Chapitre 65: L'homme armé
La porte s’ouvrit avec fracas.
Amir apparut, le visage inquiet. Ce n’était pas souvent qu’Alexandre voyait son père arborer telle expression. Quelque chose de grave avait dû se produire. Dans le salon, ses deux frères étaient en train de réviser. Lui, à la cuisine, aidait sa mère. Amir jeta un regard circulaire sur sa famille. Rassuré de voir qu’ils étaient au grand complet, il se mit à parler:
”Je n’aime pas dire ça… commença-t-il, mais nous sommes en danger. Les chefs de village vont sonner l’alarme d’une minute à l’autre.
- Mais qu’est-ce qu’il se passe enfin ? Tu es tout pâle ! s’exclama Aurélie.
- C’est long à expliquer donc je vais résumer: un homme armé a fait irruption dans la salle du conseil et a menacé de mort un garde de l’île. Il a ensuite profité de la panique générale pour disparaître. Bref. Il peut être n’importe où à l’heure qu’il est et il est sans aucun doute dangereux. Je veux que personne ne sorte de cette maison jusqu’à nouvel ordre !
- Mais qui est cet homme ? Qu’est-ce qu’il faisait là ?
- Je n’en sais rien. Ce qui importe pour l’instant, c’est notre sécurité à tous.
- Mais… mais… commença Timéo, la madame…
- Qu’est-ce qu’il y a, Timéo ? lui demanda Thomas.
- Mais oui ! Maria est partie ce matin ! se rendit compte Aurélie.
- C’est pas vrai ! Où est-elle allée ? s’enquit aussitôt Amir.
- Je crois qu’elle est du côté du port. Elle s’inquiétait pour Fabien qui n’était toujours pas arrivé.
- Au port ?!? De là-bas, elle risque de ne pas entendre l’alerte ! Tu es sûr de ce que tu dis ?
- Eh bien… oui. Mais elle a aussi dit qu’il se pourrait qu’elle aille voir du côté des quais de gare.
- Merde… C’est vraiment pas la porte à côté. Il faut que j’aille l’avertir. Ce n’est pas le moment de traîner dehors !
- Amir. Tu ne comptes quand même pas y aller comme ça ? Tu l’as dit toi-même, c’est dangereux !
- Je n’ai pas le choix ! Je m’en voudrais énormément de ne pas avoir bougé le petit doigt pour aider quelqu’un alors qu’un fou furieux rôde. Et puis j’ai le mérite d’être averti. Je saurai me faire prudent et discret. Je ne prendrai aucun risque inconsidéré.
- Tu as intérêt à la ramener ici dans ce cas ! fit Aurélie d’une moue faussement colérique pour essayer de détendre l’atmosphère.
- Ma chérie…
Il faut que vous restiez ici.
Il déposa un baiser réconfortant sur le front de sa femme et prit ses enfants dans ses bras.
”Je reviens aussi vite que je peux.” dit-il avant de repartir au pas de course.
Cette fois encore, Alexandre regardait le dos d’Amir s’effacer lentement au lointain. Il aurait voulu le conjurer de ne pas partir. Il aurait aimé mais… Il savait pertinemment que ses suppliques n’y auraient changé en rien. Il ne pouvait qu’imaginer le pire maintenant. Son père, seul sur le vieux sentier du port, pris au piège entre deux menaces. D’un côté, l’homme armé. De l’autre, Maria.
Annotations