Chapitre 19: L'histoire se répète... (Le réveil)

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Il faisait chaud, une chaleur réconfortante.

Les paupières toujours fermées, l’obscurité seulement s’offrant à lui, il retrouvait peu à peu sa sérénité. Hier, ou peut-être était-ce il y a une semaine, un mois, des années et des années, la folie s’était emparé de lui, avait retourné son âme dans tous les sens, et avait réveillé en lui une seconde nature, plus agressive, plus désinvolte. Les voix avaient pris le contrôle, trop facilement, trop longtemps…

Et il n’avait pas su s’en défaire, non, la sensation avait d’abord été trop agréable, trop enivrante. Il avait eu l’impression de devenir ce qu’il avait toujours voulu être, au-dessus de tout, ne sachant presque que faire d'un trop-plein de pouvoir. Et il l’avait utilisé ce pouvoir, il l’avait utilisé... Maintenant il s’en rendait compte, il n’en avait pas fait bon usage. Mais qu’aurait fait quelqu’un d’autre à sa place ? Investi de tant de suprématie, l’orgueil n’avait pu que s’emparer de lui. Il avait fait tant de choses dont il ne se souvenait même pas. Il se sentait désormais comme sorti d’un mauvais rêve. Tous ses membres étaient terriblement engourdis, et sa langue était sèche comme un morceau de bois. Ses lèvres lui faisaient atrocement mal, et semblaient gercées de toutes parts, tandis que ses oreilles, endolories, souffraient de terribles engelures.

Alors, lentement, il essaya d’ouvrir une première paupière, et une fois complètement habitué au clair-obscur, il ouvrit un deuxième œil, à moitié aveugle.

Il se redressa, et observa frénétiquement l’environnement qui l’entourait. Face à lui, une cheminée chatoyante diffusait une douce chaleur dans la pièce. L’habitation, austère, était meublée très simplement, à l’exception d’un buffet orné de feuille d’or dans le coin droit. Intrigué, notre homme se leva et quitta la chose sur laquelle on l’avait allongé, puis s’approcha de ce même buffet afin de l’observer de plus près.

Chaque vantail, chaque petite porte était magnifiquement décorée, par des sculptures extravagantes et mystérieuses. Un des portillons semblait représenter un loup au pelage argenté dévorant le cadavre de l’un de ses semblables. Une autre sculpture, elle, dépeignait une silhouette de dos, attendant sous la pluie, une ombrelle posée sur son épaule. Une dernière encore, montrait un homme encapuchonné marchant sur l’eau au milieu d’un océan d’épaves de maisons. Et plus il regardait, plus la sensation de déjà-vu emplissait notre homme. Chaque ornementation, chaque dessin, lui rappelait étrangement son passé. Il lui semblait avoir observé chacun de ces phénomènes, et pourtant, il n’en avait aucun souvenir. Il avait tout oublié…

Il s’approcha un peu plus, et le chuchotement reprit. Oui, le chuchotement reprit. Celui des voix, susurrantes et doucereuses, qui ne voulaient jamais se taire. Et pour une fois, il était d’accord avec ces dernières. Il devait ouvrir ce buffet, peu importe quel vantail il choisirait, il devait absolument le faire pour en savoir plus sur son passé. Il tendit la main. Et plus il l’approchait du meuble, moins il se sentait bien. Un sentiment de malaise commençait à l’envahir, comme si une force maléfique voulait l’obliger à ouvrir l’une de ces portes. Il était partagé, et ne savait plus quoi penser, tandis que son bras s’approchait inexorablement du portillon du loup. Ses doigts saisirent la poignée et…

«Ne faites pas ça !»

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