Chapitre 50: Une multitude de chemins

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Du haut de son bon mètre 90 et de son chapeau haut-de-forme imposant, l’Homme toisait du regard, l’un après l’autre, chaque individu qui se tenait devant lui. Ils lui étaient fidèles, cela ne faisait aucun doute. Ils ne le trahiraient pas pour tout l’or du monde, ce qui était tout à fait compréhensible : au diable toutes les possessions humaines, la célébrité, la richesse, l’orgueil ! Ce ne sont que futilités dont il est bien peu utile de s’encombrer !

Eux, étaient intéressés par un accomplissement d’une ampleur bien plus importante, qui nécessitait la disparition de cette vision biaisé de cette société au bord de la mort basée sur des principes dépassés.

Cela n’empêchait pas pour autant que l’Homme était terriblement déçu. Il était inconcevable qu’après une planification si élaborée, sa mission ne soit toujours pas achevée. Comme il avait pris en compte d’éventuelles désobéissances puis rejeté celles-ci lorsqu’il avait compris la loyauté sans limites de ses serviteurs, il n’avait pas pris en compte la chose la plus humaine qui soit. Comment, même une seule seconde, penser que neuf soldats immortels et aux pouvoirs incommensurables pouvaient faire une simple faux pas ?

Son regard était sombre.

Il n’appréciait pas, mais alors pas du tout, que l’on ose lui présenter un travail bâclé. La marge d’erreur, qui lui avait semblé si infime, se heurtait désormais violemment avec sa ligne originale de calculs méthodiques qu’il s’était efforcé de rendre les plus parfaits possibles. Ce n’était peut-être pas une trahison, mais c’était ainsi qu’il le ressentait.

  • Il semble que même avec les meilleures capacités de réflexion et la force de frappe la plus inarrêtable qui soit, on ne peut arriver à ses fins sans contretemps, s’exprima-t-il alors. Ce que j’attendais de vous ? Que vous fassiez ce pour quoi vous avez toujours existé. Je ne me doutais pas qu’il s’agirait d’une tâche difficile pour nombre d’entre vous. Je ne suis pas excédé, vous n’avez pas fait d’erreur. L’erreur vient de moi, qui vous ai confié un travail que vous ne pouviez apparemment pas remplir convenablement. Quoi qu’il en soit, et que la chose soit claire : il n’est en aucun cas possible que la chose se reproduise. Trompez-vous encore une fois et nous ne pourrons plus jamais atteindre ce que nous recherchons depuis si longtemps. Rendez-vous compte du temps que vous nous faites perdre. Le fruit de tant d’années à vous réunir serait ainsi réduit à néant. Une seul petit écart de plus et c’est dans le ravin que nous tomberons cette fois. Tenez-vous vraiment à perdre en un seul claquement de doigts ce que nous avons établi jusqu’à présent ? Cela vous semble-t-il plaisant ?

Il se rapprocha d’un de ses neuf acolytes et ancra un regard empli d’amertume au plus profond du sien.

  • Sais-tu quelle est la chose la plus ignoble ? reprit-il. Se sentir impuissant et inutile face à des obstacles infranchissables ? Connaître sa petitesse et ne rien pouvoir accomplir ? Non. Détruire notre propre existence à cause de notre incapacité ? Tu n'y es toujours pas. Ce qui défie la morale, ce qui brûle l'âme à sa source, qui corrompt la chair, détruit l'esprit, immole la vie...

C’est l’ignorance.

Ton ignorance pourrait nous coûter cher Marie.

Crois-tu que c’est parce que tu es arrivée à un stade d’évolution hors d’atteinte de qui que ce soit que tu dois laisser baigner ton esprit dans un océan d’orgueil ? Si cela te tient vraiment à coeur de te noyer, soit. Mais aie la gentillesse de ne pas nous emporter dans la mort de ton intelligence. Tu sauras à l’avenir qu’une fois que nous n’avons plus aucune faiblesse à compenser, il est de notre devoir de cultiver notre connaissance. Vois-tu, même les plus insignifiantes existences peuvent mettre fin au règne d’un monarque tout puissant mais trop paresseux pour maintenir l’ordre. Quand tu es au-dessus tu dois t’assurer de ne jamais être ne serait-ce qu’égalé. Et selon toi, qu’est-ce qui est en capacité de possiblement changer un rapport de force plus qu’avantageux au départ ? C’est bien l’ignorance.

Je ne veux plus jamais avoir à dire aucun de ces mots. Et je ne veux plus jamais que vous ne les entendiez. Je ne veux plus jamais avoir à me soucier de votre responsabilité. Il existe bien une multitude de chemins qui mènent à une même destination. Mais celui de l’ignorance ne mène nulle part.

Ne vous y égarez jamais…

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