Prologue P.2
La porte principale de la MAHS se referma avec un gros claquement, la personne qui venait de sortir se fit fusiller du regard par les membres qui arpentaient le pont qui se trouvait entre la cour du château et la montagne de l’organisation. Il respira l’air chargé d’électricité d’un air volontairement exagéré, il ne faisait pas très beau, ce qui était normal sachant que l’automne venait de commencer.
« Quelle belle journée ! » S’exclama le chat gris tacheté en regardant les autres membres de la MAHS qui marchaient dans sa direction et en pointant le ciel noir.
« Tu es une honte pour cette organisation, Padm. » Lâcha froidement une chatte en passant à coté de lui en signe de bonjour et sans contexte, ce qui consterna un peu le dénommé Padm qui se faisait insulter juste pour avoir osé parler. « Je ne sais même pas comment tu as réussi à passer toutes ces années en étant apprenti ici sans jamais qu’on ne remarque ton comportement irrespectueux. En fait, je ne me rappelle même pas t’avoir vu avant, qui t’a donc donné toutes ces pensées invraisemblable ? Est ce que c’est le monstre qu’ils ont accepté comme apprenti qui t’as fait perdre la raison ? » Elle semblait sérieuse et fortement hautaine quand elle lui déblatéra son opinion sur lui.
« Ohlala, ma pauvre mais ce temps te donne une mine affreuse ! Regarde ce que ça te fait dire, oh, pauvre de toi ma chérie tu blasphèmes à cause de moi ! Vraiment, il faut qu’Azus me punisse en m’envoyant ses plus beaux démons pour me conduire en enfer. » Fit Padm en feintant le malaise. Le groupe l’ignora et continua son chemin pour retourner à la MAHS. Pendant ce temps, lui, il se fichait bien de ce que les autres pouvaient lui dire. Il s’amusait beaucoup à les énerver et à contredire tout ce qu’on lui disait. C’était assez facile en même temps, certains étaient moralisateurs et se pensaient supérieurs aux autres, alors il fallait bien les remettre à leur place. Surtout quand ils commençaient à traiter tous ceux qui étaient différents, de pêcheur ou d’erreur de la nature.
Padm longea le pont, la cour du château était séparée en deux parties, celle qui était réservée aux chasseurs et celle qui était réservée aux plantations de la MAHS. C’était plus simple d’avoir une espèce de serre pour regrouper toutes les plantes dont ils avaient besoin. Cela leur évitait d’aller tout le temps dans la forêt pour perdre leur temps à chercher des bouts d’herbes pendant des heures, pour au final ne revenir avec presque rien.
Il repéra facilement un très grand félin de couleur dorée qui semblait ramasser certaines fleurs de leur plantation. Il savait qu’il allait le trouver par ici, surtout en entendant la chatte d’un peu plus tôt comparer un apprenti à un monstre. Il se dirigea vers les serres et le vit avec une chatte beaucoup plus petite assise sur le rempart de la cour, au fond, tout le monde était bien plus petit que lui.
« Hey, Benga, Esias ! » Leur héla-t-il en secouant ses bras dans tout les sens pour attirer leur attention. Le grand chat se releva et plissa les yeux pour voir de qui il s’agissait, puis il sourit et lui fit un petit signe de la main tandis que la chatte rousse ne leva même pas la tête. Padm s’élança vers eux sous les regards suspicieux de quelques chasseurs qui passaient par la cour du château.
« Alors Padm, est ce que la direction t’as encore engueulée ? On en entend des choses dans les couloirs, tu sais. » Fit la jeune chatte en croisant les bras, ses yeux brumeux fixaient toujours un point vague dans l’espace.
« Je suis innocent, peu importe ce que tu me reproches, Esias. Toujours de bonne humeur à ce que je vois. Dur dur, votre nouvelle vie en temps qu’apprenti hein ? » Répliqua le chat gris tacheté en montrant ce que faisait Benga, le grand chat doré.
« J’aurais pensé que les tâches ménagères seraient enfin finies, pourtant regarde moi, les pattes dans la terre ! » Se plaignit-t-il en secouant les herbes qu’il tenait. « Enfin, c’est toujours mieux que de servir de porte bouquin dans la bibliothèque, tu me diras. »
« Moi je vis pleinement ma vie de membre de la MAHS, pas besoin de faire des devoirs quand on est adulte. » Se vanta Padm, ce qui fit grimacer Esias.
« On se demande bien comment tu as fait pour rester ici aussi longtemps, monsieur l’adulte tout le temps en retenu avec les enfants bruyants qui ne font pas leur rédaction. » Répliqua la jeune chatte qui tourna enfin sa tête vers lui.
« Vous savez qu’il y a des rumeurs comme quoi c’est à cause de vous que je suis comme ça, vous m’avez maudit et maintenant je suis le diable ! » S’exclama-t-il dramatiquement.
« C’est pas nouveau ce genre de choses. » Soupira Benga en se redressant de toute sa hauteur, il était bien plus grand que Padm lui même. De plus près, il ne ressemblait pas vraiment à un chat mais plutôt à un gros félin. « Tout le monde me regarde bizarrement depuis que je suis ici, pourtant j’essaye vraiment de m’intégrer. »
« Et moi, tout le monde me traite comme une gamine. » Renchérit Esias en sortant un bout de bois de la poche de son uniforme. « J’ai même eu le droit à une canne pour aveugle. »
« Ça ressemble juste à une brindille qu’on a ramassé par terre, tu t’es fait rouler. » Lui fit remarquer Padm. Esias pointa sa canne vers lui dans un mouvement brusque, ce qui fit dérouler un plus grand bâton, il recula un peu pour éviter d’être touché par cette agression. « Ok ok, c’est plutôt classe, mais si tu me tapes avec, tu vas le regretter ! » Esias replia sa canne avec un haussement d’épaule indifférent puis la rangea.
« Arrêtez de vous disputer, et toi Padm, arrête de te disputer avec tout le monde. En tout cas, minimise tes actions et fais toi discret. Ça serait bête qu’on se fasse tous renvoyer parce que tu trouves ça drôle de te moquer des autres. » Lui dit Benga en sortant des plantations.
« Je commençais à peine à m’amuser. » Répondit Padm comme s’il s’avouait vaincu. Le serval doré ramassa les ballots de plantes qu’il avait dû cueillir pour remplir les réserves d’herbes médicales de la MAHS. Benga récita le nom de chaque plant qu’il avait en main, il semblait porter à cœur son entraînement ici. En même temps, cela avait été dur pour eux d’être accepté en tant qu’apprenti.
Ensemble, ils retournèrent vers la grande porte principale. Le vent faisait hérisser leur pelage bien que leur uniforme les protégeaient un peu du froid. Le ciel s’était subitement assombri pendant qu’ils parlaient, apparemment il allait pleuvoir. Padm laissa les deux autres le distancer, il se tourna vers les cieux. C’était un sentiment étrange, une infinité noire qui engloutissait le monde. Le vent lui sifflait dans les oreilles, comme si il voulait lui dire quelque chose. Il aimait bien la nature, il avait toujours trouvé le monde fascinant. Mais la, ce n’était pas paisible. Cette ambiance orageuse lui rappelait de trop mauvais souvenir, et le vent faisait résonner un appel lugubre vers l’au delà, comme les murmures de minuit qu’il entendait chaque soir et qui le rongeaient.
Il prit une grande inspiration. Il entendit Benga lui demander ce qu’il avait mais il ne bougea pas et fixa l’horizon d’un air sombre, il savait ce qu’il se passait au loin.
« Une tempête approche. »
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