien installée, elle s’exclama:
«Eh bien dis donc ! Je vois que la discussion est animée par ici ! De quoi est-ce que vous parlez ?
- Le naufragé s’est réveillé ! annonça notre père.
- Quoi !?! nous exclamions-nous tous en chœur.
- Je ne vous l’avais pas dit ? Ah oui, c’est vrai !
A ce moment précis, le son caractéristique de la corne de brume retentit à travers tout le village. Il y allait y avoir une annonce ! Notre père se dépêcha d’avaler le reste de son café, avant de se précipiter sur le palier et d’ouvrir la porte pour mieux entendre. La corne résonna encore une deuxième fois, un peu moins longtemps, puis, une voix s’éleva sur la place St-Martin, amplifiée par un haut-parleur:
«Annonce importante, annonce importante ! Tous les membres du conseil sont priés de bien vouloir se rendre immédiatement à la grand-salle de réunion. Je répète, tous les membres du conseil sont priés de bien vouloir se rendre immédiatement à la grand-salle de réunion.
Que ceux qui sont concernés s’y rendent sans délai. Les membres de la garde de nuit sont aussi demandés et doivent partir dès maintenant en direction de la grand-salle.
Voilà. Bonne journée à tous et que la fortune vous sourie !»
Se tournant vers nous, notre père dit alors:
«Bon, et bien je vais devoir y aller ! A tout à l’heure les enfants ! Aurélie, je compte sur toi pour veiller sur le naufragé !»
L'homme s’en alla d’une démarche tranquille.
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