Chapitre 1 réécrit : présentation de Lise
14 septembre
Je regarde l'heure, je risque d'être retard si je ne me dépêche pas. Alors je me dépêche de rejoindre l'amphithéâtre 4 après cinq minutes de recherche. Il y a déjà pas mal de monde quand je rentre. Je ne me doutais pas qu'il y aurait autant de loups-garous inscrits cette année. Nous sommes environ une centaine dans la salle.
Je reste en retrait, car je n'ai pas envie de me mêler à eux. Surtout sans savoir de quelle meute ils viennent. Certaines rivalités ont la vie dure. De plus, je ne suis pas quelqu'un de très sociable.
En écoutant les conversations, je réalise que presque toutes les meutes de la région sont représentées ici, l'ambiance reste assez joyeuse.
Je suis la seule de ma meute à avoir décidé de faire des études de sciences, les deux autres ont préféré des études de commerce et de droit, ils sont donc dans une autre université.
Au bout de cinq minutes, plusieurs personnes arrivent,dont le doyen qui se présente. Je lui donnerais une soixantaine d'années, à cause des rares cheveux blancs encore sur son crâne. Son visage m'a l'air assez sévère.
Il commence son petit discours :
- Chers jeunes gens, comme vous le savez tous, vous n'êtes pas des étudiants ordinaires...
Je soupire, car pour lui "ordinaire" veut donc dire "humain"... ça commence bien.
- ... De ce fait, nous avons mis en place un système adapté à vos besoins... disons... plus spécifiques...
"Besoins spécifiques" ? À bon, lesquels s'il vous plait ?
- ... Nous vous avons donc désigné un référent pour vous aider à supporter le monde difficile de l'université. Il sera là pour gérer tous vos problèmes d'adaptations, ainsi que ceux que vous pourriez rencontrer entre vous...
Il continue son petit discours "si joyeux" quelques minutes, puis nous présente enfin notre référent: Alex, un loup-garou actuellement en doctorat
Je n'ai rien contre lui, mais on sent qu'il n'est pas dominant, il aura du mal à gérer les conflits. Ils auraient dû faire un meilleur choix.
Cependant, c'est le discours du doyen qui m'énerve !
Nous ne sommes pas des créatures diaboliques qui sèment le chaos, en détruisant tout sur leur passage. Nous nous transformons juste en loup, ce qui nous rend aussi plus proches de nos instincts que les humains. Mais ça ne fait pas de nous des monstres !
Et pour vous rassurer, cher monsieur le doyen, sachez que je ne compte pas me battre, sauf si l'on me cherche vraiment. Je ne suis pas une personne violente, même sous forme de loup. Je suis quelqu'un de réfléchi et de diplomate, mais ce n'est pas pour autant que je suis faible !
Ça non! Je dirais même plutôt le contraire ! Cependant, je trouve ce manque de confiance et ses insinuations blessantes. Qu'est-ce que ce type sait sur les loups-garous ? De toute évidence pas grand-chose.
Une fois que le doyen a fini, une autre personne prend le micro, notre futur professeur de math. Il nous explique le déroulement du reste de la matinée. Ensuite, les assistants nous appellent pour composer de plus petits groupes afin de nous faire visiter l'université. Lorsque j'entends qu'on m'appelle : « Lise Martin », je rejoins mon groupe.
Notre assistant est un humain, qui dès qu'on sort s'excuse du comportement du doyen. Il nous explique que ce n'est qu'un vieil emmerdeur rempli de préjugés. Il est sympa ce type...
Le tour de l'université nous prend deux bonnes heures, puis nous sommes libres de partir. Alors, je file.
J'habite dans la ville voisine, et pour rentrer, j'ai le choix entre prendre le bus ou rentrer à pied. Je préfère toujours passer par la forêt, car c'est plus rapide pour moi.
J'aime courir, que ce soit sous forme humaine ou de louve, même si j'avoue que j'ai une préférence pour ma forme de louve. C'est l'une des sensations les plus agréables que je connaisse: sentir la terre sous mes pattes et le vent dans ma fourrure, l'odeur des bois et ma propre vitesse qui me grise.
Malheureusement, une partie que je dois traverser est sur le territoire d'une autre meute. Je peux soit la contourner et passer juste à côté de la ville ou traverser leur morceau de forêt.
Après un quart d'heure de course, j'arrive enfin à la maison. Composée d'environs quatre-vingt membres, ma meute est de taille moyenne. Cependant, seulement la moitié vit, ici, dans le petit village que nos ancêtres ont bâti au milieu des bois, et que nous l'appelons : La Tanière.
Depuis la mort de mon père, je vis seule dans notre grande maison, elle me parait souvent bien vide, mais je ne peux pas me résoudre à la quitter. Je n'ai jamais connu ma mère. Elle est partie peu de temps après ma naissance, et n'a plus jamais donné de signe de vie. Personne ne sait ce qu'elle est devenue, et cela ne m'intéresse pas de toute façon.
Je n'ai plus de famille proche, car, mon père était fils unique et je n'ai aucun contact du côté de ma mère. Même si on peut dire que la meute est, en quelque sorte, ma famille, alors je ne suis pas totalement seule.
Je suis bien contente que nous vivions en forêt et non pas en ville comme certaines meutes. Il y a beaucoup moins de nuisances.
Sans oublier que les petits aiment se transformer à peu près n'importe quand. On a d'ailleurs une école maternelle et primaire pour les enfants de la meute, même si certains parents préfèrent les mettre dans des établissements mixtes. Ceux qui choisissent notre école, le font, car c'est plus rassurant pour eux de savoir leurs petits en sécurité dans un endroit où l'on sait gérer les incidents, contrairement aux humains.
Si je pouvais montrer notre village au doyen, peut-être comprendrait-il que nous sommes des gens civilisés, qui vivent comme lui. Et même si notre village est dans la forêt, oui nous avons l'eau, le gaz et l'électricité, donc nous ne manquons de rien et surtout on ne vient pas trop nous ennuyer avec les préjugés habituels!
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