Je n’ai pas de rêve

je n’ai que ma voix

désespérée

absente

qui appelle mon corps

lui dit de s’activer

de se ressentir

de se mettre en mouvement

plongé dans la mélancolie

comment retenir le sang triste

qui coule dans ses veines

le forge, le forme

le fait tenir

je n’ai que ma voix

et toujours pas de rêve

élever mon esprit

pour toucher sa flamme

ce n’est pas pour moi

qu’est-ce qui est pour moi

moi

moi

moi

qui est moi

une voix sans rêve

un corps de sang triste

un esprit bas, fade, froid

graver des éclairs sur ma chair

pour combattre la rigueur de l’hiver

de mon hiver

j’ai perdu ma voix dans des rêves

que je n’avais pas

que je n’aurai pas

les rêves ont la particularité d’être colorés

j’ai des yeux en noir et blanc

j’ai le cœur en suspension

des pensées en profusion

mon sang triste empoissonné

mes mains offrant son poison

être le fruit de ma perdition

me pousser pour chuter

me réconforter dans la tristesse

ma tristesse, ma création

regarder mes plaies

les narguer

les perpétuer

gagner le droit de me déchirer

de me consumer

d’arracher l’idée d’avoir un rêve

d’avoir une voix

une échappatoire

une rédemption

accepter de grandir

sans voix, ni rêve

accepter d’être

d’être mon cauchemar.